mercredi 22 juin 2011

Réconcilier la Marseillaise et l’Internationale

Telle est l’affaire. Le Front de Gauche ne doit avoir d’autres ambitions que de réunir ces deux parties de l’opinion publique. Parvenir à faire converger leur intérêts en rappelant que la république n’a de sens que si elle est sociale. Alter et les protectionnistes, républicains et révolutionnaires n’ont aujourd’hui plus d’intérêt à se chamailler : il est temps de s’unir pour contrer le libéralisme cocardier à l’œuvre presque partout. L’internationalisme ne peut se déployer sans souverainetés nationales. La république doit être comprise comme la gardienne des traditions mais aussi comme l’outil de transformation sociale.

Les damnés de la Terre sont aussi des patriotes. Du gaullisme social au communisme, de l’écologie citoyenne aux libertaires, ces familles doivent se fédérer pour sauver l’essentiel. Car l’ennemi actuel est polymorphe en mutation permanente. Pour le paralyser, il faut lui offrir un front de résistance le plus large possible. Ce front de résistance sera une force de convictions.

Lesquelles ? Elles sont avant tout démocrates, sociales, républicaines et écologistes. Ces étendards, nous les assumons de bout en bout. Il n’y a pas d’avenir pour la France sans leur sanctuarisation absolue.

Bien sûr, il y aura des divergences, par exemple sur le Nucléaire, certains seront plus sensibles à la défense du modèle républicains, d’autres plus concernés par le développement des filières courtes agricoles ou au développement des AMAP. Mais qu’importent au final ces diverses sensibilités puisque ce qui nos anime c’est d’abord la volonté de redonner la parole aux Français, c’est à dire rendre le peuple à nouveau souverain et maître de son destin. Car ce dont il s’agit c’est de reconquérir notre plus grand bien, la démocratie.

Vous direz peut-être que j’emploie là des grands mots, qui sonne creux. Mais observez avec moi que :

-Nous avons un président dont le pouvoir ne cesse de se renforcer et un parlement rendu aphone par la discipline de parti et impuissant par la dépossession de ses attributs. Un exemple actuel : la guerre en Libye. Ce n’est qu’en juillet que le parlement aura un premier débat sur le sujet, soit trois mois après  le déclenchement de l’opération par le seul président.

-Nous avons l’OTAN, carcan militaire qui dicte notre politique étrangère et nous aligne d’office sur les Etats-Unis.

-Nous avons l’UE et la commission de Bruxelles qui nous expliquent comment réaliser nos budgets nationaux.

- Nous avons la BCE et le FMI qui nous disent comment rembourser notre dette et qui gèrent en toute indépendance (indépendance vis a vis des  Etats bien sûr, pas du marché) notre monnaie.

-Nous recensons aussi les mégabanques, les multinationales, les fonds d’investissement, les agences de notation qui nous mettent à genoux. Ils décident du gel des salaires et amputent les retraites à leur guise.

Ce rapide état des lieux pour signaler que nous sommes peu a peu dépossédés, à nouveau dans les fers et bientôt asphyxiés. Jetons juste un oeil rapide sur la façon dont tournent les événements lorsque le peuple dit NON.

-2005, non au référendum 2007 resucée du même texte, traité de Lisbonne, on ne demande pas l’avis à la population

-Irlande, ratification de Lisbonne refusée par référendum. Un an d’après on revote.

- Grèce, refus du plan de rigueur, manifestations massives, abstention très forte aux élections, nouveau plan de rigueur, manifestations massives.

-Espagne : Indignés espagnols, aucune prise en compte officielle, relais médiatiques faibles. L’UE et les gouvernements nationaux passent outre.

-Italie : triple référendum, résultats sans appel. Berlusconi désavoué très massivement. Depuis rien ne bouge.

Il s’agit bien d’une régression démocratique qui est à l’œuvre partout en Europe, elle s’accentue partout.

- Les caméras deviennent omniprésentes, les passeports biométriques sont devenus la règle, les droits syndicaux sont remis en cause, combien de manifestants obligés de se débadger dès la fin des cortèges ? Des radars qui pullulent, des plages non fumeur.  Du fondamental à l’anecdotique, le principe est le même, il s’agit de surveiller, de contrôler les populations. Dans le même temps, la pression sur les mouvements de capitaux disparaît à la même vitesse. Libertés menacées.

-Egalité à éliminer. Les plus grosses entreprises du CAC 40 ne paient plus d’impôts en France, les plus grosses fortunes de même. La fraude fiscale sur la perception des cotisations sociales explose. Devant l’impôt plus d’égalité. Devant la justice c’est encore pire. Les comparutions immédiates pour les petits délinquants, les reports de procès pour les gros bonnets.

