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samedi 24 avril 2010

La burqa comme noir horizon

VIVRE ENSEMBLE

Intolérable, oui c'est le mot...le voile intégral l'est...tout comme les débats, les affaires et les faits divers à ce sujet le sont.
Le matraquage politico-médiatique imposé, depuis plusieurs mois, relève plus de la manipulation d'Etat que de la question du droit des femmes, de la laïcité ou que sais-je encore. Les pratiques du président et de son ministre de l'intérieur, et dans l'ombre de celui de l'immigration, sont au mieux indigestes, au pire, indignes. Décortiquons un peu.

LE PASSAGE A GUÉ SALVATEUR AU MILIEU D'UN FLEUVE TONITRUANT

L'Affaire (j'use volontairement de la majuscule car il y a bien quelques résonances, toutes proportions gardées avec celle du pauvre Alfred), l'Affaire disais-je commence au beau milieu du fumeux débat sur l'identité nationale à la fin 2009. Il s'agit en fait de livrer à la vindicte populaire un "abcès de fixation", ce sera le voile intégral (ou le niqab, la burqa..). Le débat sur l'identité nationale est ainsi "recadré" : d'identité nationale il n'est plus question, seul l'Islam dans (ou face ) à la République fait réellement "débat". Inutile de préciser que jamais il n'a été question de mettre l'accent sur le caractère anti-républicain des pratiques les plus extrémistes de l'Islam. Non. Il valait mieux parier sur l'amalgame Etrangers=Arabes=Musulmans=Intégristes=Voile intégral...c'est tellement plus simple et si parfaitement calibré pour l'électeur lepéniste que l'on espérait reconquérir avant les régionales.

FÂCHEUSES SIMILITUDES

Les antidreyfusards d'hier ne faisaient pas autre chose en amalgamant Juif=Etranger=Traître=Coupable. Ce discours était en son temps parfaitement calibré pour l'électeur catholique fervent, royaliste modéré et néanmoins nationaliste.
Une commission parlementaire présidée par un député communiste est alors nommée. Ses auditions se poursuivent quelques semaines. Mais alors que les conclusions ne sont pas rendues les membres socialistes de la commission se désolidarisent de leurs collègues. D'unanimité sur cette question il n'y aura pas, même à droite. Il faut dire que le "climat" n'était pas des plus sereins dans le parti majoritaire à quelques jours des régionales. L'électeur lepéniste était désormais perdu, chez Marine, Jean Marie ou à la pêche.
Résultat de cette première tentative de manipulation de l'opinion par la mise en exergue perpétuelle d'un problème mineur : une remontée relative de l'extrême droite (le taux d'abstention nuançant largement la renaissance du phénix vieillissant) et une déroute de la majorité.
Remue méninges à l'Elysée: que faire pour reconquérir l'électorat et la popularité perdus ? Décidément, impossible de compter sur l'électorat écolo bobo qui a préféré voter à gauche au second tour. Bien sûr ils ne sont pas forcément de gauche mais ils sont "antisar...". Où grappiller les quelques points qui peuvent sauver la face ? Sur la droite bien sûr. La loi portant sur l'interdiction du voile intégral ressort ainsi du placard, pour cacher (ou estomper) l'enterrement de la taxe carbone. C'est devenu la nouvelle priorité.

Jusqu'au J'accuse de Zola en 1898, l'affaire Dreyfus n'avait pas embrasé la France. Mais la bombe de l'écrivain adressée au président de la République à la une de l'Aurore avait mis à jour l'évidente manipulation orchestrée par l'armée et certains politiques. Les élections régionales ont elles éclairé crument les sordides pratiques préélectorales : de tentatives de destabilisation de la gauche en basses manœuvres pour flatter le racisme ordinaire qui commencent par les déclarations d'Hortefeux, puis de Besson puis de Gaudin...toutes qualifiées unaniment de "dérapages" alors qu'il s'agit de propos odieux, imprononçables en temps normal par tout élu de la République.
Après J'Accuse les antisémites et autres nationalistes de droite sont désarçonnés, mais rien n'y fait. Ils se réfugient dans le déni, et leurs attaques se font encore plus violentes, plus antisémites, plus cléricales. La justice se cabre, l'armée éructe, Zola condamné, s'exile, et malgré l'évidence, en 1899, Dreyfus est de nouveau condamné à 10 ans de bagne avec circonstances atténuantes !

POUVOIR PUNIR EN OUTREPASSANT LA LOI

En 2010, après la claque des élections régionales, le président et son gouvernement choisissent la même manœuvre : relancer quitte à nier l'évidence. Il faut relancer le même cycle : nouveau préfet en Seine saint Denis, nouveaux discours sécuritaires, examen "EN URGENCE" de la loi sur le voile intégral. Non NON NON, cela ne suffit pas encore. Cette loi doit proscrire le port de la burqa dans tout le domaine public et même si cela pose des problèmes juridiques. En gros, si le conseil d'Etat ou le conseil constitutionnel cassent cette loi, le gouvernement expliquera que c'est la faute aux institutions de la République si cette dernière n'est pas capable de se protéger du péril islamiste.

C'est ainsi que le gouvernement et le président s'affirment prêts à aller contre la constitution, pour tenter de se relancer (?) politiquement. Le port du voile intégral est un épiphénomène en France, en revanche légiférer à la hussarde sur ce délicat problème juridique (interdiction du port, condamnation du mari et ce dans tout l'espace public) montrerait que le gouvernement a encore des biscottos, et que, sur un problème mineur, il est encore en mesure de prendre des décisions très lourdes de conséquences...
Imaginons maintenant qu'après la nouvelle condamnation de Dreyfus, on ait trouvé un autre militaire juif véritablement coupable d'espionnage... que ce serait-il alors passé ? Quels sommets aurait alors atteint l'antisémitisme en France ?

LA CONDUCTRICE ETAIT EN NOIR

Une femme arrêtée alors qu'elle conduisait revêtue d'une burqa...Imaginez le scandale, le trouble à l'ordre public ! On interroge la femme, et on découvre, ô miracle, ô deus ex machina, que son mari est polygame, intégriste, fondamentaliste, quasi terroriste, sans doute en contact avec de méchants imams venus de la péninsule arabique, il a peut être chez lui 4 ou 5 Corans, et peut être que, comme son frère musulman Ribéry, il fréquente aussi de charmantes dames tarifées...qui sait ? Et là le coup de massue, le ministre de l'intérieur, en tant que procureur général de tout ce qui se passe en France, propose (avec insistance) que l'on déchoit son mari de la nationalité française !
Comme quoi, z'avez vu ça sert à quelque chose de légiférer sur le voile intégral, on démasque (c'est le cas de le dire) des zozos dangereux en attrapant leurs femmes. Z'avez compris : légiférez en URGENCE, il en va de la sécurité nationale!!
Cette femme est innocente, c'est donc son frère, ou son père, ou son mari, ou son cousin, ou ou...

