Dans cette série d'articles, je présuppose que les rapports d'une société avec son histoire, déterminent largement les rapports sociaux, l'imaginaire symbolique ainsi que son regard introspectif. L'image que nous avons de nous mêmes est la reconstruction de ce que nous croyons incarner. Au terme de cette série, j'essaierai de tirer quelques conclusions concernant l'évolution de notre regard sur nos agissements. La façon dont nous nous percevons au regard de notre histoire en dit long sur ce que nous aspirons à être. Le pari est plus qu'ambitieux, peut être prétentieux, j'en conviens. Mais bon, "faut bien s'lancer !"
Depuis quelques temps, un débat original agite les historiens et quelques intellectuels venus d'autres horizons : Que commémorer ?
D'aucuns s'offusquent de l'absence de toute personnalité française de rang important lors des reconstitutions/commémorations annuelles de la bataille d'Austerlitz. Pourquoi avoir honte de "nos" victoires ? Pourquoi faire l'impasse sur nos moments de gloire ? Quel pays ne s'est pas forgé aussi dans les victoires ? Pourquoi exclure Austerlitz de notre patrimoine alors que les officiels français ne rechignent guère à s'incliner à Waterloo ou ailleurs au nom des victimes innocentes tombées face à l'armée française ?
D'autres sont favorables à l'instauration de journées de commémoration de l'esclavage (La ville de Bordeaux est désormais dans ce cas de figure), ou en souvenir des crimes commis en Algérie, dans les colonies, ou d'une minute de silence annuelle pour les victimes de la Shoah. Il est primordial qu'un pays comme la France soit capable d'effectuer pleinement son travail de mémoire sans en dissimuler les faces sombres.
Pour résumer, les premiers seraient des "nationalistes", les seconds des "humanistes".
L'option nationaliste estime que les Français peuvent être fiers de ce qu'ils ont réalisé au cours de leur longue histoire, les seconds pensent que a France fut avant tout une puissance majeure et qu'à ce titre, elle n'a pas hésité à avoir recours au même instruments de terreur que les régimes inquisitoriaux, tyranniques, impérialistes ou totalitaires.
Le pouvoir politique depuis Chirac a pris le parti de s'excuser officiellement pour l'esclavage ou pour Vichy. Dans le même temps, il a tenté d'introduire un amendement visant à enseigner les aspects positifs de la colonisation. Depuis Sarkozy, la confusion s'installe et le devoir de mémoire relève du seul émotionnel : Confier une âme d'enfant juif déporté à chaque élève de CM2 ou lecture de la dernière lettre d'un résistant communiste avant d'être fusillé. Commémoration en grandes pompes du débarquement en Normandie avant sommet bien réel de l'Otan, ce vestige de la guerre froide. Le 14 juillet ne donne plus lieu à la traditionnelle garden party quant au défilé militaire matinal il a désormais pour but d'accueillir des régiments étrangers, les plus exotiques ou symboliques possibles. Quid de la fête nationale ?
Dans le champ médiatique, les mémoires tendent à supplanter l'histoire. Diverses et souvent contradictoires, les mémoires se repaissent des commémorations ou autres célébration. Se souvenir, devoir de mémoire, ne pas oublier, voilà les nouveaux impératifs kantiens du siècle qui se lève. L'histoire dans tout cela est malmenée, tiraillée. Jugez en : conflit israélo palestinien, que peut l'Histoire ? Dans les médias, les discours, (même le si exceptionnel discours du Caire d'Obama) partout ce conflit est expliqué par des divergences religieuses, ethniques et l'immense chappe de plomb de la Shoah empêche toute réflexion sérieuse : Certains vont jusqu'à la nier pour faire ressortir l'atrocité des crimes israéliens (Iran), d'autres, au contraire, estime que cette catastrophe subie par le peuple juif, justifie leurs agissements actuels, les lave de tout soupçon. Il y a quelques jours un rapport de l'Onu fait état de crimes de guerre (et dans certains cas de crimes contre l'humanité) commis par Tsahal (l'armée israélienne) lors de leur dernière offensive à Gaza. Quoi ? Crime de guerre ? Crimes contre l'humanité ? Oui, vous avez bien lu. Votre devoir de mémoire réagit au quart de tour : "Mais c'est les Nazis qui les premiers ont dû comparaître pour ces crimes lors du procès de Nuremberg... Non, c'est impossible, que ceux qui ont subi cela, puissent aujourd'hui... "
Et pourtant si. C'est là la différence entre histoire et mémoire. Dans l'imaginaire collectif dominant, les juifs (et donc ici les Israéliens) ne peuvent être que des victimes. L'Histoire nous enseigne que bien des victimes passées se sont transformées en bourraux. La mémoire est à l'histoire ce que la pellicule est à la photo. Il est nécessaire de la traiter pour en tirer une reproduction plus fidèle de la réalité. Brute, elle est sans intérêt, nuisible même à l'interprétation des phénomènes qui se déroulent sous nos yeux.