- Le tous contre tous a rendu plus chimérique encore le mince espoir de fraternité : Le privé contre le public, la victime contre le coupable, les classes moyennes contre les pauvres (et jamais les riches), les vieux face aux jeunes, les banlieusards contre les villes centre, les ruraux face aux urbains, les immigrés face aux Français, les beurs contre les gaulois…quelle abomination.

Beaucoup d’entre nous pensons encore démocratie. Nos réflexes sont démocratiques. Nous prenons la parole, affirmons nos idées sans crainte. L’acquis de notre jeunesse est pour ainsi dire préservé. Mais demain, les prochaines générations, gavées de consommable et privées de parole ?

Nous ne sommes pas encore en dictature certes, mais nous quittons la démocratie. Les barrières mentales, politiques et culturelles s’élèvent chaque jour. Avec elles, les incompréhensions, le désengagement, la méconnaissance des uns les autres grandissent. La population est atomisée, elle a perdu le sens du collectif, pas étonnant qu’on la dépouille de la chose publique.

“There’s no alternative” disent-ils…ils peuvent ^parvenir à nous le faire croire et ce jour là, ils auront gagné. Nous qui ne sommes plus rien que voulons nous ? Tout ! C’est-à-dire d’abord le droit de décider de notre avenir collectif.

mardi 21 juin 2011

Grèce : ce qui semble inéluctable

La voie est étroite pour celui qui cherche à faire de l’anticipation politique et économique. Il n’est pas rare que son récit, loin de se concrétiser, se transforme en délire fictionnel, à ranger dans la poubelle de l’histoire qui déborde.

Cela dit, la situation grecque actuelle se prêt bien à la tentative. C’est avec une anxiété non dénuée d’excitation que nous attendons toujours le “coup d’après”. Nous sommes, nous Français, encore en position de spectateur, mais nous risquons à tout moment de basculer et de devenir un pion du plateau.

Comme un jeu d’échecs nous avons 2 rois : Le roi blanc (pur et vaillant) c’est le marché, sa reine prend les traits de la BCE, ses deux fous, la France et l’Allemagne, ses cavaliers l’Espagne et l’Italie. Pour les tours on repère le FMI et l’armée. Parmi les pions on compte Papandréou, l’Eglise orthodoxe, les armateurs grecs, les banques hellènes, les agences de notation.

En face le Roi noir (sale et pestiféré) est le Léviathan formé à partir d’une foule de Grecs. Le reste de l’attelage est en revanche très composite, aux intérêts souvent contradictoires, mais doté d’une force de conviction telle qu’il est très contagieux. Purement réactif, il se nourrit des errements des pièces blanches.

Qui sont les joueurs ? Ou plus exactement qui peut jouer ? Qui peut jouer avec l’euro ? Voyons qui a tout intérêt à dissimuler ses propres misères en insistant sur celles des autres ? Voyons d’où vient à l’origine cette crise de la dette ? D’où provient ce mal  qui a causé l’explosion des dettes publiques dans toute l’Europe ? Sans blague, les Etats-Unis, nos plus fidèles alliés, come on se retrouve. Vous n’avez pas un petit souci avec votre dette, votre chômage, votre pauvreté, vos saisies immobilières ? Ah mais oui bien sûr. Mais comme vous avez aussi dans vos mains le dollar, Fitch, Moody’s, Standard and Poors, le FMI, vous essayez de vous gaver une dernière fois avant le précipice qui vous est promis.

Et l’autre joueur ? Qui a suffisamment de pognon pour jouer dans la cour des grands ? Qui cherche à se prémunir de l’effondrement US assuré ? Qui rachète de la dette grecque et y investit massivement ? Qui achète des bons du trésor européens plutôt qu’américains ? Empire du milieu sort de ton antre ! Ben oui quoi, la Chine en somme, le suspens était faible, je l’avoue.

Les Etats-Unis ont pris les blancs vous vous en doutez. La Chine quant à elle fait savoir qu’elle ne rechignerait pas à prendre les noirs pour peu qu’ils le lui demandent. Pour l’heure elle joue sa partition et saute sur toutes les bonnes occasions qui se présentent en rachetant à vil prix les pans entier de l’économie grecque en voie de privatisation massive.

Ainsi lorsque les Etats Unis recherchent le pat, les chinois anticipent le mat.

