dimanche 24 mai 2009

Un SouSi pour la police ?

Rien ne va plus au royaume de la dictature molle. Le bras armé, entre excès de zèle et désillusion, ne sait plus à quel saint se vouer.

La police française est dans un sale état et nous pouvons d'abord nous en réjouir, le vieux fonds anarcho libertaire rejaillit dans ces conditions au plus profond de nos entrailles et, comme chacun sait, le fruit de nos entrailles est béni. (oui oui)

Des dérives plus nombreuses jusqu'au ridicule

Plus sérieusement, l'actualité policière défraie la chronique quotidiennement. Hier, c'était 70 agents de EDF-GDF placés d'un seul coup en garde à vue, avant hier et encore aujourd'hui, un dénommé Coupat accusé sans preuves de fomenter des déraillements de TGV était incarcéré, pour ses opinions politiques. Il y a une semaine, un enseignant est arrêté en pleine gare St Charles, en journée, pour avoir crié "Sarkozy, je te vois" lors d'une interpellation musclée. Quelques mois plus tôt, l'ensemble d'un collège est passé au peigne fin avec moults chiens,les élèves reniflés, plaqués au mur en pleine salle de classe, pour quelques grammes de cannabis qu'ils n'ont pas trouvé. Aujourd'hui, pour un soupçon de vol de vélo, deux enfants (6 et 10 ans) sont arrêtés par 6 policiers à la sortie de l'école, amenés au comissariat et leurs parents prévenus tardivement. Une procédure "banale" affirme-t-on à la préfecture...bien sûr, mais cela est anecdotique, les deux enfants n'avaient pas commis ce vol. Quelques mois en arrière, le président se rend dans un village de 500 âmes, pour l'occasion on compte pas moins de 1200 policiers. Sommet de l'Otan à Strasbourg, des CRS sont filmés en train de lancer des cailloux sur les manifestants ou à proximité du cortège pour exciter la foule. Manifestation du premier mai à Paris, de faux punks sortent d'un camion de police, bardés d'autocollants "rêve générale" et provoquent une échauffourée. Il ne s'agit que de quelques faits de ces 6 derniers mois, mais j'en oublie beaucoup. Cependant, on pourrait me reprocher de ne faire cas des seuls "dérapages", alors passons aux statistiques.

Zéro tolérance, direction URSS

Courant 2008, plus de 600000 gardes à vue ont été enregistré. Celà signifie qu'environ "un français sur 90 en garde à vue" (Titre d'un article du Monde). Et encore ! On compte les plus de 70 ans et les moins de 10 ans avec ce comptage. Qu'est ce à dire sinon que 5% de la population française "en âge de marcher" a été soupçonnée, embarquée, interrogée, filmée, fichée en une seule année !!
Toutes les études menées ces derniers temps pointent un dégradation sensible du climat entre citoyens et police. Le tout répression passe bien chez les mémères mais celui qui se fait aligner en allant bosser et en rentrant le soir commence franchement à en avoir marre. L'irrespect , l'absence de politesse comme les altercations entre policiers et citoyens, sont en constante augmentation. La police apprend à se faire haïr : la disparition de la police de proximité (tardivement et partiellement rétablie), de prévention, qui patrouille de jour et qui ne débarque pas au milieu de la nuit, sirènes hurlantes, armée jusqu'aux dens et suivie par les caméras de TF1, fut de ce point de vue une erreur politique grossière. Les policiers ne doivent pas passer leur temps à faire des matchs de rugby avec les gosses des quartiers avait dit l'autre, humiliant ainsi, face caméra, un chef de la police toulousaine. Qui s'en mord les doigts aujourd'hui ?

Aveuglement idéologique, Impasse politique

Le climat sécuritaire se renforce encore : entretemps, plus de cagoules, plus de réunion en bande, des peines plus longues des détentions provisoires qui s'allongent, disparition de juges d'instruction, davantage de prisons et de suicides à l'intérieur, des blocages de matons, des tribunaux toujours aussi surchargés, une ministre de la justice enceinte en Dior, en disgrâce,bientôt au parlement européen etc.
Climat sécuritaire et insécurité manifeste cohabitent. Les atteintes aux personnes ont augmenté de plus de 10% ces dernières années. Le taux d'élucidation ne progresse que très peu malgré les quotas que l'on impose aux forces de sécurité. Le bilan est donc catastrophique, loin de limiter l'ampleur de l'insécurité, le tout sécuritaire a eu pour seul effet, de restreindre les libertés de ceux qui n'enfreignent pas la loi. Comme si la peine de mort était dissuasive aux Etats-Unis, comme si le prix élevé du permis empêchait ceux qui ne peuvent se l'offrir de conduire, comme si restreindre le champ des libertés n'agrandissait pas, de fait, celui de l'illégalité. Comme si le fait de se proclamer plus sévère n'incitait pas à la surenchère dans les actes délictueux.
Comme si "brigades scolaires" n'était pas un oximore....
On achève bien les flics à la kalachnikov dans le 9-3 !!

Ca ne marche pas ? Faisons en un argument de campagne !

Puisque tout ce qui a été entrepris sur le front économique et social depuis deux ans a échoué lamentablement, il est grand temps de refaire de l'insécurité un argument de campagne. Qu'importe les chiffres pourvu qu'on ait l'ivresse de quelques baufs, que le taux de testostérone remonte dans les banlieues pavillionaires, que l'adrénaline, la volonté de puissance des faibles et des lâches se réveille telle un volcan d'Auvergne. On va redoubler d'efforts de communication, on va sommer l'opposition de prendre position clairement sur notre projet sur les bandes, un de plus, qui ne sera jamais appliqué (qui se souvient de la loi interdisant les réunions dans les halls d'immeubles, combien de fois a-t-elle été appliquée, quels résultats?, quelle évaluation?). Ca ne mange pas de pain, on va pouvoir gesticuler, mouliner, accuser de laxisme, semer la pagaille, enflammer les esprits, équiper les polices municipales de taser. Quel bonheur !! Français, vous pensiez que le rique était de perdre votre boulot, détrompez vous, le danger est en bas de chez vous !