DE LA FABLE DU MAÎTRE ET DE L'ESCLAVE A CELLE DE LA VICTIME COUPABLE

Alors s'il vous plaît, quelques remarques à ce qui vient d'être narré :
1/ Cette femme n'a commis aucune infraction car la loi n'a pas été voté et peut-on considérer que l'intérieur de sa voiture relève de l'espace public ?

2/ Une loi portant sur l'ensemble du domaine public est abérante : car dès lors, faire respecter la loi supposerait la condamnation des victimes en premier lieu. Déjà on lui impose de se dévoilerne serait-ce que pour vérifier son identité. Ensuite, si elle est rétive pour donner les informations qu'on lui demande (par ex le nom de son mari) c'est la garde à vue. Son mari est condamné, et elle que lui reste-t-il? La nécessité de se trouver un boulot, étant donné que ces femmes n'ont, pour seule ressource que celles, sans doute bien maigres, que son mari consent à lui donner.

3/ Une loi portant sur l'ensemble de l'espace public, c'est donner la possibilité à chacun de faire la police. Déjà que ces (très rares) femmes sont plus regardées qu'une bombe... sexuelle alors même que l'objectif est de les dissimuler (!). Demain elles seront susceptibles de supporter les remarques, les injonctions, les vitupérations du quidam...et ces propos seront alors, non plus considérés comme des injures portant atteinte aux femmes ou des propos racistes mais comme des conseils bienvenus visant à faire en sorte que chacun respecte la loi. En somme le facho ordinaire aura la loi pour lui. Celles que l'on considère unanimement comme victimes seront demain coupables.

4/ Mettre en balance comme le fait le gouvernement une loi visant une catégorie aussi infime de personnes et la viabilité de la constitution, relève de l'irresponsabilité. Je suis loin d'être juriste mais tout de même, est-il judicieux d'être prêt à réviser la constitution, c'est à dire notre "loi fondamentale" de la République pour faire passer une loi qui, en plus d'être inapplicable, s'attache à condamner des actes qui sont déjà condamnables aux yeux de cette même constitution : En imposant le port du voile intégral, les quelques fous d'Allah ne contreviennent-ils pas aux droits de l'homme, à des lois portant sur la sécurité, et dans les lieux publics , à la laïcité ? Si la logique suit son cours, nous aurons droit demain à une loi sur l'excision, puis une suivante sur l'égorgement du mouton, une autre sur les appels à la prière du haut des minarets fantômes de la République, une autre sur la longueur tolérable de la barbe portée par un homme de confession musulmane. L'engrenage est infini et stupide dans la mesure où certaines de ces pratiques peuvent déjà être condamnables sous un autre chef d'inculpation. Et puis quoi ?, Al Capone a bien été condamné pour fraudes fiscales !

5/ La stigmatisation d'une confession dans la République est déplorable. Pourtant, il semble possible de légiférer hors-sol en s'appuyant sur des principes généraux. La loi de séparation de 1905 par exemple séparait bien LES Eglises de l'Etat et non l'Eglise catholique de ce dernier. En procédant à rebours, le gouvernement cherche en fait à rendre incompatible la pratique de l'Islam et l'exercice citoyen.

6/En plus d'être motivée par de basses considérations électoralistes, l'idée même d'une telle loi est dangereuse (ou nauséabonde). Le lien entre cette loi et immigrés-jeunes des banlieues-délinquance-terrorisme-Islam est trop évident, le raccourci trop facile.
N'est il pas d'ailleurs de la responsabilité des politiques d'éviter que de telles confusions/amalgames puissent opérer? Cette loi, s'ajoutant à d'autres fait resurgir l'idée confuse d'un choc des civilisations, d'une guerre culturelle, de la menace d'une invasion venue du sud de la Méditerranée ou de quelque part à l'Est. Or, TOUT, absolument TOUT dans la communication gouvernementale actuelle est orchestré de façon à ancrer ces dramatiques raccourcis dans l'imaginaire commun. C'est une stigmatisation volontaire venue d'en haut qui se met en place. L'ennemi de l'intérieur renaît : Il avait le nez crochu, il portera la barbe, il était comploteur, il sera terroriste.

ALEA JACTA EST

Tout cela est bien triste. Quant à ces pauvres femmes, ni la loi, ni la crainte de la loi ne leur viendront en aide. Dans le même temps, nos illustres représentants s'ingénient à détricoter tout ce qui d'une manière ou d'une autre fait office de garde-fou dans notre république : procédure judiciaire, examen de constitutionnalité etc. Ils auront en plus réussi à raviver la xénophobie de nos chers compatriotes, sans pour autant reconquérir leurs voix. Bref, un avenir radieux.

lundi 21 décembre 2009

Mais que fuit donc l'Afghan ?

Ah, la période des fêtes, toujours la même rengaine : on pronostique le nombre de repas qui seront distribués par les Restos du Coeur, on anticipe le chiffre de SDF qui mourront de froid, on gèle les expulsions. C'est la fenêtre annuelle où la médiacratie se penche sur le sort "des plus malheureux d'entre nous". La charité chrétienne après le Téléthon. A gerber, ça dégouline d'hypocrisie, de bons sentiments éculés, on filera 3 euros à l'armée du salut entre deux magasins. Le premier janvier, la gueule enfarinée, qu'en restera-t-il ? Il sera déjà temps de penser épiphanie et piste de ski.

C'est la période des don quichotte, des robins des bois, on fête les incompris, on tolère les déviants, on sourit même aux originaux, on s'amuse avec les bandits au grand cœur. Welcome à l'étranger ! Ah, c'est là que le bât blesse !

Oui car cette année, nos jolies fêtes cotillonées risquent d'être gâchées comme certaines années noires : la tempête en 99. Le tsunami en 2000 et des brouettes, la "révolution sanglante" et les faux charniers de Roumanie en 89. Quoique le tsunami avait réussi à accentuer "la générosité de nos compatriotes" vraiment inquiets pour le touriste allemand.

Cette année le mal vient d'ailleurs, d'Afghanistan. Ce ne sont guère les dizaines de victimes quotidiennes de l'Otan qui risquent de donner un goût amer à la dinde, ceux là, on nous les cachera le temps qu'ils faut. Non, le malheur vient du fait que certains d'entre eux prétendent fuir cet enfer, et trouver refuge chez ceux là même qui détruisent leur pays ! Pour un comble ! Et en plus, il le font clandestinement.
Afghans déjà, clandestins ensuite, voleurs enfin. Terroristes sûrement. Pourquoi ont-ils besoin de tout quitter chez eux pour venir tout saccager chez nous et entrer en collision avec notre identité ? Hein pourquoi, viennent-ils pourrir notre fin d'année ?