Car tous les pions blancs cherchent à gagner du temps. En espérant quoi ? Que l’attention reste focalisée sur l’Europe d’abord. Mais aussi pour laisser aux banques le soin de se délester progressivement de leur dette grecque en les revendant à la BCE. Une nouvelle fois on nationalise les dettes, en faisant d’une dette privée moisie une dette publique pourrie. Dans ces conditions, il est certain que l’Euro en pâtira, ce que souhaitent les US pour masquer la dégringolade du dollar. Car alors c’est la BCE elle même qui perdra toute crédibilité, elle sera contrainte pour maintenir l’euro à flots, de faire avaler des potions toujours plus amères à l’ensemble de la zone euro. Rigueur sur cure d’austérité suivie de plans de restructurations immédiatement purgés par une cure d’amincissement et de réduction des coûts.  Sinon, c’est la dévaluation et l’inflation, à savoir les deux piliers de la doctrine monétaire européenne qui s’effondreraient. Si la stratégie des blancs fonctionne c’est l’ensemble des peuples européens qui seront amenés pour plusieurs années encore à se serrer la ceinture provoquant ainsi certainement une très puissante exaspération populaire partout en Europe. La finance européenne tiendra encore officiellement le coup quoique sous perfusion du FMI et des Etats Unis. Les agences de notation deviendront des big brothers en puissance, elles veilleront sur nous, pauvres naïfs irresponsables mais pas innocents pour autant. Nous en baverons, mais nous ne sauverons pas pour autant les US. En mettant à genoux l’Europe, ils n’auront éliminé qu’un concurrent, le plus fragile.

Les noirs ont ils une chance d’emporter la partie ? Déjà c’est le mat qu’ils cherchent. Ils n’ont plus grand chose à perdre, à la différence du joueur blanc qui y joue sa suprématie. Les noirs, je vous le rappelle c’est le peuple grec, soutenu par des fractions hétéroclites d’Espagnols, de Portugais, d’Irlandais etc. Ils ont pour eux la détermination, la sensation très forte d’être victimes d’une injustice, d’une escroquerie globale. Ils sont persuadés d’être dans le sens de l’histoire. Ils sont prêts à gommer leurs divergences pour pouvoir reprendre leur destin en main. La purge d’une violence inouïe à laquelle ils sont contraints depuis plus d’un an et qui va s’accentuer encore ce soir avec le vote du parlement grec en faveur de la nouvelle cure, ne peut provoquer qu’un cataclysme social. Il est possible que la situation devienne insurrectionnelle, il est possible que les Grecs quittent massivement leur pays en ruines, il est possible que ça ravive des tensions nationalistes, quoi d’autre ? Mais que cela ne provoque pas un mouvement d’ampleur, un phénomène historique de premier ordre, c’est tout simplement impensable. Peut-on imaginer un seul instant que ces millions de personnes acceptent cela sans broncher. C’est leur condition d’hommes et de femmes libres qui est ainsi bafouée. Quel que soient le temps et la forme que cela prendra, il est certain que par un effet mécanique la réplique sociale sera de très grande envergure, en Grèce mais pas seulement.

Dans l’immédiat leur emprise sur les événements est assez faible, mais n’oublions pas que leur défaite actuelle sert aussi le joueur noir. Ce dernier les rachète et le moment voulu sera suffisamment fort pour renverser les alliances. Lorsque la situation dégénérera le joueur noir aura racheté aussi les pièces blanches sacrifiées par le blanc.

La crise nourrit la crise. Vous n’êtes pas s’en ignorer que la Grèce est à l’acte II e la tragédie,  que l’Irlande et le Portugal sont en voie de terminer l’acte I, que l’Italie et l’Espagne ont débuté la représentation. Ce qui se passe pour la Grèce actuellement va s’abattre d’ici peu sur ces pays. Les joueurs blancs et noirs poursuivront avec la même stratégie, mais progressivement les failles de la tactique blanche vont devenir de plus en plus visibles, tandis que la stratégie noire n’aura pas encore été dévoilée. La BCE, le FMI, l’Allemagne et la France se seront épuisés en chemin. Ne restera plus qu’un roi blanc fantoche (le marché) et le joueur éreinté.

Un peu comme durant la guerre froide, l’Europe redevient le terrain de jeu favori des deux grands. Les modalités de l’affrontement sont plus subtiles, et un des deux joueurs a changé. Mais demain c’est la Chine qui proposera un plan Marshall pour l’Europe car elle y trouvera son compte et l’Europe son refuge.

mercredi 8 juin 2011

République exemplaire, mon cul !

En un jour, à savoir ce mercredi 8 juin 2011, on découvre :

- Que l’ancien ministre et maire de Nice est entendu par le parquet sur une affaire de fraude au marché publics sur les hélicoptères.

-Que l’ancien ministre de l’agriculture D. Bussereau dépensait lorsqu’il était ministre plus de 20.000 euros mensuels en déplacement aériens.