Quelque part entre les pleins pouvoirs et l'impuissance

Pinot, simple flic, vit un dilemme. Ses conditions de travail se dégradent, une partie de ses jours de congés a été sucré. Il doit, pour gagner plus, remplir ses quotas (on le paie à la com), sa hiérachie l'encourage à en faire plus. Sur le terrain, son action est désapprouvée par un nombre croissant de citoyens, tandis qu'il est confronté à une violence décuplée à son encontre. Il est moins dangereux d'arrêter celui qui grille un stop que le dealer au mileu des barres d'immeubles qui l'attend avec son arme de guerre. Quant au délinquant en col blanc, les enquêtes sont impossibles soit par manque de moyens soit en raison de la pression exercée d'en haut pour classer "sans suite" les dossiers les plus chauds ("la lutte contre la délinquance financière est en régression", autre titre du Monde). Le policier français est notre Stakhanov moderne, érigé en modèle mais esclave. Pimpant mais tremblant dans son uniforme.

Servir l'Etat ou la République ?

La situation devient en réalité explosive si l'on considère que la hiérarchie des missions de police n'est plus respectée: Comment comprendre que l'on intervient si promptement pour dégager la maison corse d'un acteur très moyen mais ami du président ? Comment expliquer qu'un préfet de Bretagne est muté pour avoir osé laisser plus de 2000 manifestants siffler le maître vénéré ? Comment accepter que la police de Seine Saint Denis ait encouragé et récompensé pécuniairement la délation ? Comment interpréter le zèle de ces mêmes hommes pour raccompagner quelques clandestins menottés dans des avions à destination de l'Afrique ? Quel parallèle effectuer quand les forces de l'ordre interpellent des gosses, fils de sans papiers, à la sortie de leurs écoles? Comment lire une haie de CRS garantissant la sécurité de ceux "qui veulent aller en cours" dans les facultés? La situation est intenable. Plutôt que le sens de l'Etat, ne serait-il pas temps que le corps asssermenté reconquièrt l'esprit républicain, le service de l'intérêt général ?

Sommes nous en1788 ?

Mieux que Cassandre et Nostradamus réunis : L'invocation (évocation) de cette date passée met régulièrement la bulle journalistique en émoi. De Villepin à Bayrou, de Fabius à Besancenot, tous y sont allés de leur petit air printanier, nous sommes entrés dans une période "pré-insurrectionnelle". Reprise en chœur par des dizaines d'éditos de nos grands analystes politiques. D'aucuns prétendent y croire, d'autres en doutent, certains balaient l'hypothèse d'un revers de main. Tous souhaitent en tout cas l'éviter.
Pour que le cauchemar ne se transforme pas en rêve prémonitoire, l'encre aura cette fois coulé bien avant le sang. Nos médias français vivent dans la crainte de rater l'événement comme cela avait été le cas en 68. Personne n'avait vu venir quoi que ce soit. Depuis, on prédit, on anticipe. Mais loin de la prophétie autoréalisatrice, ces gesticulations verbeuses n'ont d'autre objectif que d'agiter le chiffon rouge.
Une fois de plus nous voilà contraints de jouer le rôle qu'on nous fait jouer. "Attention, les Français sont un peuple sujet à de violentes réactions épidermiques". "Tous aux abris, la colère si typiquement française resurgit". La Terreur de 1793 refait débat sur les plateaux télé, les films récents sur Action directe, ou la Red army japonaise reçoivent un écho critique certain. L'ultra gauche qui fait dérailler de si nombreux trains en France est sous bonne garde, mais les saboteurs d'EDF ont le vent en poupe. Et ce petit manuel "L'insurrection qui vient" par un auteur anonyme et qui se vend comme des petits pains ? ET ces gauchistes qui noyautent les universités. Et ces syndicats infiltrés par les rouges séquestrant quelques heures leur patron "pris en otage".
De l'anxiogène en veux tu en voilà ! Du télégénique en tout état de cause ! Un moyen si habile de "montrer" la crise.
Ce que veut nous faire croire l'élite dominante est simple : "Nous craignons une révolution". Ces actes sont tout autres ; il semblerait qu'on est à la veille d'un coup d' État. 1% de la population française est passé en garde à vue en 2008 ! Score admirable si l'on se souvient que désormais celle-ci peut durer jusqu'à 48 heures ! Il semble que les capacités d'accueil dans les commissariats soient supérieures à celle des prisons.

Pour éviter une révolution que l'on prétend craindre, ce n'est pas la meilleure des méthodes. Une révolution suppose en tout état de cause le soutien actif du mouvement par une large partie de la population. Or, la police, la justice, TF1 agissent comme s'il suffisait de bâillonner une infime minorité pour que tout rentre dans l'ordre.

Or, l'apathie semble générale. La répétition de scandales a diminué notre capacité à nous insurger. L'entente molle des syndicats a condamné tout mouvement dur et généralisé. L'Obamania qui sévit encore tend à nous rapprocher illusoirement de nos gouvernants. La crainte du chômage justifie la stagnation des salaires et par là celle de notre pouvoir d'achat. On aimerait simplement que tout recommence comme avant, que les riches s'engraissent sur notre dos, mais qu'ils nous laissent tranquilles et libres. Car quand ils toussent, ils en profitent pour nous ponctionner d'avantage et nous emprisonner, de peur qu'on fasse usage de nos droits élémentaires.

1788 est derrière nous, mais l'Ancien régime est toujours en place. Mais cela, que ne donnerait-on pas pour l'ignorer !

Seul le maintien d'une politique "sécuritariste" outrancière et provocatrice peut transformer le désespoir et la désillusion en colère généralisée...


Ploucs et ploutocrates

Maintenant que la thématique européenne a été bien décapée dans notre précédent article, tentons de la "palimpsester", de réécrire un tant soit peu cette Europe.