Il est tout de même étrange qu'on s'interroge si peu sur les motifs de l'émigration. S'agit-il de la poursuite d'une immigration ancienne vers la Grande Bretagne ? La recherche désespérée d'un emploi suffisamment rémunéré pour alimenter sa famille restée au bled ? La fuite d'un pays perpétuellement en guerre ? Ou une émigration clandestine qui dissimule des projets terroristes ? La dernière option est sans aucun doute la seule que le "bon sens populaire", savamment titillé, peut juger crédible.

"AVOUE l'Afghan ! C'est au nom de l'Islam orthodoxe que tu pullules dans les jungles calaisiennes ! D'ailleurs si t'es là sans ta (ou tes) femme(s) et tes gosses espèce de polygame mal rasé, c'est pour nous exploser à la gueule connard !

Tu ne nous feras pas croire que tu essaies de fuir des bandes de narco-trafiquants qui imposent leur loi dans l'essentiel de ton pays, au nom d'une charria qu'ils adaptent à leur sauce. Non, toi le barbare, tu ne peux pas avoir choisi de quitter ton beau pays natal où même écouter la radio est interdit. Toi l'analphabète mal dégrossi, tu n'es qu'un pion entre les mains de la pègre pakistanaise, tu es ici pour imposer le port de la burqa aux femmes. Toi le tout juste sédentarisé et qui prétend ne pas craindre la mort, tu ne nous fera pas avaler que tu crains les bombes US, et le savoir faire des GI's ! Alors, qu'as tu à dire pour ta défense ? Rien ? Alors retour à Kaboul mon pote !

Ben ouais tu sais là bas t'as rien à craindre, d'ailleurs tu en étais parti sans difficultés, ça t'a rien coûté. Tiens, d'ailleurs pour bien que tu te rappelles qu'ici c'est la patrie des droits de l'homme, on te file 2000 euros, de quoi engraisser la patte de quelques talibans locaux, ou de passeurs qui bien souvent se confondent. Ben oui quoi, on te donne les moyens de revenir faire un tour ici, et de continuer à nourrir les filières qu'on prétend combattre."

Héritage des Lumières, des droits de l'Homme et du Christianisme : C'est bien ça notre identité ?
L'afghan, lui n'hérite que de la pauvreté de Jésus, de l'obscurantisme combattu par Voltaire, et peut être enfermé sans avoir commis le moindre crime.

Toi l'afghan qui n'est pas des nôtres, passe ton chemin, tu es la preuve vivante et de notre identité et de notre absence d'humanité. Alors, pour les fêtes, merci de te faire discret. Et n'oublie pas un petit notre père dans ton charter...

mardi 23 juin 2009

Il fallait en parler !?

La séquence qu'il vient de nous offrir, de la réunion du Congrès jusqu'au remaniement ministériel, mérite qu'on s'y arrête un instant. Hier donc, à Versailles, nos élus ont eu la chance de pouvoir l'écouter. Versailles et la République, quelle belle histoire !! En 1789 c'est la jeune assemblée et le peuple de Paris qui ramenaient le roi à Paris, aujourd'hui c'est lui qui les y amène. En 1871 les joyeux Versaillais estampillés républicains s'amusaient à exécuter 30 000 communards en une semaine, et en 1919 on y a signé le plus absurde des traités de paix pour humilier nos voisins défaits. Ha ! Si Versailles m'était conté, sûr que cet épisode n'y trouverait place ! En revanche, si Versailles m'était compté...


Hier donc, devant un parterre de parlementaires réduits au silence, devant députés et sénateurs privés de vote, sa magnificence a fait appel à son peuple en faisant "don de sa personne à la France". En agissant ainsi, il égale son illustre prédécesseur, Napoléon III dans son usage du plébiscite: certain de ne pouvoir obtenir le soutien de son action dans les urnes, il fait appel à celui des portefeuilles par un "grand emprunt national".
Sûr que cet emprunt sera un grand succès, que les sommes obtenues dépasseront les estimations les plus optimistes ! Les Français videront leur bas de laine flairant la bonne affaire au regard d'un taux de rémunération du livret A , sans doute ramené à 1% dès cet été.
Cher lecteur, tu comprendras que je ne m'attarde pas ici sur les risques encourus par cette pratique. Simplement une remarque au passage : l'endettement de la France pour cette année et la suivante dépassera les 7%. Or, cet emprunt devra être remboursé dans quelques années : Réjouissons nous, nous voilà assurés (en ces temps incertains) de conserver notre dette ! Tout çà sans politique de relance de la demande !
Comment rembourser cette multitude de créditeurs de l'Etat ? Par les impôts bien sûr ! Ainsi, ce que vous avancez aujourd'hui, vous vous le rembourserez demain, sauf si vous êtes soumis au dur régime de l'ISF qui sera supprimé d'ici là...
Dernier point : les anciens emprunts d'Etat ont toujours été annoncés par le premier ministre. Aujourd'hui, François Fillon est totalement court-cicuité ainsi que l'ensemble de tous les corps intermédiaires. Ce procédé inédit, en plus de ridiculiser le premier ministre, confine au démagogisme en action. François, tu peux courir te cacher.
Pas de rigueur, pas d'augmentation des impôts a-t-il promis. Pourtant, on voit fleurir une taxe carbone, une diminution plus forte que prévue du nombre de fonctionnaires, aucun coup de pouce pour le SMIC, une augmentation du tarif de l'électricité et une stabilité de celui du gaz alors même que ce dernier est censé être indexé sur le cours du pétrole. Accessoirement, on comptera fin 2009, pratiquement un million de chômeurs de plus qu'un an plus tôt, soit plus de 10% de la population active au chômage. Accessoirement toujours, Seguin, président de la cour des comptes s'inquiète dans les colonnes du Monde d'un "risque de accroissement exponentiel de la dette".

Bilan de la journée ? Une République bafouée, un premier ministre humilié, une opposition piétinée, Français, si vous me prêtiez ?