-Que l’ancien ministre de l’éducation L. Ferry n’a pas donné un seul cours de philo de l’année mais a tout de même profité des 4.500 euros mensuels  dévolus à ce service. Et que ledit philosophe est reçu immédiatement à Matignon par un premier ministre qui traite en urgence des dossiers les plus chauds.

-Que le mari de la députée UMP Chantal Brunel est mis en examen pour blanchiment, faux et usage de faux pour financer la campagne de sa femme.

-Qu’Isabelle Balkany, défaite aux cantonales cherche à se faire une place au Sénat pour arrondir ses fins de mois, sans doute difficiles.

-Que le parti politique de tous ces braves gens, l’UMP a tenu ce même jour un débat sur la “justice sociale” en vilipendant les “assistés du RSA” qui nous coûtent tant ! En voulant leur imposer le STO, le travail gratuit et obligatoire ! Et nous appelons çà démocratie !

Mais pour le plaisir : Ferry qui balance il y a 3 jours le ragot sur le ministre pédophile de Marrakech, Brunel celle qui exigeait qu’on remette les immigrés dans le bateau, Estrosi qui a réindustrialisé la France avec ses frais de pressing à 7000 euros mensuels et qui a relancé le bâtiment avec ses appartements suspects, Balkany la sorcière des hauts de Seine et ses ordinateurs fantômes dans les collèges, son mari et son affaire de viol.

Les mots manquent, mais “indignation” est bien trop faible. Tout cela s’est déroulé en un jour! Et tout sera oublié en un jour…comme Mam, Woerth, Joyandet, Blanc, Dati…

 

Nous l’oublions au moment même où nous le lisons, comme ce bref article d’ailleurs.

jeudi 26 mai 2011

P.S. : enfin officiellement de droite !

On l’attendait depuis quelques temps mais cette fois ci  la couleur est annoncée clairement : en 2012 le PS tiendra un discours de droite. Le voile s’est levé cette semaine :

A moins d’un an des présidentielles, au moment où les primaires socialistes débutent, les deux principaux challengers dans la course à la candidature, Hobry et Aullande, n’ont rien trouvé de mieux que de soutenir la candidature de C Lagarde au FMI. La boucle est bouclée. C’est la confirmation de ce que tout le monde savait à savoir l’alignement pur et simple du parti socialiste au néolibéralisme globalisé. C’est la preuve irréfutable que le PS se réfère aux mêmes grilles de lecture budgétaires et macroéconomique que l’UMP. Réduction de la dépense publique comme seule réponse à l’endettement public, libre mais dans le même temps renflouement du privé par les fonds publics. Autrement dit la dépense publique pour le privé, les impôts pour le marché ! Car c’est bien cette politique qui a été menée par notre superbe Christine non ? Alors quoi, pour le PS cette femme mérite donc une promotion, histoire d’organiser la même arnaque à l’échelle mondiale. Non mais franchement comment les leaders de ce qui devrait être la gauche peuvent-ils tenir (et penser ?) des propos pareils ? Mais où sommes nous tombés ? Aubry, la tenante de “l’aile gauche du parti” pense même judicieux d’en rajouter : ce serait “une très bonne chose pour la France”. Ah oui, comprenez, je vois ce qu’elle veut dire, c’est qu’après l’affaire DSK il faut restaurer l’image de la France. Mais pour les Français, les Grecs, les Portugais, les Irlandais, les Britanniques est-ce une bonne chose Martine. De gauche, comme toi Martine, comme toi François,  je pensais  que le FMI et la politique Lagarde étaient pour vous des contre modèles. Mais je vois qu’il n’en est rien, vous prétendez être l’opposition en adoubant systématiquement la majorité. Ce n’est plus la gauche caviar, c’est la droite vaseline !

On pourrait déjà faire remarquer que FMI est en soi un organisme profondément antidémocratique et impérialiste (véto des Etats-Unis, surreprésentation des droits de vote de l’Europe et des Etats-Unis) voire d’asservissement des peuples (via les fameux plans de restructuration). Mais le PS ne dénonce plus depuis longtemps les travers caractéristiques de la “gouvernance mondiale”. Cela constitue déjà en soi un reniement des valeurs et principes de gauche. Même le citoyen de gauche le plus modéré est en droit d’entendre un discours qui pointe les limites de l’organisme et son pouvoir démesuré puisqu’il passe par delà la souveraineté des Etats en ayant pour alliés objectifs les marchés et leurs agences de notation.

On avait avalé la couleuvre DSK en 2007 en se disant qu’un “socialiste” à la tête du FMI c’était une lueur d’espoir. C’était surtout un lot de consolation pour un PS encore défait aux élections. Cela pouvait même laisser supposer que le nouveau président de la république était un homme magnanime doté d’un véritable “esprit d’ouverture”.