L'Europe est une fantastique épopée, seule entité politique consistante construite uniquement par le haut et se vantant de l'accord des populations concernées, c'est-à-dire du consentement du bas.

Elle s'est construite économiquement, tout le monde le sait. Ce qui est plus récent est sa prétention à s'occuper de l'éducation, de la culture, de la politique, de la fiscalité etc. Le trait le plus saillant de cette tendance réside dans le fait qu'elle ait cherché à se doter d'une constitution.

Cette entreprise achoppe sur de nombreux écueils, dont le plus puissant est sans conteste la souveraineté nationale: Les Etats ne se séparent qu'avec parcimonie de leurs fonctions. Dans ce contexte, pour réussir, l'UE n'a d'autre choix que de rechercher le compromis. Le langage du consensus, si cher à ceux qui n'ont pas d'autre idée que celle de mettre tout le monde d'accord, constitue la novlangue européenne. Je me souviens d'un Rocard à la tribune, début 2005, lors d'un meeting du (défunt ?) PS : " Je ne vois aucune raison pour que l'on s'oppose à ce texte". Pas d'alternative, pas de plan B, vous ne savez pas combien cela a été difficile de tomber d'accord alors soyez sympa,votez pour nous ! En effet, nous sommes les seuls capables d'être en accord avec ceux pour qui vous ne votez pas !!

Au parlement européen, il existe théoriquement une gauche et une droite modérées (PSE et PPE), en pratique, ce sont ces groupes qui votent le budget dans un "esprit de consensus". Autrement dit blanc bonnet et bonnet blanc. Le plus inquiétant est sans doute qu'ils s'en félicitent. Reléguer les idées politiques derrière les intérêts européens, tel est le mécanisme intellectuel mis en œuvre par nos députés modérés. Les intérêts européens, justement parlons en ! Personne ne peut en citer le moindre, hormis la paix. Le député européen vote les textes qui lui paraissent indolores pour son pays. Ces directives émanant de la commission ou ce budget avalisé par le parlement permettent à chaque pays de sauver les apparences, de conserver leur pré carré. En revanche, ils sont sans pitié pour les plus faibles : la France ne peut sauver son agriculture et sa pêche, la seconde est condamnée. Les marins pêcheurs réclameront annuellement des aides, non à Bruxelles puisque la France a signé les quotas, mais à l'Etat national, qui s'empressera de délivrer le carburant à bas prix, pour maintenir sous perfusion quelques années un secteur d'activité en perdition, jusqu'à la disparition complète de la profession en France par non remplacement des retraités.

L'esprit de consensus dissimule de plus en plus mal l'idéologie qui le sous tend, ce libre échange accompagné de la dérèglementation, de la mondialisation et de ces multinationales hors sol, capables de déménager en quelques jours leurs activités. L'Europe est un paradis pour les investisseurs étrangers, haut niveau de qualification, espace intégré, main d'œuvre toujours plus flexible, aides massives à l'investissement, subventions généreuses, dispenses fiscales, infrastructures denses, marché. Nous sommes si compétitifs que nous en sommes venus à nous livrer une concurrence acharnée. L'UE dresse en réalité les peuples européens les uns contre les autres. La loi de la jungle en matière économique y est la règle. Chacun veut sa part, mais la méthode du partage n'a pas été définie.

Les élus de la gauche européenne participent activement et consciemment à ce phénomène. Or nous le voyons ce "projet économique" touche en réalité au social, au politique au culturel. Au lieu de fixer des règles politiques communes pour fixer un cadre commun à l'activité économique de la zone, l'UE a choisi de "libéraliser" l'économie et de mettre les cadres politiques au service de cette dernière. L'Europe aurait dû être politique avant d'être économique. Or, fixer un cadre politique dans les conditions actuelles consisterait avant tout à assouplir encore un peu plus les cadres et les règles qui bornent le champ économique.

Donner à l'UE un rôle politique effectif est un projet qui rassemble au delà des naïfs humanistes qui déclarent "nous sommes tous frères, supprimons les frontières", il emporte l'adhésion enthousiaste de tous ceux qui veulent moins d'État, qui pensent que la "bonne gouvernance"est au delà des "clivages stériles" de droite et de gauche qui "datent du 19° siècle".


L'Europe crève de ne pas être politisée. Ou plus exactement elle meurt par sa volonté de refuser le débat. Ce discours insupportable consistant à se réjouir des "avancées" européennes, de ces "nombreux traités et accords signés", de cette intégration approfondie" de la part des trois grands partis (UMP, PS, MODEM) doit cesser une fois pour toutes. Leur connivence aussi. Fausse concurrence entre les gentils Beatles et les méchants Rolling Stones pour distraire le gogo.

De la prospective sur un bateau ivre



La crise est finie, "des perspectives encourageantes", des signes positifs", le "bout du tunnel", une "reprise en vue". Telle est la litanie à la mode en ce printemps 2009 dès qu'il s'agit d'aborder la question de l'état de santé de l'économie mondiale.