Mais notre éminence ne souhaita pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'agit de pousser l'avantage d'élections prétendument gagnées. Or, qu'aurions nous eu si ces dernières avaient été analysées comme une défaite pour la majorité? Eh bien, un remaniement bien sûr ! Annoncé par qui ? Le premier ministre, naturellement ! Pour arrondir les angles, il aurait fallu poursuivre l'ouverture. N'est-il pas curieux que le procédé reste identique ? Victoire ou défaite, de toute façon le remaniement était programmé. Seul celui qui l'annonce change en fonction des résultats : "mais non, François, ne t'en va pas, ne boude pas, je te garde quand même". Hé oui, cher lecteur, tu n'es pas sans ignorer que constitutionnellement parlant, c'est le chef du gouvernement qui présente à l'approbation du président son gouvernement. Tu es bien caché François ? Étrange que tu ne te sois fendu d'aucune déclaration entre ces deux épisodes historiques. Tu sembles souffrir, c'est ta sciatique ou encore un peu plus bas dans le dos?
En dépit d'élections triomphales donc, le remaniement. En dépit d'un PS déjà bien moribond , la poursuite de l'ouverture. Le petit a en effet agité son hochet et il est tombé sur Frédéric Mitterrand qu'il avait déjà envoyé 18 mois plus tôt à la villa Médicis . L'ouverture a bons dos, ce même F Mitterrand avait appelé à voter Chirac dès 1995...
Mais qu'importe ! ! Voilà l'heureux évènement ! Car il a tout lui aussi : un nom, un pédigrée, des paillettes, un beau réseau chez les artistes bon ton que fréquente la First Lady à la con, et même en prime du caviar ! Nous voilà assurés pour des jours et des jours d'un tapage médiatique assourdissant assorti d'un sentiment de trahison chez tous ceux qui plaçaient encore un reste de confiance dans l'intelligentia modérée de la rive gauche. Politiquement, la prise ne signifie rien. Symboliquement elle est considérable. Gageons cependant que l'abcès est désormais crevé entre les électeurs et les représentants de gauche.

Bilan de la deuxième journée : Un premier ministre humilié sur la place publique, des reniements en veux tu en voilà parmi les ministres, un écran de fumée (F Mitterrand), et sa majestée au centre de la mélée mais en même temps au dessus, pantin comme tous les autres dans la situation économique mondiale avec un pays qui se ruine sous ses pas.

Plus généralement, la bulle qui sépare la population et ses élus s'épaissit : les incertitudes des uns ne rencontrent plus les inquiétudes des autres. Dans le microcosme, on s'agite, on s'ébaudit, on entonne le refrain des chaises musicales et on joue au qui manipule qui. Dans le macrocosme, on fait les comptes pour passer ses vacances au camping, on hésite pour la mise en faillite de sa boîte en septembre ou on craint le dégraissage d'automne, à moins que l'on soit déjà inscrit au Pôle emploi.

A force de ruptures, la boussole perd le nord. Notre pays est aujourd'hui dépourvu de ses repères passés et en quête d'une direction. Car soyons clairs, quel avenir nous fait-on miroiter ? On explique partout que le but est de revenir à la situation antérieure (retour de la croissance) ou bien à celui d'un hypothétique âge d'or (celui de l'équilibre des comptes).
La justice sociale par la résorbtion des inégalités ? Des services publics qui garantissent l'égalité sur l'ensemble du territoire, des hausses de salaires pour relancer le pouvoir d'achat et la consommation ? Des taxes sur les spéculateurs ? Non, rien de tout cela n'est évoqué : tout juste un espoir dans l'accession au crédit (le droit de s'endetter davantage ! ), la compression des salaires, l'allongement de la durée de cotisation, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux..

Cette situation est en réalité des plus absurdes, car toutes ces décisions présentées comme pragmatiques, répondent à une pure idéologie néo libérale. Penser, aujourd'hui encore !, que l'on va relancer par l'investissement alors qu'on a à faire à une crise de la consommation (par un trop fort endettement) relève de l'aveuglement idéologique.

Je crains fort qu'il n'y ait rien à retenir de cette séquence en deux temps, finalement elle ne méritait pas qu'on s'y arrête. Désolé, cher lecteur.

lundi 15 juin 2009

La retraite revient au galop !


Le boutefeu Hortefeux n'ira pas au parlement européen. Ben oui quoi, s'il s'était mis sur les listes en Auvergne c'était sans doute pour faire du nombre. Se présenter en espérant ne pas être élu, y en a qui devraient l'imiter à l'UMP, ça nous soulagerait ! Des candidats? Dati ? Ah oui, déjà çà ! Et, en attendant, le rouquin reste au gouvernement car il est indispensable au dialogue social ! Si, il a la confiance des syndicats ! Sa méconnaissance des dossiers est en fait une chance inouie. Problème, il a, lui aussi, des consignes.

Vous en avez peut être vaguement entendu parler, depuis le 7 juin, mais il semblerait que la situation financière de la France pose quelques soucis. 20 milliards pour la Sécu, 72 pour le déficit budgétaire... et plus rien pour les retraites. Et oui, il va falloir travailler plus...longtemps. C'est la p'tite bombe d'avant les vacances, juste après le derner rendez vous social du 13 juin. Hop, ça y est, c'est dit. Personne ne réagit, parfait, on se met au boulot à l'automne prochain.

67 ans, premier chiffre annoncé. C'est ce que l'on peut "obtenir de mieux" mais dans ce cas, il faudra sans doute aussi augmenter les cotisations. Donc on va travailler plus longtemps, payer davantage (en volume et en durée) pour une retraite de toute façon tronquée. Les entreprises, qui passées 50 ans cherchent à se séparer de leur salarié, trop cher et relativement peu productif si on le compare à un jeune aux dents longues, ne feront rien pour garder les plus vieux. Le chômage des séniors, dans ces conditions, va exploser. Deuxio, les départs à la retraites à taux pleins constitueront de plus en plus l'exception. Paupérisation des troisième et quatrième âges à qui les fistons seront contraints de financer les maisons de repos.

Sous Balladur, le privé se voyait "condamné" à cotiser plus longtemps, sous Juppé, la Sécu remboursait moins,sous Raffarin, la retraite du public fut alignée sur celle du privé, sous Villepin on proposa aux jeunes de travailler pour moins, sous Fillon, on doit travailler plus tard à nouveau. Si on compte (rapidement) Fin des 35 heures et retour à environ 39 heures pour tous (plus incitation aux heures supplémentaires), un jour férié en moins et au moins 5ans de boulot en plus : quelques dizaines de milliers d'heures de travail supplémentaire pour chacun en dix ans ! Décidément pour la droite il faut vivre pour travailler !

Vit on mieux ? A-t-on retrouvé la croissance ? Y a t-il moins de chômage ? Moins d'échec scolaire ? Moins d'insécurité ? Non, vos heures sup n'ont pas cette vocation

A t-on renfloué des banques? L'automobile ? Bernard Tapie ? François Pérol ? Les restaurateurs ? Les médecins ? Voilà à qoi ça sert de bosser plus.

Forcément, tout est défiscalisé. Les recettes s'effondrent (et pas besoin de "crise" pour expliquer cela) et les dépenses s'accroissent.

Les syndicats, les partis d'opposition sont silencieux et complices de cette situation. Incapables de proposer une alternative, ils vont encore être contraints de s'opposer pour la forme et abandonner la lutte.

Cher lecteur, l'an prochain vous travaillerez plus...ce qui vous laissera plus de temps pour me lire au bureau.



lundi 8 juin 2009

Quel chantier !




L'Europe d'abord.