Aujourd’hui, nous ne pouvons accepter votre soutien à Lagarde, c’est une insulte à la gauche, à son histoire, à ses idéaux.

J’entends déjà les remarques des esprits les plus fins : le PS ce n’est pas qu’Hollande ou Aubry, c’est aussi des militants sincères, des Montebourg qui parlent de “démondialisation”. Oui certes, mais c’est gens là remplissent le même rôle que les blacks du FN, que les candidates voilées du NPA, que les “sociaux” de l’UMP. Ils sont là pour la photo, la caution. Ils servent, à leur insu, ceux qui les écrasent et les méprisent. C’est la (bonne) conscience de gauche du PS. S’il est honnête avec ses idées, Montebourg devrait rallier le front de gauche, voilà la vérité. Dans le cas contraire, sa campagne aux primaires ne serait qu’une opération communication du PS en direction du “peuple de gauche”. Ca a le mérite de coller aux dernières recommandations de Terra Nova : se concentrer sur les femmes, les jeunes, les minorités. Montebourg battu aux primaires et rallié ensuite, c’est pour le PS  affirmer que les attentes du peuple de gauche sont prises en compte dans le projet socialiste de 2012. C’est tenter d’obtenir un résidu du vote ouvrier et des CSP intermédiaires…sans rien changer quant au fonds des idées.

mercredi 18 mai 2011

Vieux pays cherche nouveaux repères

Un vieux pays est-il plus sage ? L’hexagone a perdu ses frontières et il en perd le nord. Cet article n’est qu’un modeste constat. Il cherche aussi à mettre en valeur le rôle essentiel des frontières dans le processus d’identification. Le sentiment d’appartenance commune s’écroule et nous laisse désemparés au sein du grand tout de la société globalisée uniformisée par le fric.

 

Ce qu’il convient d’appeler la culture est aux abonnés absents. Ce qui est censé nous rassembler dans les périodes de doute semble comme saisi de vertige. Les comiques n’ont jamais été aussi tragiques, ils nous font pleurer ou rire amèrement c’est selon. Ils ne se jouent plus des maux mais nous les balancent en pleine gueule. Voyez le théâtre et tâtez l’indifférence, voyez l’art contemporain et  mesurez le désintérêt, voyez la littérature et mesurez le nombril de son ego.  Quant à la “politique culturelle”, elle consiste désormais à placer les mêmes à la tête des différentes institutions relevant du ministère. L’exception culturelle, la défense de la langue française sont relégués au rang de débats poussiéreux et passéistes. Notre imaginaire est surpeuplé d’images et les contes mythes et légendes ne le structure plus.

Que reste-t-il au sport amateur aux équipes composées de régionaux ? Quelle identité pour les clubs de foot côtés en bourse, ou au Real de Madrid sans Espagnols sur le terrain ? Ce qui rassemble les foules est désormais déterritorialisé, hors sol. La récente polémique autour des “quotas dans le football” a pour origine le “problème de la binationalité”. Comment cela est-il devenu possible que des personnes nées ou éduquées depuis leur plus jeune enfance se comporte comme des mercenaires prêts à jouer pour une autre équipe nationale ? Parce que nous avons perdu nos frontières et par là le sens des limites.

Voyez les plaques minéralogiques et cherchez la provenance, le département, plus rien ou en minuscule comme pour mieux le nier. AInsi par la grâce de la bagnole sommes nous passés d’une échelle d’identification infra régionale à une échelle continentale. Par nos plaques d’immatriculation nous serions devenus des gens qui se pensent comme “européens”. Incroyable mais vrai. Le département lui même est appelé à disparaître.

Les communes doivent se fondre dans des communautés, échelon administratif doté de superpouvoirs et a-démocratique. A terme le processus d’identification à une commune s’estompe. Est-ce un mal ? Non, mais à condition qu’il puisse y avoir un autre moyen d’identification. Les grandes métropoles qui débordent dans des agglomérations aux contours toujours plus lointains, aux frontières plus incertaines. Où est la campagne, où s’arrête la ville ? Où sommes-nous ? Difficile de répondre.

Cherchez à identifier un pays, une région, un terroir plus rien. Entrez dans toutes les villes de France et vous aurez droit aux mêmes zones commerciales, aux mêmes enseignes. Pénétrez en centre ville et observez les rues piétonnes, l’architecture : Les mêmes de Nice à Lille de Brest à Strasbourg. De Paris à New York, de Lyon à Tallin. Gommons les différences. Ou feignons de le mettre en valeur : la tuile ou la couleur de la façade deviendront l’argument identitaire, cela donnera une “touche locale” une “coloration régionale”. Ah nous voilà bien avancés : Mais nos Leroy Merlin, nos Carrefours, nos Buffalo Gril, eux sont bien les mêmes.