Quel crédit accorder à ce discours ? De quoi s'agit-il, sur quoi s'appuie-t-il ? D'abord, ces propos n'ont de sens que pour les seuls Etats-Unis où l'on enregistre, ces derniers temps, un ralentissement de la dégradation. Oui, un ralentissement de dégradation, mais de reprise il n'est nullement question pour l'instant. Ce qui permet d'affirmer que la situation est"moins pire" qu'il y a quelques semaines, repose sur le bilan trimestriel des banques américaines. Ces bilans affichent pour la plupart des gains. Qu'en est il vraiment ? On sait (les pouvoirs publics, les banques, le citoyen bien informé...) que ces bilans sont largement falsifiés. Les actifs toxiques (les prêts que les clients ne peuvent plus rembourser) des banques sont en réalité dissimulés via des techniques de comptabilité ou grâce à des placements réalisés dans des centres off shore où règne la plus grande opacité. La santé réelle des banques américaines est en réalité bien plus grave. C'est pourquoi l'administration américaine, pour y voir plus clair, a décidé de soumettre les 19 principales banques du pays à des "stress test" pour connaître (ou approcher) le niveau réel de leur solvabilité. Les résultats définitifs doivent être publiés ce jeudi. Pour l'heure on sait que plus d'une dizaine d'établissements aurait besoin d'être renflouée (à elle seule Bank of América aurait besoin de 34 milliards de dollars après avoir déjà reçu plus de 40 milliards de subsides de la part des contribuables américains... Vous imaginez, cher lecteur, la bataille politique entre l'administration Obama et les grands banquiers autour de la publication de ces chiffres. Ces "stress tests" ont par ailleurs été réalisés dans des conditions de marché plus favorables que la situation actuelle des Etats-Unis. Ainsi, on peut affirmer que la majorité des établissements bancaires américains est théoriquement insolvable. Pour être le plus précis possible, disons que leur capacité à s'autofinancer dépendra de la capacité de leurs clients à rembourser leurs dettes. Or ces derniers sont de plus en plus nombreux à être au chômage, ou à voir leurs salaires amputés. Nul doute, que le volume d'actifs toxiques détenu par les banques ne se résorbera pas de sitôt. L'Etat américain va devoir remettre une nouvelle fois la main au porte monnaie...*Les banques américaines sont sur une lame de rasoir, plus qu'incertaines de pouvoir faire face à de nouveaux défauts de paiement qui semblent inévitables. Dans ces conditions, elles prêtent peu, ce qui freine d'autant l'investissement, donc la reprise. Les banques américaines s'attendent donc à un été difficile. L'Etat fédéral n'aura, je disais, que peu d'alternatives : soit continuer à renflouer (recapitalisation) les banques, soit espérer un repreneur (peu nombreux quand il s'agit de grands malades donc hypothèse peu vraisemblable), soit nationaliser en partie (notamment à travers la mise en service d'une "Bad Bank" qui récupèrerait les actifs toxiques).
Hypothèse 1 renflouement : Il s'agirait de la poursuite de ce qui a été entrepris jusqu'ici, donc quelque part un constat d'échec de la politique suivie, et peu de garantie pour l'avenir... Hypothèse 2 nationalisation : C'est la redégringolade assurée pour la bourse, et un endettement américain absolument faramineux, risquant de mettre en péril la confiance dans le dollar. Dans les deux cas, le pari est risqué...Reste la mise en faillite de ces banques, décidément plus bonnes à rien et non pas "too big to fail". Nouvelle panique boursière, ruine d'épargnants mais purge réelle du système financier.
Voilà pour la réalité de la situation financière américaine.

Mais alors me direz vous, comment se fait-il que Wall Street et dans son sillage toutes les autres bourses mondiales remontent la pente depuis plusieurs semaines ?
Deux aspects complémentaires pour répondre.
1 Des centaines de milliards de dollars ont été réinjectées dans le système financier global. Il s'agit d'en tirer profit, d'autant que le niveau très bas auquel est retombé le marché boursier autorise des opérations rentables à peu de frais. Il s'agit un peu de l'équivalent en grand (c'est à dire dans la durée et dans le volume global) de ce qu'on appelle communément un "rebond technique". Ce rebond technique est important mais il est d'une taille proportionnelle à l'ampleur de la crise.
2 Tout autre argument, durant la crise de 29 et de la décennie suivante, les bourses mondiales ont aussi connu des périodes de hausse allant jusqu'à 20%. Les mouvements boursiers ne sont jamais linéaires, à la hausse comme à la baisse. La tendance demeure d'ailleurs baissière pour les mois à venir.
On entend souvent que "la bourse anticipe" la situation économique dans les 6 mois à venir. C'est partiellement vrai. Remarquons déjà qu'elle a du mal à anticiper les crises. D'autre part, dicte-t-elle ou anticipe-t-elle la situation économique ?
Toujours est-il que le rebond actuel est théoriquement dû aussi à des statistiques moins mauvaises que prévu ces dernières semaines (consommation, emploi, marché immobilier)**
Prenons l'exemple de l'immobilier : Aux Etats-Unis toujours l'affirmation selon laquelle "les ventes reprennent" s'impose comme un leitmotiv, cependant les prix s'écroulent (en raison d'une augmentation considérable des saisies). Conclusion : Il y a de bonnes affaires sur le marché immobilier ! En même temps le patrimoine des ménages américains se réduit à la vitesse des prix. Ceux qui remboursent leur crédit immobilier, paient à des taux épouvantables pour conserver un bien largement surévalué. Ce sentiment cumulé à un fort endettement n'incite pas, lui non plus, à la consommation !
Le discours largement entendu a donc pour ressort une lecture volontairement partielle de la réalité afin de tenter de rétablir la "confiance". C'est aussi l'occasion pour les investisseurs de se renflouer un peu.

D'ailleurs plus personne ne croit au scénario en V (chute brutale de l'activité suivie d'une reprise vigoureuse) on évoque plutôt désormais une courbe en U (plus longue chute et reprise plus lente) ou en L (chute brutale suivie d'une longue stagnation). Bref, la crise s'installe dans le paysage pour longtemps. 2010 est évoquée au mieux comme une année de très faible croissance (conforme aux scénarii en U ou en L)