Si on se penche sur les résultats de ces élections au niveau européen, il faut d'abord retenir un chiffre : tout juste 2 européens sur 5 se sont déplacés. Ce que cela ne veut pas dire que :
1/ Les Européens ne comprennent pas l'UE
2/ La démocratie européenne se porte mal.

En réalité cela montre l'incapacité à construire une Europe démocratique. Les objectifs du processus d'intégration se révèlent contraires à celui de la démocratisation. C'est ce gouffre que les citoyens européens ressentent d'abord. L'opinion européenne existe d'ailleurs sur ce seul point : l'UE n'est pas le lieu de la démocratie, elle n'a pas vocation à l'être. La cogestion entre la droite et la gauche européennes amène ce constat désabusé : La démocratie ne doit pas relever du consensus mais s'apparenter à la tyrannie de la majorité, et il ne saurait en être autrement.

Un essai de lecture européenne des résultats

Cela explique l'effondrement des sociaux démocrates (incapables de transformer l'UE donc électeurs qui s'enfuient) et la stagnation de la droite traditionnelle. Le vote contestataire de droite est puissant à l'Est (dans les 12 derniers entrants) et dans les pays nettement européophobes de l'Ouest(GB /Flandres- Pays Bas / France dans une moindre mesure). Le vote contestataire de gauche réalise ses plus beaux scores à l'Ouest (Pour faire simple, ceux qui n'ont pas connu le communisme) A l'Est, le vote d'extrême gauche n'est que la fin de la comète communiste. Il n'y a pas de place pour l'heure pour une gauche radicale non communiste dans ces pays. En Europe orientale la contestation du système se traduit par l'extrémisme de droite. Partout ou presque, le vote a sanctionné le pouvoir mais plus nettement là où les socio- démocrates l'occupent.
La poussée écologiste est surtout sensible à l'Ouest. L'ancien Est soviétisé demeure un inconditionnel partisan productiviste : "Avoir des usines c'est la santé, polluer c'est le signe de la croissance et du plein emploi". Les opinions publiques n'y sont pas animées de cette fabuleuse croyance en la "croissance verte" qui semble avoir animée les coeurs de la frange boboïsée des citoyens de l'Ouest européens (sauf dans les pays latins). La cartographie du vote écolo se limite en fait au quart nord ouest de l'Europe soit dans les pays les plus riches. L'écologie devient l'idéologie dominante de ceux qui se peuvent se payer le luxe de ne plus en avoir. C'est en effet dans les pôles urbains les plus riches d'Europe que le vote écologiste est le plus fort : Paris intra muros, Bruxelles, Berlin... Or, il n'est pas certain que l'on puisse faire accepter l'idée à celui qui souffre (ou à celui qui profite le moins) qu'il faille s'occuper de la santé de la planète avant la sienne.

Les 40 % d'européens qui ont voté ont envoyé le message suivant : Une majorité dit : autant continuer ainsi. Une minorité espère tout foutre en l'air. Les 60% d'européens qui n'ont pas voté ont dit : Cela ne présente aucun intérêt, de toute façon rien ne changera.

En Europe donc, rien ne changera dans l'orientation. Mais les forces centripètes : abstention, euro scepticisme, populisme et nationalisme sortent grands vainqueurs. Le"grand tout" va continuer à s'élargir, à se scléroser sur une base toujours plus étroite et sceptique. Le parlement européen est plus éclaté que jamais, il va devenir plus difficile de le gouverner.

Honnêtement je ne vois pas ce qui pourra faire qu'un jour ces élections retiennent plus l'attention des peuples européens. Le taux d'abstention ne cesse d'augmenter alors que le pouvoir de Bruxelles croît parallèlement.

La France maintenant

Une élection sans vainqueurs

Pour la petite histoire l'UMP fait le score du PS en 2004 et inversement. Modem+Verts en 2009= 25% UDF+verts en 2004= 20% Front de gauche = PCF en 2004 FN 2009 -2.5 % Libertas 2009= MPF 2004

Ces élections sont le miroir de celles de 2004. Aux extrêmes pas ou peu de changement. Pour les modérés le grand chambardement.

L'UMP derrière les façades n'est pas si satisfaite. Moins de 28% pour la "majorité" c'est un peu court. Peu de réserves chez Libertas ou le FN. Sa réserve de voix est chez les abstentionnistes mais si ce score est flatteur dans une élection proportionnelle à un tour, il peut inquiéter dans la perspective des régionales. Moins de 5 millions de personnes ont soutenu l'action du président hier. C'est pour cela que le pouvoir va sans doute se contenter d'un remaniement a minima, ne pas prendre de risque tout en affirmant "poursuivre l'ouverture" et mener des "réformes".

Les Verts seraient ainsi les grands gagnants. Dans les semaines à venir il est probable que certains de leurs leaders reçoivent des coups de fil de l'Elysée, "un p'tit maroquin ?" Leur succès est en trompe l'œil. L'unité des verts est fragile, plus exactement elle a été faite pour ces élections. D'autre part, les Verts ont toujours eu leurs meilleurs scores lors des Européennes. Ces élections ne font pas des Verts la deuxième force de gauche en France. Les raisons de leur succès électoral sont diverses : Porteurs d'un message qui s'inscrit naturellement dans le cadre européen, des personnalités nombreuses et variées (du repris de Justice au juge en passant par l'anarchiste repenti )qui ont pu personnaliser cette élection, la diffusion du documentaire "Home" sur France2, l'altercation Bendit-Bayrou...). Mais Europe Ecologie n'a pas de militants, de revenus, d'élus, de députés en nombre suffisant. Et ils sont tout aussi partagés sur la question économique : entre adeptes de la décroissance plus protectionnistes et libre échangistes apôtres de la croissance verte. Enfin et surtout, cette union n'avait pas vocation à durer ailleurs qu'au parlement européen. Les Verts sont "dépassés" par leurs score et vont retomber dans l'anonymat dès l'Automne, au plus tard lors des régionales de 2010.

Le Modem rate le coche faute de n'avoir pas su séduire à droite par un Bayrou trop clairement dans l'opposition et d'avoir été siphonné par les écolos dont l'absence de marqueur idéologique clair a pu séduire une partie des électeurs du Bayrou version 2007. L'avenir politique de Bayrou n'est pas encore obstrué mais le Modem, trop hétéroclite, risque de sombrer.

Le front de gauche connaît un succès mitigé. Il réalise un peu mieux que le PCF en 2004, mais atteint tout juste les 6%. Il est au niveau du FN et devance le NPA. Il voulait faire chuter le PS, ça s'est fait, mais sans lui. Donc plus d'alternative, s'il veut survivre il devra se contenter d'être une force d'appoint pour une gauche en reconstruction, il doit oublier la recherche d'alliance avec le NPA. Problème, ses relations avec des Verts requinqués sont conflictuelles. Il reste dépendant de la recomposition qui s'annonce au PS.