Prenez les façades de mairies ou les photographies officielles des présidents. Combien de drapeaux ? toujours plus. Le Français bien sûr mais de plus en plus dissimulé, celui de l’UE en bonne place, et le régional voire l’infra régional. S’identifier à 3 drapeaux, avoir une tri-identité est-ce possible ? Non. Conséquence ? Aucune identification possible, ni la région, ni la France, ni l’Europe. Que reste-t-il ? Les racines ethnico-religieuses présumées.

Les aspérités doivent s’estomper dans les paysages et l’altérité des visages. Observez les pubs Benetton, parangon neomoderne du mélange et de la mixité, et voyez combien en dépit de la couleur de peau des modèles, chacun ressemble à son alter ego. Tous beaux, propres, minces, et HEUREUX. Y aurait-il un gêne de la mondialisation, une tendance  à l’homogénéisation sous l’impulsion du grand capital transnational ?

Voyez le champ de l’éducation, tout est dans le pluridisciplinaire, il faut croiser, connecter, mettre des liens, établir des réseaux, faire des ponts. La spécialité doit être bannie, les voies toujours moins spécifiques. C’est qu’il faut savoir faire plutôt que savoir. S’entendre avec la machine plutôt que se repérer dans l’espace et le temps. Savoir interpréter avant de pouvoir penser. Plus profondément, c’est le savoir qui est l’ennemi: Ce n’est pas affiché comme tel mais pour les possédants ( détenant le capital économique, social, culturel, imaginaire) le savoir est une menace car il permet de se prononcer, il est la condition d’une expression critique. Ne délivrons pas le savoir à chacun il pourrait mal en user, c’est à dire en user contre nous. Le savoir est donc moqué, ignoré, méprisé, ou travesti. Il doit céder la place au savoir-faire, à la compétence, bref à la technique. Qu’apprend on à nos enfants ? A croiser, à rebondir, à esquiver, à anticiper oui oui…c’est ce qu’il faut, de l’utile ! Mais à connaître ? Non merci. Pour savoir, il faut des cadres, des bornes, des frontières. Savoir faire c’est se débrouiller avec l’existant, se plier à lui, savoir s’adapter  et ce quel qu’il soit. Le savoir faire est une pédagogie de la renonciation. Une bombe silencieuse celle de l’indifférence et de la résignation.  Aujourd’hui il faut zapper, se déplacer, se jouer des frontières ? Et bien faisons !

La cellule familiale s’est décomposée et recomposée, les codes traditionnels ont disparu ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose… mais quoi pour les remplacer ? Les enfants hors mariage sont devenus la norme, les couple séparés sont en passe de le devenir. Ce qui n’était qu’exception est devenu la règle et quelle prise en compte ? La frontière entre la mort et la vie aussi est devenue confuse, les lois de bioéthique semblent un brin dépassées : à quelle semaine devient-on un être vivant ? Qu’est ce qu’ne personne maintenue artificiellement en vie, réduite à l’état végétatif. Où coule le Styx ? Cerbère a disparu et c’est l’humanité qui s’y perd.

Le champ politique est l’archétype de la tendance. Où réside la frontière entre la gauche et la droite, qui est populiste ou non, qui est souverainiste, protectionniste, libéral  ? La confusion règne partout, le désordre règne. La République ? La laïcité ? La démocratie ? La citoyenneté ? Des mots vidés de leurs sens, dont les contours s’obscurcissent, malmenés par les uns et les autres jusqu’à ne devenir qu’une ritournelle destinée à stimuler un résidu de conscience commune. Jaurès dans la bouche de Sarkozy puis dans celle de Le Pen, des républicains maurassiens qui pullulent. Allez-y les écrans de fumée,  brouillard et autres contrefeux.Bénies soient la triangulation et la quadrature du cercle !  C’est qu’il faut provoquer la confusion pour encourager l’ignorance. 

La frontière temporelle n’est pas la moindre à s’être brisée. Les révolutions de la communication ont achevé le temps de la contemplation. Au milieu des réseaux et des flux quel temps pour la poésie, l’épopée ? Quelle pause pour la mélancolie, la méditation ? L’instantanéité s’en est emparée.  Le “tout, tout de suite” n’est plus un vain mot, sur l’extrémité d’un écran tactile, le monde est à vos pieds. Vous en aviez rêvé, apple l’a fait. Vous voilà devenu maître et possesseur de la nature humaine. Tremblez avec les Japonais en direct assis sur vos chiottes, tuez Ben Laden depuis votre bagnole, béatifiez Jean Paul en chauffant votre casserole.

