lundi 14 septembre 2009

L'Histoire aujourd'hui : La mémoire



Dans cette série d'articles, je présuppose que les rapports d'une société avec son histoire, déterminent largement les rapports sociaux, l'imaginaire symbolique ainsi que son regard introspectif. L'image que nous avons de nous mêmes est la reconstruction de ce que nous croyons incarner. Au terme de cette série, j'essaierai de tirer quelques conclusions concernant l'évolution de notre regard sur nos agissements. La façon dont nous nous percevons au regard de notre histoire en dit long sur ce que nous aspirons à être. Le pari est plus qu'ambitieux, peut être prétentieux, j'en conviens. Mais bon, "faut bien s'lancer !"


Depuis quelques temps, un débat original agite les historiens et quelques intellectuels venus d'autres horizons : Que commémorer ?
D'aucuns s'offusquent de l'absence de toute personnalité française de rang important lors des reconstitutions/commémorations annuelles de la bataille d'Austerlitz. Pourquoi avoir honte de "nos" victoires ? Pourquoi faire l'impasse sur nos moments de gloire ? Quel pays ne s'est pas forgé aussi dans les victoires ? Pourquoi exclure Austerlitz de notre patrimoine alors que les officiels français ne rechignent guère à s'incliner à Waterloo ou ailleurs au nom des victimes innocentes tombées face à l'armée française ?
D'autres sont favorables à l'instauration de journées de commémoration de l'esclavage (La ville de Bordeaux est désormais dans ce cas de figure), ou en souvenir des crimes commis en Algérie, dans les colonies, ou d'une minute de silence annuelle pour les victimes de la Shoah. Il est primordial qu'un pays comme la France soit capable d'effectuer pleinement son travail de mémoire sans en dissimuler les faces sombres.

Pour résumer, les premiers seraient des "nationalistes", les seconds des "humanistes".
L'option nationaliste estime que les Français peuvent être fiers de ce qu'ils ont réalisé au cours de leur longue histoire, les seconds pensent que a France fut avant tout une puissance majeure et qu'à ce titre, elle n'a pas hésité à avoir recours au même instruments de terreur que les régimes inquisitoriaux, tyranniques, impérialistes ou totalitaires.

Le pouvoir politique depuis Chirac a pris le parti de s'excuser officiellement pour l'esclavage ou pour Vichy. Dans le même temps, il a tenté d'introduire un amendement visant à enseigner les aspects positifs de la colonisation. Depuis Sarkozy, la confusion s'installe et le devoir de mémoire relève du seul émotionnel : Confier une âme d'enfant juif déporté à chaque élève de CM2 ou lecture de la dernière lettre d'un résistant communiste avant d'être fusillé. Commémoration en grandes pompes du débarquement en Normandie avant sommet bien réel de l'Otan, ce vestige de la guerre froide. Le 14 juillet ne donne plus lieu à la traditionnelle garden party quant au défilé militaire matinal il a désormais pour but d'accueillir des régiments étrangers, les plus exotiques ou symboliques possibles. Quid de la fête nationale ?

Dans le champ médiatique, les mémoires tendent à supplanter l'histoire. Diverses et souvent contradictoires, les mémoires se repaissent des commémorations ou autres célébration. Se souvenir, devoir de mémoire, ne pas oublier, voilà les nouveaux impératifs kantiens du siècle qui se lève. L'histoire dans tout cela est malmenée, tiraillée. Jugez en : conflit israélo palestinien, que peut l'Histoire ? Dans les médias, les discours, (même le si exceptionnel discours du Caire d'Obama) partout ce conflit est expliqué par des divergences religieuses, ethniques et l'immense chappe de plomb de la Shoah empêche toute réflexion sérieuse : Certains vont jusqu'à la nier pour faire ressortir l'atrocité des crimes israéliens (Iran), d'autres, au contraire, estime que cette catastrophe subie par le peuple juif, justifie leurs agissements actuels, les lave de tout soupçon. Il y a quelques jours un rapport de l'Onu fait état de crimes de guerre (et dans certains cas de crimes contre l'humanité) commis par Tsahal (l'armée israélienne) lors de leur dernière offensive à Gaza. Quoi ? Crime de guerre ? Crimes contre l'humanité ? Oui, vous avez bien lu. Votre devoir de mémoire réagit au quart de tour : "Mais c'est les Nazis qui les premiers ont dû comparaître pour ces crimes lors du procès de Nuremberg... Non, c'est impossible, que ceux qui ont subi cela, puissent aujourd'hui... "
Et pourtant si. C'est là la différence entre histoire et mémoire. Dans l'imaginaire collectif dominant, les juifs (et donc ici les Israéliens) ne peuvent être que des victimes. L'Histoire nous enseigne que bien des victimes passées se sont transformées en bourraux. La mémoire est à l'histoire ce que la pellicule est à la photo. Il est nécessaire de la traiter pour en tirer une reproduction plus fidèle de la réalité. Brute, elle est sans intérêt, nuisible même à l'interprétation des phénomènes qui se déroulent sous nos yeux.