Le PS se prend une veste, une belle veste mais peut être insuffisante : il reste le pivot de la gauche en dépit de la profondeur de la crise qui l'affecte. Ce que l'appareil du parti risque de faire est une nouvelle fois de temporiser. Le rapprochement avec Bayrou de son aile droite n'est plus possible dans l'immédiat au vu du score calamiteux du Modem. Son aile gauche est décapitée, Hamon n'est pas réélu. Cependant le grand manitou Emmanuelli n'envisage pas de quitter le navire. L'aile gauche est affaiblie et paralysée. Royal n'interviendra sans doute pas directement, elle est dans un autre tempo, et surtout Aubry a très peur d'esquisser tout mouvement. Ce qu'il risque d'advenir pour les mois à venir est une mise sous tutelle encore plus forte d'Aubry, un renforcement des royalistes à la direction. Histoire d'aller unis au massacre des régionales l'année prochaine. Après cette nouvelle défaite, nous assisterons à l'éviction d'Aubry et à une nouvelle nuit des longs couteaux.
Prêtons nous à rêver, les socialistes les moins autistes comprennent que le dernier avertissement a sonné. Le pot pourri qui sert de viatique au PS n'est décidément plus digeste pour les électeurs. On remet tout à plat et on discute du fond par le biais de grandes assises du PS, ouvertes. On constate alors que sur nombre de sujets, les opinions divergent (sécurité, immigration, Europe, laïcité, services publics, libre échange, protectionnisme...) On pose une plaque commémorative à Solférino "Ici gît le PS, nous ne le regretterons pas" signé "les socialistes et les libéraux". Recomposition de la gauche entre "démocrates-écolo" et "socialistes". Recherche d'accords en vue de gouverner et organisation de primaires de toute la gauche en vue des présidentielles.

Un programme, une stratégie, un leader. Finalement c'est tout ce qu'il manque. Mais l'occasion est trop belle pour ne pas s'en saisir : Débattons, enfin.


dimanche 24 mai 2009

Un SouSi pour la police ?

Rien ne va plus au royaume de la dictature molle. Le bras armé, entre excès de zèle et désillusion, ne sait plus à quel saint se vouer.

La police française est dans un sale état et nous pouvons d'abord nous en réjouir, le vieux fonds anarcho libertaire rejaillit dans ces conditions au plus profond de nos entrailles et, comme chacun sait, le fruit de nos entrailles est béni. (oui oui)

Des dérives plus nombreuses jusqu'au ridicule

Plus sérieusement, l'actualité policière défraie la chronique quotidiennement. Hier, c'était 70 agents de EDF-GDF placés d'un seul coup en garde à vue, avant hier et encore aujourd'hui, un dénommé Coupat accusé sans preuves de fomenter des déraillements de TGV était incarcéré, pour ses opinions politiques. Il y a une semaine, un enseignant est arrêté en pleine gare St Charles, en journée, pour avoir crié "Sarkozy, je te vois" lors d'une interpellation musclée. Quelques mois plus tôt, l'ensemble d'un collège est passé au peigne fin avec moults chiens,les élèves reniflés, plaqués au mur en pleine salle de classe, pour quelques grammes de cannabis qu'ils n'ont pas trouvé. Aujourd'hui, pour un soupçon de vol de vélo, deux enfants (6 et 10 ans) sont arrêtés par 6 policiers à la sortie de l'école, amenés au comissariat et leurs parents prévenus tardivement. Une procédure "banale" affirme-t-on à la préfecture...bien sûr, mais cela est anecdotique, les deux enfants n'avaient pas commis ce vol. Quelques mois en arrière, le président se rend dans un village de 500 âmes, pour l'occasion on compte pas moins de 1200 policiers. Sommet de l'Otan à Strasbourg, des CRS sont filmés en train de lancer des cailloux sur les manifestants ou à proximité du cortège pour exciter la foule. Manifestation du premier mai à Paris, de faux punks sortent d'un camion de police, bardés d'autocollants "rêve générale" et provoquent une échauffourée. Il ne s'agit que de quelques faits de ces 6 derniers mois, mais j'en oublie beaucoup. Cependant, on pourrait me reprocher de ne faire cas des seuls "dérapages", alors passons aux statistiques.

Zéro tolérance, direction URSS

Courant 2008, plus de 600000 gardes à vue ont été enregistré. Celà signifie qu'environ "un français sur 90 en garde à vue" (Titre d'un article du Monde). Et encore ! On compte les plus de 70 ans et les moins de 10 ans avec ce comptage. Qu'est ce à dire sinon que 5% de la population française "en âge de marcher" a été soupçonnée, embarquée, interrogée, filmée, fichée en une seule année !!
Toutes les études menées ces derniers temps pointent un dégradation sensible du climat entre citoyens et police. Le tout répression passe bien chez les mémères mais celui qui se fait aligner en allant bosser et en rentrant le soir commence franchement à en avoir marre. L'irrespect , l'absence de politesse comme les altercations entre policiers et citoyens, sont en constante augmentation. La police apprend à se faire haïr : la disparition de la police de proximité (tardivement et partiellement rétablie), de prévention, qui patrouille de jour et qui ne débarque pas au milieu de la nuit, sirènes hurlantes, armée jusqu'aux dens et suivie par les caméras de TF1, fut de ce point de vue une erreur politique grossière. Les policiers ne doivent pas passer leur temps à faire des matchs de rugby avec les gosses des quartiers avait dit l'autre, humiliant ainsi, face caméra, un chef de la police toulousaine. Qui s'en mord les doigts aujourd'hui ?

Aveuglement idéologique, Impasse politique

Le climat sécuritaire se renforce encore : entretemps, plus de cagoules, plus de réunion en bande, des peines plus longues des détentions provisoires qui s'allongent, disparition de juges d'instruction, davantage de prisons et de suicides à l'intérieur, des blocages de matons, des tribunaux toujours aussi surchargés, une ministre de la justice enceinte en Dior, en disgrâce,bientôt au parlement européen etc.
Climat sécuritaire et insécurité manifeste cohabitent. Les atteintes aux personnes ont augmenté de plus de 10% ces dernières années. Le taux d'élucidation ne progresse que très peu malgré les quotas que l'on impose aux forces de sécurité. Le bilan est donc catastrophique, loin de limiter l'ampleur de l'insécurité, le tout sécuritaire a eu pour seul effet, de restreindre les libertés de ceux qui n'enfreignent pas la loi. Comme si la peine de mort était dissuasive aux Etats-Unis, comme si le prix élevé du permis empêchait ceux qui ne peuvent se l'offrir de conduire, comme si restreindre le champ des libertés n'agrandissait pas, de fait, celui de l'illégalité. Comme si le fait de se proclamer plus sévère n'incitait pas à la surenchère dans les actes délictueux.
Comme si "brigades scolaires" n'était pas un oximore....
On achève bien les flics à la kalachnikov dans le 9-3 !!