Résumé : Les mémoires envahissent tout et piétinent la discipline Histoire. Elles sont souvent contradictoires et conflictuelles. Mais le fait de les" travailler" nous incite à ouvrir les yeux sur certaines pages sombres. On peut craindre que le mea culpa permanent vire à une espce d'auto flagellation permanente, plus rituelle qu'admise ou comprise.
Depuis quelques temps, un débat original agite les historiens et quelques intellectuels venus d'autres horizons : Que commémorer ?
D'aucuns s'offusquent de l'absence de toute personnalité française de rang important lors des reconstitutions/commémorations annuelles de la bataille d'Austerlitz. Pourquoi avoir honte de "nos" victoires ? Pourquoi faire l'impasse sur nos moments de gloire ? Quel pays ne s'est pas forgé aussi dans les victoires ? Pourquoi exclure Austerlitz de notre patrimoine alors que les officiels français ne rechignent guère à s'incliner à Waterloo ou ailleurs au nom des victimes innocentes tombées face à l'armée française ?
D'autres sont favorables à l'instauration de journées de commémoration de l'esclavage (La ville de Bordeaux est désormais dans ce cas de figure), ou en souvenir des crimes commis en Algérie, dans les colonies, ou d'une minute de silence annuelle pour les victimes de la Shoah. Il est primordial qu'un pays comme la France soit capable d'effectuer pleinement son travail de mémoire sans en dissimuler les faces sombres.
Pour résumer, les premiers seraient des "nationalistes", les seconds des "humanistes".
L'option nationaliste estime que les Français peuvent être fiers de ce qu'ils ont réalisé au cours de leur longue histoire, les seconds pensent que a France fut avant tout une puissance majeure et qu'à ce titre, elle n'a pas hésité à avoir recours au même instruments de terreur que les régimes inquisitoriaux, tyranniques, impérialistes ou totalitaires.
Le pouvoir politique depuis Chirac a pris le parti de s'excuser officiellement pour l'esclavage ou pour Vichy. Dans le même temps, il a tenté d'introduire un amendement visant à enseigner les aspects positifs de la colonisation. Depuis Sarkozy, la confusion s'installe et le devoir de mémoire relève du seul émotionnel : Confier une âme d'enfant juif déporté à chaque élève de CM2 ou lecture de la dernière lettre d'un résistant communiste avant d'être fusillé. Commémoration en grandes pompes du débarquement en Normandie avant sommet bien réel de l'Otan, ce vestige de la guerre froide. Le 14 juillet ne donne plus lieu à la traditionnelle garden party quant au défilé militaire matinal il a désormais pour but d'accueillir des régiments étrangers, les plus exotiques ou symboliques possibles. Quid de la fête nationale ?
Dans le champ médiatique, les mémoires tendent à supplanter l'histoire. Diverses et souvent contradictoires, les mémoires se repaissent des commémorations ou autres célébration. Se souvenir, devoir de mémoire, ne pas oublier, voilà les nouveaux impératifs kantiens du siècle qui se lève. L'histoire dans tout cela est malmenée, tiraillée. Jugez en : conflit israélo palestinien, que peut l'Histoire ? Dans les médias, les discours, (même le si exceptionnel discours du Caire d'Obama) partout ce conflit est expliqué par des divergences religieuses, ethniques et l'immense chappe de plomb de la Shoah empêche toute réflexion sérieuse : Certains vont jusqu'à la nier pour faire ressortir l'atrocité des crimes israéliens (Iran), d'autres, au contraire, estime que cette catastrophe subie par le peuple juif, justifie leurs agissements actuels, les lave de tout soupçon. Il y a quelques jours un rapport de l'Onu fait état de crimes de guerre (et dans certains cas de crimes contre l'humanité) commis par Tsahal (l'armée israélienne) lors de leur dernière offensive à Gaza. Quoi ? Crime de guerre ? Crimes contre l'humanité ? Oui, vous avez bien lu. Votre devoir de mémoire réagit au quart de tour : "Mais c'est les Nazis qui les premiers ont dû comparaître pour ces crimes lors du procès de Nuremberg... Non, c'est impossible, que ceux qui ont subi cela, puissent aujourd'hui... "
Et pourtant si. C'est là la différence entre histoire et mémoire. Dans l'imaginaire collectif dominant, les juifs (et donc ici les Israéliens) ne peuvent être que des victimes. L'Histoire nous enseigne que bien des victimes passées se sont transformées en bourraux. La mémoire est à l'histoire ce que la pellicule est à la photo. Il est nécessaire de la traiter pour en tirer une reproduction plus fidèle de la réalité. Brute, elle est sans intérêt, nuisible même à l'interprétation des phénomènes qui se déroulent sous nos yeux.
Résumé : Les mémoires envahissent tout et piétinent la discipline Histoire. Elles sont souvent contradictoires et conflictuelles. Mais le fait de les" travailler" nous incite à ouvrir les yeux sur certaines pages sombres. On peut craindre que le mea culpa permanent vire à une espce d'auto flagellation permanente, plus rituelle qu'admise ou comprise.