Résumé : Les mémoires envahissent tout et piétinent la discipline Histoire. Elles sont souvent contradictoires et conflictuelles. Mais le fait de les" travailler" nous incite à ouvrir les yeux sur certaines pages sombres. On peut craindre que le mea culpa permanent vire à une espce d'auto flagellation permanente, plus rituelle qu'admise ou comprise.

dimanche 13 septembre 2009

Non, non rien n'a changé, tout ,tout doit se transformer

PETITS DOUTES ENTRE "AMIS"

Le calendrier électoral impose le tempo. En vue des régionales, dans 6 mois et qui ne peuvent qu'être une défaite du PS (puisque 20 régions sur 22 sont détenues par le PS), les différentes composantes de la gauche et du centre (du MODEM au NPA) cherchent la "bonne" formule pour bien figurer lors du scrutin. C'est la priorité du moment et elle exclut toute autre "priorité". Exit les débats de fonds : services publics, retraites, déficits, chômage, crise économique, protectionnisme ou libéralisme, Barosso ou pas, ou même le mode de désignation du candidat de la gauche pour 2012. Ce qui compte c'est passer des alliances, pour la plupart improbables. Revoilà la gauche réduite, une fois de plus, à constater ses divergences. Plutôt que de poser le problème et d'en débattre,mieux vaut exposer ses vues contradictoires et remettre la discussion à plus tard !!
Car, à l'exception du NPA (et encore), du Modem (quoique) et des Verts (semble-t-il) et du parti de Gauche (ça semble clair, du moins pour l'instant)aucun parti n'a défini de stratégie. Pour y voir clair résumons :
Un NPA qui exclut toujours une alliance avec le PS mais qui serait prêt à transiger avec le PCF, si celui-ci s'engage plus avant dans une alliance durable avec la gauche de la gauche(et donc renonce au PS, donc à des élus...), enfin pourquoi pas faire alliance avec le petit PG ?
Un modem, qui serait prêt au cas par cas à faire alliance avec le PS, les Verts et pourquoi pas certains "communistes". Alilleurs, on pourra éventuellement faire gagner la droite (pas bien dirait Bayrou) ou faire cavalier seul au premier tour afin de faire monter les enchères.
Un parti Verts tout fier de ses 16% aux Européennes, qui cherche à fructifier ce score en partant seul puis en faisant alliance avec le PS au second tour. Avec des arrières pensées : pourquoi pas passer en tête en Ile de France par exemple, mais pour cela faudrait se mettre le Modem dans la poche (Idylle Sarnez Cohn Bendit), et des interrogations en Poitou Charentes, plutôt avec ou contre Ségolène Royal ? Cette question est la même pour le Modem car se présenter contre Royal c'est choisir la stratégie du coup d'éclat mais défaite quasi assurée, et de Royal, et de l'ensemble de la gauche. Avec Royal cela signifierait quelques élus mais peu de bénéfices médiatiques (tout reviendrait à Royal, capable d'unifier sur sa liste Verts et centristes)
Un parti de gauche qui considère comme un succès le score du Front de gauche (avec le PCF) lors des européennes, qui souhaite poursuivre l'aventure loin du PS mais pourquoi pas avec le NPA. Mais la survie du Front de gauche n'est pas certaine au vu des valses hésitations du bureau du PCF.
Un PCF qui tergiverse en apparence mais qui ne peut se permettre de perdre les nombreux élus régionaux dont il dispose grâce à l'alliance avec le PS. Ce parti qui ne représente que 2 à 3% des suffrages ne veut perdre sa surreprésentativité dans les exécutifs régionaux à aucun prix. La fête de l'Huma livrera sa vérité mais il y a fort à parier que le PCF choisira l'alliance avec le PS à condition d'en exclure le modem.
Un PS inquiet. 2 lignes s'affrontent : les partisans de l'alliance avec le Modem et les partisans de l'alliance à gauche (comprendre ici PCF) plus le trublion verts qui favorise plutôt la première tendance. Beaucoup privilégient l'alliance avec le Modem a priori mais il y a un hic : Royal est sur cette position depuis 2007. La main tendue de Bayrou est également délicate. Difficile de refuser. Toutefois les Verts (Bendit surtout) préfèrent aussi partir avec le Modem plutôt qu'avec les communistes. Il est vrai qu'électoralement il n'y a pas photo. Les partisans de Strauss Kahn, de Royal, les Peillon, Valls, Montebourg, sont plutôt sur cette ligne.
Aubry n'a pas le choix, elle doit rassembler son aile gauche (Hamon, Emmanuelli) afin de combattre les principaux concurrents de 2012. Résultat on va demander à Bayrou de se déclarer de gauche (on en est là !) et mitonner notre alliance avec le PCF pendant ce temps. On se teint en rouge plutôt qu'en bleu. Dans cette configration on peu laisser pas mal de lattitude aux têtes de liste dans leur région. La difficulté dans ce cas de figure est d'éviter la déroute aux élections : comment rassembler verts et Modem entre les deux tours ?
Donc pour termier sur ces aspects :
Un NPA qui veut démontrer à toute la gauche sauf le PS que seule sa stratégie est la bonne.
Un MODEM à la recherche d'un second souffle mais qui, animé par un très violent rejet sarkozyste est prêt à s'allier avec la gauche.
Des VERTS qui continuent à faire de la politique comme un lobby (du greenpeace électoral) à défaut d'avoir une position claire sur l'échiquier politique.
Un PG dépendant et impuissant.
Un PCF qui n'entrevoit d'autre avenir que celui de sauver quelques strapontins.
Un PS qui ne parvient pas à dissocier les régionales des présidentielles à venir.