Ca ne marche pas ? Faisons en un argument de campagne !

Puisque tout ce qui a été entrepris sur le front économique et social depuis deux ans a échoué lamentablement, il est grand temps de refaire de l'insécurité un argument de campagne. Qu'importe les chiffres pourvu qu'on ait l'ivresse de quelques baufs, que le taux de testostérone remonte dans les banlieues pavillionaires, que l'adrénaline, la volonté de puissance des faibles et des lâches se réveille telle un volcan d'Auvergne. On va redoubler d'efforts de communication, on va sommer l'opposition de prendre position clairement sur notre projet sur les bandes, un de plus, qui ne sera jamais appliqué (qui se souvient de la loi interdisant les réunions dans les halls d'immeubles, combien de fois a-t-elle été appliquée, quels résultats?, quelle évaluation?). Ca ne mange pas de pain, on va pouvoir gesticuler, mouliner, accuser de laxisme, semer la pagaille, enflammer les esprits, équiper les polices municipales de taser. Quel bonheur !! Français, vous pensiez que le rique était de perdre votre boulot, détrompez vous, le danger est en bas de chez vous !

Quelque part entre les pleins pouvoirs et l'impuissance

Pinot, simple flic, vit un dilemme. Ses conditions de travail se dégradent, une partie de ses jours de congés a été sucré. Il doit, pour gagner plus, remplir ses quotas (on le paie à la com), sa hiérachie l'encourage à en faire plus. Sur le terrain, son action est désapprouvée par un nombre croissant de citoyens, tandis qu'il est confronté à une violence décuplée à son encontre. Il est moins dangereux d'arrêter celui qui grille un stop que le dealer au mileu des barres d'immeubles qui l'attend avec son arme de guerre. Quant au délinquant en col blanc, les enquêtes sont impossibles soit par manque de moyens soit en raison de la pression exercée d'en haut pour classer "sans suite" les dossiers les plus chauds ("la lutte contre la délinquance financière est en régression", autre titre du Monde). Le policier français est notre Stakhanov moderne, érigé en modèle mais esclave. Pimpant mais tremblant dans son uniforme.

Servir l'Etat ou la République ?

La situation devient en réalité explosive si l'on considère que la hiérarchie des missions de police n'est plus respectée: Comment comprendre que l'on intervient si promptement pour dégager la maison corse d'un acteur très moyen mais ami du président ? Comment expliquer qu'un préfet de Bretagne est muté pour avoir osé laisser plus de 2000 manifestants siffler le maître vénéré ? Comment accepter que la police de Seine Saint Denis ait encouragé et récompensé pécuniairement la délation ? Comment interpréter le zèle de ces mêmes hommes pour raccompagner quelques clandestins menottés dans des avions à destination de l'Afrique ? Quel parallèle effectuer quand les forces de l'ordre interpellent des gosses, fils de sans papiers, à la sortie de leurs écoles? Comment lire une haie de CRS garantissant la sécurité de ceux "qui veulent aller en cours" dans les facultés? La situation est intenable. Plutôt que le sens de l'Etat, ne serait-il pas temps que le corps asssermenté reconquièrt l'esprit républicain, le service de l'intérêt général ?

Une bonne tête de Turc, enfin !


Alors comme çà, on y est. Nous sommes entrés dans la phase "active" de la campagne pour les Européennes. Quoi de plus normal puisque notre grand manitou l'a décidé. Les médias au garde à vous ont répondu présent, en relayant les folles embrassades entre Angela et Nicolas, qui, sachez le braves gens, sont "d'accord sur tout". Oh que c'est beau, comme une relance un peu. D'ailleurs ne s'agit-il pas de la "relance du couple franco allemand" ? Mais oui puisqu'on vous le dit ! Oubliées les révérences outre Manche, oubliée l'Union pour la Méditerranée, oubliés les regards en chien de faïence, ....Oubliez, chers fidèles. D'ailleurs du passé, faisons tabula rasa. Après deux ans de présidence, les grands industriels détenteurs des organes de communication ( se dit média en démocratie) ont eu droit à leur bouclier ; lesdits organes ont été largement renfloués et l'audiovisuel public savamment repris en main : Tout ce petit monde est unanime : après deux ans de présidence "IM-PO-SS-IB-LE de tirer un bilan" Quand je pense quon dit de cet homme qu'il est "courageux" ...(Sur la notion de courage aujourd'hui j'ai lu un excellent dossier dans Philosophie magazine). Etre contraint de filer du pognon à ses proches pour éviter qu'ils puissent émettre le soupçon d'une critique à son encontre. A vomir.
Bref, donc pas de bilan, pas de retour sur le parcours tumultueux de la France sur la scène européenne, non pas ça, un nouveau sujet siouplaît : la Turquie !

Cela faisait longtemps qu'en dîtes vous ? La dernière fois, voyons, c'était quand ? Non, non, siouplait ne remuez pas le passé...répond le choeur. Si ! la dernière fois c'était en 2007. Régulièrement, le sujet revient sur le tapis, lors des grandes occasions électorales. Quoi de plus porteur que la Turquie et l'UE, c'est simple, les gens comprennent, c'est concret ça, ça leur parle. Mouais, c'est bien la Turquie. Pas grand chose à dire de neuf mais bon c'est la même fonction que "le détail de l'Histoire" mais en plus classe. On l'utilise quand il faut faire parler de nous, montrer qu'on en a nous des couilles.

Alors voilà comment on fait : D'abord je vais faire un petit discours pour soulager un peu la baronne d'Ati qui patauge dans la boue de la PAC ces derniers temps. Et là je dis "L'Europe n'a pas à s'excuser d'avoir été chrétienne". Je compte sur mes plus fidèles serviteurs laïcards et gauchistes repentis (tel Val) pour s'interroger doctement "Est ce que l'Europe est vraiment chrétienne, l'apport des Lumières et patati et patata, débattant sans fin, ce qui, au final, revient à parler de moi, de moi et de moi tout en validant, par la tenue de débats sans fin, ma théorie. Mais moi, j'ai pas le temps, la deuxième partie du plan doit se dérouler une semaine après quand je me rends chez Angela. Là on va sceller devant les caméras (surtout françaises d'ailleurs) notre réconciliation. Béats vous en resterez quand vous nous entendrez d'une même voix déclarer "Oui nous sommes d'accord sur tout" et "Non,nous ne voulons pas de la Turquie dans l'UE" et pour faire bonne mesure "Nous sommes conjointement très heureux de la présence d'un bataillon allemand sur le sol français". C'est merveilleux ce que l'usine à fantasmes peut produire. Des soldats allemands en France, c'est pas une réussite ça ? Hein Hein ?? ( A ce propos, la mairie d'Aix en Provence a cru bon de pavoiser ce dernier 8 mai, quoi de plus normal et commun me direz vous. Oui sauf qu'un drapeau sur deux n'était pas tricolore, mais ressemblait à une bannière étoilée sans rayures horizontales. Le 8 mai, c'est la capitulation de l 'Allemagne nazie pas la journée de l'Europe..."Mais qu'importe" répondit alors le chœur)
Et donc, cher lecteur, que croyez vous qu'il arriva après cette apothéose médiatico-diplomatique ? Le lourd et pesant silence de l'opposition, gênée de ne pas savoir, de tergiverser quant au degré d'appartenance de la Turquie à l'Europe.