Bon et l'Europe maintenant ? Les States c'est bien sympathique mais ici, chez nous...on en est où et KESKIVANOUSARRIVER ? D'après ce que j'ai pu lire, mon pronostic est le suivant : Les banques européennes ont bien moins purgé leurs actifs toxiques que celles des Etats-Unis. On estime à 800 milliards d'euros (1000 milliards de dollars)le volume de ces actifs détenus par les seules banques allemandes. Alors bien sûr, bien que pourris, ces actifs ne vont pas perdre l'intégralité de leur valeur, mais une dépréciation de ne serait-ce que 10% signifierait 100 milliards d'euros à couvrir (soit 4 fois le plan de relance français) pour recapitaliser les banques allemandes. Les actifs à risque détenus par les banques allemandes proviennent pour l'essentiel de l'est européen. Depuis la sortie du communisme, les pays orientaux de l'Europe ont connu une vertigineuse croissance de l'accession à la propriété...cependant, là aussi, la hausse des revenus n'a pas suivi. Les ménages est européens se retrouvent pour beaucoup dans la même situation que leurs cousins d'outre Atlantique. L'Allemagne s'attend à une chute de 6% de son PIB, rappelons qu'il s'agit aussi de notre premier partenaire commercial. Nos autres voisins ne sont guère mieux lotis : la Grande Bretagne renoue avec ses pires années, et songe même (c'est dire !) à intégrer la zone euro. L'Espagne flirtera à la fin de l'année avec les 20 % de chômeurs. Oui, une personne active sur cinq au chômage de l'autre côté des Pyrénées à la fin de l'année. Je passerai sur la situation encore plus catastrophique de certains petits pays (Islande, Irlande, Hongrie, Pays baltes, Autriche, Grèce). Le paradis suisse vacille aussi.
La France, on l'entend beaucoup ces temps ci, "s'en sort mieux que ses voisins". C'est partiellement vrai, pour l'instant. (Pour des raisons qui ne doivent rien avec les mesures politiques de notre bon maître, bien au contraire...mais ce n'est pas mon propos ici) La puissance de la secousse est moindre pour l'instant en France (comme dans les années 30, la France, pour des raisons économiques structurelles (financiarisation moindre de l'économie, pays peu exportateur au regard des autres grandes économies du continent) est frappée avec retard par la crise. C'est en 1933 seulement que la crise atteignit véritablement la France). Mais cela signifie avant tout que la crise va être plus longue en France, et que donc, il y a fort à parier sur un retard lors de la reprise mondiale...si tant est qu'il y en ait une dans un horizon de moins d'un lustre ! L'emploi va continuer de se dégrader. Les révisions de prévision de croissance laissent entendre que son recul sera supérieur à 3% en 2009. 2010 sera au mieux marquée par une stagnation du PIB (+0.2%). Il y a deux mois on nous parlait d'une chute de 1.5%...et d'une reprise dès la rentrée 2009.
Le cap des 3 millions de chômeurs est en réalité déjà largement dépassé(si l'on inclut les DOM et l'ensemble des catégories), les estimations les plus raisonnables font état d'au moins 800000 chômeurs supplémentaires pour 2009. Quant à 2010, aucune prévision mais avec aussi peu de croissance et une incitation aux heures supplémentaires, la réduction des postes de fonctionnaires, on voit mal l'embellie !

Enfin, le reste du monde, très rapidement, non pas par mépris mais parce que si vous êtes déjà arrivés jusqu'ici, vous frôlez l'indigestion :
Le Japon est à l'agonie. Le gouvernement nippon vient de lancer son 6° plan de relance, la production industrielle est en chute libre, le volume des exportations est historiquement bas.
La Chine enfin. Les données sont plus sujettes à caution et de toute façon plus parcellaires. On dit que la crise y est mois grave que prévue. Le discours sur l'état économique de l'empire du milieu est sensiblement le même que celui qu'on veut nous faire gober concernant les Etats-Unis. Les quelques données que j'ai pu croiser font état d'une chute de la production industrielle de l'ordre de 10%, d'une croissance estimée à 6.5% (à comparer aux 9-10% de ces dernières années) et d'une explosion du chômage. Mais tout cela est à prendre avec des pincettes. En fait, le défi de la Chine est de parvenir à développer son marché intérieur pour moins dépendre de ses exportations. Ce que l'on sait de façon sûre c'est que l'Etat chinois, via ses fonds souverains, place moins dans les bons du trésor américain, et a préféré acheter 400 tonnes d'or le mois dernier ! Prudence donc...

Vous l'aurez compris, je suis assez pessimiste (j'espère) mais réaliste (je le crains). La chose la plus insupportable serait en réalité que les rustines empêchent le ballon de se dégonfler totalement. Il est inadmissible que les pouvoirs publics acceptent unanimement de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour relancer ce qui a failli. Il est inadmissible que tous ces beaux esprits libéraux de la veille engagent les deniers de l'Etat pour redonner vie à un système qui cause notre ruine à tous. Si l'on doit sauver les banques (admettons) que l'on se donne au moins les moyens de les contrôler !! En somme, si l'on doit payer une fois de plus pour les riches, que ce soit la der des der!!

*C'est d'ailleurs pour cela que les Etats ont commis une erreur (idéologique) en privilégiant la relance par l'investissement et non par la consommation (la consommation est en berne partout en raison d'une part de la stagnation des salaires et d'autre part d'un surendettement des ménages). La "bulle des pauvres", et ils sont nombreux, se dégonfle : Dans les pays développés, on a en effet poussé les pauvres à s'endetter (prêts immobiliers, à la consommation) comme une soupape de sécurité, comme une promesse d'ascension sociale par l'endettement. Dans ce système, le travailleur pauvre demeure un travailleur pauvre (stagnation salariale) mais vit comme un riche (propriétaire). Ce qui vous le comprenez est intenable.
**On ne peut que sourire, du coup,à ce qui est dit au dessus : Comment se fait il que la Bourse anticipe tout en dépendant de la situation présente ?


PS : Agiornamento per un risorgimento



J'hésite encore : le PS, pour sauver la gauche, doit-il mourir ou se "refonder"?
La question n 'est pas que rhétorique, malheureusement. Il est certain que le PS est nuisible depuis une bonne vingtaine d'années aux idées de gauche. En revanche, il était le seul parti capable de porter une partie de la gauche au pouvoir. Aujourd'hui, il ne remplit plus cette fonction ou si mal. Hormis le cadeau offert par Chirac lors de la dissolution de 1997, le PS n'est plus au pouvoir depuis 15 ans dans des élections normales. Par ailleurs, l'espoir de remporter les seules législatives en vue de gouverner a disparu depuis le quinquennat et l'inversion du calendrier. Emporter les élections présidentielles est devenu le seul moyen d'accéder au pouvoir. Or le PS s'ingénie à se diviser dans ses occasions.
Nuisible intellectuellement à la gauche, le PS est il en passe de devenir son fossoyeur électoral ? C'est à craindre.