LE TEMPS RETROUVE ?

L'espace temps qui pouvait amener une recomposition de la gauche est désormais écoulé et la situation est en réalité encore plus complexe que précédemment. 2 partis de plus dans la "gauche" PG et Modem, plus un autre qui a pris tant de poids qu'on n'est plus vraiment sûr qu'il soit de gauche (VERTS). Puisque l'opposition à droite de la droite n'existe plus (De Viliers rallié, Le Pen out), les termes de gauche, d'opposition, et d'antisarkozysme sont devenus similaires. Or, un tel patchwork n'est pas tenable. Seul le PS est écartelé entre les deux extrémités ou presque de ce spectre politique. Le PS demeure au centre du jeu à gauche par le seul truchement du PCF.

Pourtant, il devient urgent que les forces à gauche du PS se réunissent, une fois pour toutes, pour former un parti comparable à Die Linke en Allemagne dont les succès électoraux en Allemagne mettent les Sociaux démocrates au pied du mur : gouverner avec le centre et la droite ou avec Die Linke (La Gauche) ? Dans le premier cas le SPD (socio democrate) s'apparenteront à des conservateurs libéraux dans le deuxième comme une force progressiste modérée. Le PS français en entretenant le doute à ce sujet est responsable des défaites successives de la gauche.

APRES MURE ET SOUTENUE REFLEXION

On a pu longtemps croire que la gauche avait "honte" de ses idées une fois au pouvoir, mais aujourd'hui elle donne l'impression de ne plus avoir d'idées et de le dissimuler dans l'opposition. Autrefois, elle cachait après ce qu'elle était censée être, aujourd'hui, elle cache son vide idéologique pour ramasser des citoyens déboussolés. Dans un monde plus complexe et plus incertain, la gauche nous enseigne le doute et l'aporie : c'est honorable mais ce n'est pas son boulot.


CHERCHONS DESESPEREMENT OUVRIER ARABE INTEGRE DE GRANDE TAILLE

Collision : Sarkozy lors de ses déplacements qui veut faire croire aux nains qu'ils peuvent être aussi grand que lui, et Hortefeux qui explique aux Arabes qu'ils ne seront jamais comme lui. La communication gouvernementale a du plomb (ou du carbone) dans l'aile ces temps-ci. Toujours le rôle des caméras. Ce qui ne révèle que d'un texte n'a plus aucune importance. Si l'on avait des images de responsables socialistes en train de falsifier les résultats du congrès de Reims, sûr que ce parti ne s'en serait pas remis ! Toujours aussi, la fonction de la personne prise au pège. Les propos d'Hortefeux sortis de la bouche de le Pen auraient suscité l'ooprabe de l'ensemble de la classe politique y compris de Fillon et de Lang, mais là on touche à la droite du prince, on passe outre. Ces mêmes propos sortis de la bouche de votre ami beauf du comptoir auraient suscité une moue désapprobatrice de votre part (j'espère, au moins ça !), mais certainement pas l'esclandre ou le cri qui n'ont pas manqué de surgir du plus profond de vous en voyant cette vidéo. Alors voilà : je pense que cette plaisanterie de très mauvais goût, parce qu'elle a été prononcée en public, dans une réunion politique,devant caméra de télé et proférée par un ministre de l'intérieur en exercice, doit être sévèrement réprimandée. N'oublions pas que ce même ministre a limogé deux jours avant un préfet pour "propos racistes". Le plus grave n'est pas tant ce qui a été dit, mais qui l'a dit.

ET AU DESSUS PLANE ROYAL

Si certains préfèrent rabaisser à leur taille leurs interlocuteurs, d'autres cherchent à prendre de la hauteur. Coup sur coup S. Royal s'impose et pour la première fois destabilise véritablement la communication gouvernementale. L'épisode de la taxe cabone la place incontestablement comme opposante la plus efficace à notre majesté. Du même coup, elle envoie au tapis ses camarades socialistes et cogne sur la supposée pureté virginale des Verts (qui pour apparaître sociaux plutôt que bobo devront repasser). Or, dans cette affaire, les médias, dans leur majorité ont du reconnaître la justesse de ces propos (un IMPOT d'abord, INJUSTE ensuite, INEFFICACE enfin) en dépit des attaques très violentes qu'elle a subi à cette occasion (Conh Bendit la juge "démagogue et stupide"...) Du coup les Verts qui dans un premier temps se sont réjouis de la taxe ont retropédalé ensuite, et Fillon a été une fois de plus humilié par sa suffisance.