Le réel et le virtuel / le local et le mondial / la science et la technique / la vie et la mort/ la gauche et la droite/ l’individu et la famille / le régional et le national : Tous ces couples tendent à se défaire.

Et la transcendance ? Dieu s’est-il barré ? Partiellement seulement mais le dieu que d’aucuns cherchent aujourd’hui à rencontrer est le dieu des musulmans, des juifs ou des chrétiens. C’est un dieu de l’identitarisme religieux, il n’est plus Dieu pantocrator ni universel mais le dieu de “peuples” et il doit servir plus qu’on ne le sert. C’est un dieu arbitraire qui trace des frontières. C’est celui qui va conférer une identité à ses fidèles. La religion n’a pas disparu, loin s’en faut, mais elle n’a plus qu’un rôle sociologique. Réduite à n’être qu’un opium du peuple, à savoir le lien social des plus pauvres, des plus déracinés, des paumés. Dieu aussi se doit d’être utile. Croire ok mais qu’est ce que ça me rapporte ?

Une révolution citoyenne vite ! Une prise de conscience collective pour redonner du sens de la mesure, rebâtir nos frontières (géographiques mais pas seulement) et redéfinir ce que nous avons à faire ensemble. Rétablir un contrat.

jeudi 12 mai 2011

Vieux pays cherche nouveaux repères

Un vieux pays est-il plus sage ? L’hexagone a perdu ses frontières et il en perd le nord. Cet article n’est qu’un modeste constat. Il cherche aussi à mettre en valeur le rôle essentiel des frontières dans le processus d’identification. Le sentiment d’appartenance commune s’écroule et nous laisse désemparés au sein du grand tout de la société globalisée uniformisée par le fric.

 

Ce qu’il convient d’appeler la culture est aux abonnés absents. Ce qui est censé nous rassembler dans les périodes de doute semble comme saisi de vertige. Les comiques n’ont jamais été aussi tragiques, ils nous font pleurer ou rire amèrement c’est selon. Ils ne se jouent plus des maux mais nous les balancent en pleine gueule. Voyez le théâtre et tâtez l’indifférence, voyez l’art contemporain et  mesurez le désintérêt, voyez la littérature et mesurez le nombril de son ego.  Quant à la “politique culturelle”, elle consiste désormais à placer les mêmes à la tête des différentes institutions relevant du ministère. L’exception culturelle, la défense de la langue française sont relégués au rang de débats poussiéreux et passéistes. Notre imaginaire est surpeuplé d’images et les contes mythes et légendes ne le structure plus.

Que reste-t-il au sport amateur aux équipes composées de régionaux ? Quelle identité pour les clubs de foot côtés en bourse, ou au Real de Madrid sans Espagnols sur le terrain ? Ce qui rassemble les foules est désormais déterritorialisé, hors sol. La récente polémique autour des “quotas dans le football” a pour origine le “problème de la binationalité”. Comment cela est-il devenu possible que des personnes nées ou éduquées depuis leur plus jeune enfance se comporte comme des mercenaires prêts à jouer pour une autre équipe nationale ? Parce que nous avons perdu nos frontière et par là le sens des limites.

Voyez les plaques minéralogiques et cherchez la provenance, le département, plus rien ou en minuscule comme pour mieux le nier. AInsi par la grâce de la bagnole sommes nous passés d’une échelle d’identification infra régionale à une échelle continentale. Par nos plaques d’immatriculation nous serions devenus des gens qui se pensent comme “européens”. Incroyable mais vrai. Le département lui même est appelé à disparaître.

Les communes doivent se fondre dans des communautés, échelon administratif doté de superpouvoirs et a-démocratique. A terme le processus d’identification à une commune s’estompe. Est-ce un mal ? Non, mais à condition qu’il puisse y avoir un autre moyen d’identification. Les grandes métropoles qui débordent dans des agglomérations aux contours toujours plus lointains, aux frontières plus incertaines. Où est la campagne, où s’arrête la ville ? Où sommes-nous ? Difficile de répondre.

Cherchez à identifier un pays, une région, un terroir plus rien. Entrez dans toutes les villes de France et vous aurez droit aux mêmes zones commerciales, aux mêmes enseignes. Pénétrez en centre ville et observez les rues piétonnes, l’architecture : Les mêmes de Nice à Lille de Brest à Strasbourg. De Paris à New York, de Lyon à Tallin. Gommons les différences. Ou feignons de le mettre en valeur : la tuile ou la couleur de la façade deviendront l’argument identitaire, cela donnera une “touche locale” une “coloration régionale”. Ah nous voilà bien avancés : Mais nos Leroy Merlin, nos Carrefours, nos Buffalo Gril, eux sont bien les mêmes.