D'aucuns parmi vous, chers lecteurs, s'étrangleront, s'indigneront ou éructeront : "Mais par quoi le remplacer ? C'est si facile de cracher sur le PS mais c'est le seul..." Effectivement je vous l'accorde, mais ces arguments sont-ils une condition suffisante pour passer sous les fourches caudines à chaque élection ?
"Sans le PS on en prend encore pour vingt ans de droite" Oui mais cela est déjà le cas, avec ou sans le PS. Nous avons droit à quelques intermèdes "de gauche" : des emplois jeunes qui disparaissent, des 35 heures qui sombrent, des privatisations qui perdurent, et voilà on referme la parenthèse. Entretemps on supprime tout service militaire et on fait le quinquennat en se tirant une balle dans le pied.
Franchement à quoi ça sert ? Puisque la gauche est aujourd'hui un champ de ruines autant prendre le temps de la reconstruire !

Alors faut-il pour autant faire tabula rasa de l'existant?
Durant les années 90, les contempteurs du communisme tout juste défunt, lançaient sans cesse leurs flèches sur un PCF déjà bien moribond sur le thème du "alors on défend toujours une idéologie qui a produit un système totalitaire responsables de dizaines de millions de morts?" (Cf : "Le livre noir du communisme" qui posa le sceau scientifique et historique à ce discours politique dominant alors.) De façon identique ne serait-il pas judicieux de demander aux socialistes d'aujourd'hui : "Ne vous semble-t-il pas que votre appellation est galvaudée alors que vos politiques ont produit des millions de chômeurs ? Comment conciliez vous le socialisme avec les critères de Maastricht qui, jusqu'à peu, empêchaient de mener une politique de relance ? Pourquoi les sociaux démocrates européens ont-ils fait de l'UE le plus grand marché libre échangiste au monde? Votre conversion au libéralisme ne s'apparente-t-elle pas à une trahison de vos idées et de ce qu'étaient alors vos électeurs, qui d'ailleurs ne se retrouvent plus chez vous?"
Bien sûr la droite se garde de vous le dire bien que Fillon affirmait, il y a peu, que "la droite a gagné la bataille culturelle". Bien sûr, évidemment puisque vous vous étiez ralliés à leurs fondamentaux (sécuritarisme, libéralisme, résorption des déficits, ouvertures à la concurrence, privatisations...)
Mais, heureusement l'Histoire n'avait pas dit son dernier mot. La "crise" économique a fait chavirer les certitudes de la veille. Et là, la droite au pouvoir, a abandonné, en paroles, ses valeurs et entrepris une grande manœuvre de récupération, de ré appropriation d'un vocabulaire que je qualifierai de "socialisant". Ces mots là, vous ne savez plus les prononcer, pour vous ils font trop "vieille gauche" pas assez "troisième voie"; pire,ils laissent apparaître un marxisme mal dégrossi, souvenir de vos premières années de militantisme. Alors, à la remorque de notre seigneur à tous, vous ânonnez, vous chuchotez. Chers camarades, il vous faut revoir votre logiciel, réapprendre ce qu'est le socialisme (et non le marxisme d'ailleurs). Le socialisme, à travers vos lèvres, était devenu "l'encadrement du système capitaliste", alors que son projet initial (avant le marxisme) était de lutter contre ce dernier, d'offrir une alternative sans pour autant revendiquer une quelconque "dictature du prolétariat".
Alors oui, il est grand temps pour le PS d'effectuer son agiornamento. De reconnaître ses erreurs, de puiser une nouvelle inspiration dans les origines de ce mouvement d'idées. La social démocratie que vous cherchez à incarner sous prétexte de modernité, est morte. La social démocratie fut un parti libéral, qui bâtit de ses mains l'Europe et le monde qui s'écroulent sous nos yeux : Un monde politiquement (démocratie représentative en tant que fin en soi) et économiquement(libre marché et concurrence, dérégulation, mondialisation du commerce...) libéral. Voilà tout.
Bref, sans effectuer ce difficile retour sur soi, pas d'issue. Avec, un déchirement assuré, des tiraillements, des combats singuliers, un éclatement, une implosion peut être... Mais un discours sincère et des actes authentiquement de gauche : au bout du tunnel, un risorgimento.

Une bonne tête de Turc, enfin !


Alors comme çà, on y est. Nous sommes entrés dans la phase "active" de la campagne pour les Européennes. Quoi de plus normal puisque notre grand manitou l'a décidé. Les médias au garde à vous ont répondu présent, en relayant les folles embrassades entre Angela et Nicolas, qui, sachez le braves gens, sont "d'accord sur tout". Oh que c'est beau, comme une relance un peu. D'ailleurs ne s'agit-il pas de la "relance du couple franco allemand" ? Mais oui puisqu'on vous le dit ! Oubliées les révérences outre Manche, oubliée l'Union pour la Méditerranée, oubliés les regards en chien de faïence, ....Oubliez, chers fidèles. D'ailleurs du passé, faisons tabula rasa. Après deux ans de présidence, les grands industriels détenteurs des organes de communication ( se dit média en démocratie) ont eu droit à leur bouclier ; lesdits organes ont été largement renfloués et l'audiovisuel public savamment repris en main : Tout ce petit monde est unanime : après deux ans de présidence "IM-PO-SS-IB-LE de tirer un bilan" Quand je pense quon dit de cet homme qu'il est "courageux" ...(Sur la notion de courage aujourd'hui j'ai lu un excellent dossier dans Philosophie magazine). Etre contraint de filer du pognon à ses proches pour éviter qu'ils puissent émettre le soupçon d'une critique à son encontre. A vomir.
Bref, donc pas de bilan, pas de retour sur le parcours tumultueux de la France sur la scène européenne, non pas ça, un nouveau sujet siouplaît : la Turquie !