Grâce à la nullité de ces adversaires, l'énergumène en chef est parvenu 1/ A faire parler de lui ce qui est le fond de sa stratégie 2/ A réduire l'opposition au silence 3/ A mobiliser son électorat, 4/ A porter les regards ailleurs, détournant l'actualité de la crise économique et son demi mandat. Un coup de maître.

Voilà pour la surface des choses, maintenant essayons de réécrire et de faire un palimpseste de tout ça.

Reprenons, "L'Europe n'a pas à s'excuser d'avoir été chrétienne" (je cite de mémoire). Pourquoi cette déclaration ? le problème n'est pas avec la Turquie mais avec les Etats-Unis, lors de sa visite dans le cadre du G20 et du sommet de l'Otan, Obama a demandé à ce que la Turquie entre dans l'Europe. La Turquie, membre de l'Otan rappelons le. Dans le cadre du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, nôt ptit père, est un peu embarassé. Comment lui refuser ?
Bon et puis il y a les sondages sur la perceptins de l'UE par les Français. Or, ce qui est largement reproché à l'Union est son élargissement continu. C'est à dire l'intégration de l'Europe centrale et orientale (les fameux dix suivis de la Bulgarie et de la Roumanie). Pourquoi ce reproche revient-il si souvent 1/ On ne nous a rien demandé 2/ Ces pays dans le cadre de l'UE profitent du bas coût de leur main d'oeuvre -accusation (justifiée dans de larges proportions) d'être responsables des délocalisations-.
Ce n'est pas vraiment des élargissements à venir dont le rejet provient, mais des derniers réalisés. De cela, l'autre s'en fout "vous savez l'Histoire, allons plutôt de l'avant" ..."rassurons plutôt nos brebis égarées dans la jungle du monde mondialisé" Et quoi de mieux pour les rassembler que la peur du loup!! Mais tout de suite on assure que "Non ! le loup n'entrera pas dans la bergerie"...entretemps, le dernier élargissement est passé à la trappe.

Mais bien sûr, il ne suffit pas de sauter sur son siège et de dire "la Turquie, la Turquie, la Turquie" et attendre des retombées médiatiques. Ce qui gêne notre Seigneur et ses serfs, ce n'est pas la Turquie mais l'Islam. Tout le monde le sait mais personne ne le dit. Alors, son Altesse va le dire mais en deux temps (parce que lui, il en a !!):
1/ L'Europe n'a pas à s'excuser d'être chrétienne
2/ Une semaine après "Non, la Turquie n'a pas vocation à entrer dans l'UE"
Résultat : La Turquie n'entrera pas dans l'UE tant qu'elle sera musulmane. Voilà l'électeur lambda rassuré, pas de basané en plus. Sarko, il l'a dit. Le citoyen oubliera que son Europe chrétienne l'a foutu au chomdu.

Le christianisme européen est une donnée historique. Contestable aux périphéries du continent (Bosniaques, Albanais). Surtout le christianisme n'a depuis le XI° siècle jamais été unificateur de l'Europe, mais plutôt pomme de discorde. Ah, oui, les guerres de religion, c'est vrai, c'était entre chrétiens..et pourtant à cette époque, les affreux Turcs musulmans étaient aux portes de Vienne et pis, François 1er avait noué quelques alliances avec la Sublime Porte, pour contourner la puissance espagnole. Le christianisme européen alors certes est une réalité, mais de moins en moins prégnante. Pour deux raisons essentielles : 1 les minorités musulmanes sont de plus en plus importantes sur le sol européen (tout comme dans une moindre mesure d'autres confessions) 2 De moins en moins d'Européens se revendiquent "chrétiens". Il faudrait alors dire que l'Europe actuelle a hérité, pour une large part, d'une culture à dominante chrétienne (mais aussi grecque, latine, arabe...). Quant à s'excuser d'être chrétien, qui l'a demandé à l'Europe?? Personne, absolument personne. C'est même absurde.
Le propos tenu par notre Chah n'avait donc pas lieu d'être, n'avait aucun fondement. Seulement voilà, il faut masquer l'absence de programme européen du parti présidentiel. Quoi de mieux qu'un contre feux ?

La rencontre avec la grosse Bertha a tout d'un extraordinaire conte de fées. Seulement pour nos deux amis, plutôt que de trop surligner le "cas turc" et pour ne pas trop froisser Ankara, il a fallu insister sur une nécessaire pause dans le processus d'élargissement pour satisfaire l'ENSEMBLE de l'opinion publique qui, si elle n'est pas antiturque (comme les pro UE de droite), est de toute façon anti élargissement (Opinion de gauche eurosceptique) pour des raisons toutes autres évoquées plus haut. Coup double ? Non, énorme mensonge. L'élargissement se poursuit, l'entrée de la Croatie est presque déjà acté. En plus la nouvelle tombait mal car le jour même, l'Islande se portait officiellement candidate. Résultat ? Dans 3 ans environ nous serons au moins 29 pays membres, mais rassurez vous, la Turquie en sera toujours exclue.

On peut gloser à l'infini sur le cas turc. Mais son intérêt principal pour nos élites est d'être l'arbre qui cache la forêt de questions que soulève le projet européen. Car de deux choses l'une, soit l'Union est une zone de libre échange à vocation économique et dans ce cas, il n'y a aucune raison de s'arrêter aux frontières théoriques d'un continent qui n'existe pas, soit elle est un espace ayant un projet politique, une ambition géopolitique porteuse de valeurs que l'on voudrait universelles.Mais dans ce cas l'Europe ne peut être chrétienne. En outre, de tels projets l'Europe est dépourvue. Le principe de refuser a priori la Turquie ne tient donc pas la route.

L'UE, comme notre Ayatollah préféré, ont préféré désigner un cheval de Troie (celui qui risque d'introduire les hordes d'islamistes fondamentalistes au coeur de l'Europe...comme s'il avaient besoin de cela d'ailleurs).

Au fait, Troie, c'est pas en Turquie par hasard ? Merde pour un récit fondateur de l'identité européenne, on aurait pu trouver mieux.