Cela faisait longtemps qu'en dîtes vous ? La dernière fois, voyons, c'était quand ? Non, non, siouplait ne remuez pas le passé...répond le choeur. Si ! la dernière fois c'était en 2007. Régulièrement, le sujet revient sur le tapis, lors des grandes occasions électorales. Quoi de plus porteur que la Turquie et l'UE, c'est simple, les gens comprennent, c'est concret ça, ça leur parle. Mouais, c'est bien la Turquie. Pas grand chose à dire de neuf mais bon c'est la même fonction que "le détail de l'Histoire" mais en plus classe. On l'utilise quand il faut faire parler de nous, montrer qu'on en a nous des couilles.

Alors voilà comment on fait : D'abord je vais faire un petit discours pour soulager un peu la baronne d'Ati qui patauge dans la boue de la PAC ces derniers temps. Et là je dis "L'Europe n'a pas à s'excuser d'avoir été chrétienne". Je compte sur mes plus fidèles serviteurs laïcards et gauchistes repentis (tel Val) pour s'interroger doctement "Est ce que l'Europe est vraiment chrétienne, l'apport des Lumières et patati et patata, débattant sans fin, ce qui, au final, revient à parler de moi, de moi et de moi tout en validant, par la tenue de débats sans fin, ma théorie. Mais moi, j'ai pas le temps, la deuxième partie du plan doit se dérouler une semaine après quand je me rends chez Angela. Là on va sceller devant les caméras (surtout françaises d'ailleurs) notre réconciliation. Béats vous en resterez quand vous nous entendrez d'une même voix déclarer "Oui nous sommes d'accord sur tout" et "Non,nous ne voulons pas de la Turquie dans l'UE" et pour faire bonne mesure "Nous sommes conjointement très heureux de la présence d'un bataillon allemand sur le sol français". C'est merveilleux ce que l'usine à fantasmes peut produire. Des soldats allemands en France, c'est pas une réussite ça ? Hein Hein ?? ( A ce propos, la mairie d'Aix en Provence a cru bon de pavoiser ce dernier 8 mai, quoi de plus normal et commun me direz vous. Oui sauf qu'un drapeau sur deux n'était pas tricolore, mais ressemblait à une bannière étoilée sans rayures horizontales. Le 8 mai, c'est la capitulation de l 'Allemagne nazie pas la journée de l'Europe..."Mais qu'importe" répondit alors le chœur)
Et donc, cher lecteur, que croyez vous qu'il arriva après cette apothéose médiatico-diplomatique ? Le lourd et pesant silence de l'opposition, gênée de ne pas savoir, de tergiverser quant au degré d'appartenance de la Turquie à l'Europe.

Grâce à la nullité de ces adversaires, l'énergumène en chef est parvenu 1/ A faire parler de lui ce qui est le fond de sa stratégie 2/ A réduire l'opposition au silence 3/ A mobiliser son électorat, 4/ A porter les regards ailleurs, détournant l'actualité de la crise économique et son demi mandat. Un coup de maître.

Voilà pour la surface des choses, maintenant essayons de réécrire et de faire un palimpseste de tout ça.

Reprenons, "L'Europe n'a pas à s'excuser d'avoir été chrétienne" (je cite de mémoire). Pourquoi cette déclaration ? le problème n'est pas avec la Turquie mais avec les Etats-Unis, lors de sa visite dans le cadre du G20 et du sommet de l'Otan, Obama a demandé à ce que la Turquie entre dans l'Europe. La Turquie, membre de l'Otan rappelons le. Dans le cadre du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, nôt ptit père, est un peu embarassé. Comment lui refuser ?
Bon et puis il y a les sondages sur la perceptins de l'UE par les Français. Or, ce qui est largement reproché à l'Union est son élargissement continu. C'est à dire l'intégration de l'Europe centrale et orientale (les fameux dix suivis de la Bulgarie et de la Roumanie). Pourquoi ce reproche revient-il si souvent 1/ On ne nous a rien demandé 2/ Ces pays dans le cadre de l'UE profitent du bas coût de leur main d'oeuvre -accusation (justifiée dans de larges proportions) d'être responsables des délocalisations-.
Ce n'est pas vraiment des élargissements à venir dont le rejet provient, mais des derniers réalisés. De cela, l'autre s'en fout "vous savez l'Histoire, allons plutôt de l'avant" ..."rassurons plutôt nos brebis égarées dans la jungle du monde mondialisé" Et quoi de mieux pour les rassembler que la peur du loup!! Mais tout de suite on assure que "Non ! le loup n'entrera pas dans la bergerie"...entretemps, le dernier élargissement est passé à la trappe.

Mais bien sûr, il ne suffit pas de sauter sur son siège et de dire "la Turquie, la Turquie, la Turquie" et attendre des retombées médiatiques. Ce qui gêne notre Seigneur et ses serfs, ce n'est pas la Turquie mais l'Islam. Tout le monde le sait mais personne ne le dit. Alors, son Altesse va le dire mais en deux temps (parce que lui, il en a !!):
1/ L'Europe n'a pas à s'excuser d'être chrétienne
2/ Une semaine après "Non, la Turquie n'a pas vocation à entrer dans l'UE"
Résultat : La Turquie n'entrera pas dans l'UE tant qu'elle sera musulmane. Voilà l'électeur lambda rassuré, pas de basané en plus. Sarko, il l'a dit. Le citoyen oubliera que son Europe chrétienne l'a foutu au chomdu.

Le christianisme européen est une donnée historique. Contestable aux périphéries du continent (Bosniaques, Albanais). Surtout le christianisme n'a depuis le XI° siècle jamais été unificateur de l'Europe, mais plutôt pomme de discorde. Ah, oui, les guerres de religion, c'est vrai, c'était entre chrétiens..et pourtant à cette époque, les affreux Turcs musulmans étaient aux portes de Vienne et pis, François 1er avait noué quelques alliances avec la Sublime Porte, pour contourner la puissance espagnole. Le christianisme européen alors certes est une réalité, mais de moins en moins prégnante. Pour deux raisons essentielles : 1 les minorités musulmanes sont de plus en plus importantes sur le sol européen (tout comme dans une moindre mesure d'autres confessions) 2 De moins en moins d'Européens se revendiquent "chrétiens". Il faudrait alors dire que l'Europe actuelle a hérité, pour une large part, d'une culture à dominante chrétienne (mais aussi grecque, latine, arabe...). Quant à s'excuser d'être chrétien, qui l'a demandé à l'Europe?? Personne, absolument personne. C'est même absurde.
Le propos tenu par notre Chah n'avait donc pas lieu d'être, n'avait aucun fondement. Seulement voilà, il faut masquer l'absence de programme européen du parti présidentiel. Quoi de mieux qu'un contre feux ?

La rencontre avec la grosse Bertha a tout d'un extraordinaire conte de fées. Seulement pour nos deux amis, plutôt que de trop surligner le "cas turc" et pour ne pas trop froisser Ankara, il a fallu insister sur une nécessaire pause dans le processus d'élargissement pour satisfaire l'ENSEMBLE de l'opinion publique qui, si elle n'est pas antiturque (comme les pro UE de droite), est de toute façon anti élargissement (Opinion de gauche eurosceptique) pour des raisons toutes autres évoquées plus haut. Coup double ? Non, énorme mensonge. L'élargissement se poursuit, l'entrée de la Croatie est presque déjà acté. En plus la nouvelle tombait mal car le jour même, l'Islande se portait officiellement candidate. Résultat ? Dans 3 ans environ nous serons au moins 29 pays membres, mais rassurez vous, la Turquie en sera toujours exclue.

On peut gloser à l'infini sur le cas turc. Mais son intérêt principal pour nos élites est d'être l'arbre qui cache la forêt de questions que soulève le projet européen. Car de deux choses l'une, soit l'Union est une zone de libre échange à vocation économique et dans ce cas, il n'y a aucune raison de s'arrêter aux frontières théoriques d'un continent qui n'existe pas, soit elle est un espace ayant un projet politique, une ambition géopolitique porteuse de valeurs que l'on voudrait universelles.Mais dans ce cas l'Europe ne peut être chrétienne. En outre, de tels projets l'Europe est dépourvue. Le principe de refuser a priori la Turquie ne tient donc pas la route.

L'UE, comme notre Ayatollah préféré, ont préféré désigner un cheval de Troie (celui qui risque d'introduire les hordes d'islamistes fondamentalistes au coeur de l'Europe...comme s'il avaient besoin de cela d'ailleurs).

Au fait, Troie, c'est pas en Turquie par hasard ? Merde pour un récit fondateur de l'identité européenne, on aurait pu trouver mieux.






samedi 16 mai 2009

Palimseste, pour qui, pour quoi ?


Voilà, c'est fait. Comment le remplir ? Qui le visitera ? Quelle durée de vie ? Et puis à quoi bon? Voilà les questions qui m'animent pour l'heure, mais passons. J'aurai pu aussi passer quelques heures sur la présentation de mon nouvel animal de compagnie, quel aspect ? Quelle interface et patati.

Je suppose ces questions inhérentes à la création de tout blog...

Pourquoi ce titre de blog ? Il a pour moi l'avantage de résumer l'ambition et l'esprit de ce qui m'anime ici. Un palimpseste est un manuscrit que l'on a gratté pour effacer les anciens écrits afin de le réutiliser. Rendu vierge pour être à nouveau pollué en quelque sorte.

Le palimpseste est donc une méthode et un but. Il est le produit d'une civilisation de la modestie, dans laquelle l'abondance est inconnue. Où l'écrit était donc rare et précieux. Imaginons le temps que cela devait prendre que d'effacer un texte en le grattant soigneusement sans détruire le support. On pourrait même émettre l'idée que celui qui l'effaçait connaissait mieux le texte que son auteur.

Mais dans le palimpseste réside aussi l'idée d'une hiérarchisation : ce qui était réécrit devait avoir plus d'intérêt que ce qui était soigneusement gommé. Savoir distinguer l'essentiel du futile, trier parmi le flux...c'est la liberté de ceux qui "savent".

Vous voyez où je veux en venir ? Tant mieux !

Il n'y a donc pas moins actuel, moins tendance, que le palimpseste.

Et pourtant... Faire du neuf avec du vieux : A l'heure d'une crise inédite on reparle de nationalisation. Face aux événements soudains se retourner vers ce qui demeure, ce qui est au delà de la temporalité.

Le palimpseste fait progresser, car il a besoin de l'ancien, de s'y replonger pour "faire avancer". Il redigère, ne peut qu'intégrer ce qui précède.

Alors quels contours pour un palimpseste numérique ?

Sera palimseste le blog qui ne fournit pas une information brute, sera "palimpsestique" l'article réalisé après digestion de ce qui a déjà été dit, écrit, vu ou entendu. Le temps n'a pas de prise sur le palimpseste. Le palimseste numérique est résistant en ce sens qu'il ne fait pas de l'immédiateté son fonds de commerce ou sa condition d'existence. Il traitera de l'actualité mais dans sa propre temporalité, parfois même il s'exercera à "l'art" difficile de la prospective. Il a pour principe de ne pas réagir à chaud pour exprimer en premier ce qui le lendemain deviendra un lieu commun. Antiscoop le palimpsete !! Il préfèrera relire ce qui a été dit, le critiquer, relancer le débat...sans en oublier l'origine.

Le palimpseste est une profession de foi, un acte de résistance, une méthode de travail. N'ayons pas peur des gros mots, c'est une idéologie, que dis-je ? une utopie.

Enfin, vous vous dîtes mais de quoi va-t-il parler? Dans quel but ? Ses principes sont sympathiques, mais pourra-t-il s'y tenir ? A ces questions je n'ai pas de réponse.

Une dernière chose, laissez un max de commentaires et puis si vous avez des articles à soumettre, ce sera un plaisir de les publier.

Salut tout le monde ! bonne lecture !