Prenez les façades de mairies ou les photographies officielles des présidents. Combien de drapeaux ? toujours plus. Le Français bien sûr mais de plus en plus dissimulé, celui de l’UE en bonne place, et le régional voire l’infra régional. S’identifier à 3 drapeaux, avoir une tri-identité est-ce possible ? Non. Conséquence ? Aucune identification possible, ni la région, ni la France, ni l’Europe. Que reste-t-il ? Les racines ethnico-religieuses présumées.

Les aspérités doivent s’estomper dans les paysages et l’altérité des visages. Observez les pubs Benetton, parangon neomoderne du mélange et de la mixité, et voyez combien en dépit de la couleur de peau des modèles, chacun ressemble à son alter ego. Tous beaux, propres, minces, et HEUREUX. Y aurait-il un gêne de la mondialisation, une tendance  à l’homogénéisation sous l’impulsion du grand capital transnational ?

Voyez le champ de l’éducation, tout est dans le pluridisciplinaire, il faut croiser, connecter, mettre des liens, établir des réseaux, faire des ponts. La spécialité doit être bannie, les voies toujours moins spécifiques. C’est qu’il faut savoir faire plutôt que savoir. S’entendre avec la machine plutôt que se repérer dans l’espace et le temps. Savoir interpréter avant de pouvoir penser. Plus profondément, c’est le savoir qui est l’ennemi: Ce n’est pas affiché comme tel mais pour les possédants ( détenant le capital économique, social, culturel, imaginaire) le savoir est une menace car il permet de se prononcer, il est la condition d’une expression critique. Ne délivrons pas le savoir à chacun il pourrait mal en user, c’est à dire en user contre nous. Le savoir est donc moqué, ignoré, méprisé, ou travesti. Il doit céder la place au savoir-faire, à la compétence, bref à la technique. Qu’apprend on à nos enfants ? A croiser, à rebondir, à esquiver, à anticiper oui oui…c’est ce qu’il faut, de l’utile ! Mais à connaître ? Non merci. Pour savoir, il faut des cadres, des bornes, des frontières. Savoir faire c’est se débrouiller avec l’existant, se plier à lui, savoir s’adapter  et ce quel qu’il soit. Le savoir faire est une pédagogie de la renonciation. Une bombe silencieuse celle de l’indifférence et de la résignation.  Aujourd’hui il faut zapper, se déplacer, se jouer des frontières ? Et bien faisons !

La cellule familiale s’est décomposée et recomposée, les codes traditionnels ont disparu ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose… mais quoi pour les remplacer ? Les enfants hors mariage sont devenus la norme, les couple séparés sont en passe de le devenir. Ce qui n’était qu’exception est devenu la règle et quelle prise en compte ? La frontière entre la mort et la vie aussi est devenue confuse, les lois de bioéthique semblent un brin dépassées : à quelle semaine devient-on un être vivant ? Qu’est ce qu’ne personne maintenue artificiellement en vie, réduite à l’état végétatif. Où coule le Styx ? Cerbère a disparu et c’est l’humanité qui s’y perd.

Le champ politique est l’archétype de la tendance. Où réside la frontière entre la gauche et la droite, qui est populiste ou non, qui est souverainiste, protectionniste, libéral  ? La confusion règne partout, le désordre règne. La République ? La laïcité ? La démocratie ? La citoyenneté ? Des mots vidés de leurs sens, dont les contours s’obscurcissent, malmenés par les uns et les autres jusqu’à ne devenir qu’une ritournelle destinée à stimuler un résidu de conscience commune. Jaurès dans la bouche de Sarkozy puis dans celle de Le Pen, des républicains maurassiens qui pullulent. Allez-y les écrans de fumée,  brouillard et autres contrefeux.Bénies soient la triangulation et la quadrature du cercle !  C’est qu’il faut provoquer la confusion pour encourager l’ignorance. 

La frontière temporelle n’est pas la moindre à s’être brisée. Les révolutions de la communication ont achevé le temps de la contemplation. Au milieu des réseaux et des flux quel temps pour la poésie, l’épopée ? Quelle pause pour la mélancolie, la méditation ? L’instantanéité s’en est emparée.  Le “tout, tout de suite” n’est plus un vain mot, sur l’extrémité d’un écran tactile, le monde est à vos pieds. Vous en aviez rêvé, apple l’a fait. Vous voilà devenu maître et possesseur de la nature humaine. Tremblez avec les Japonais en direct assis sur vos chiottes, tuez Ben Laden depuis votre bagnole, béatifiez Jean Paul en chauffant votre casserole.

Le réel et le virtuel / le local et le mondial / la science et la technique / la vie et la mort/ la gauche et la droite/ l’individu et la famille / le régional et le national : Tous ces couples tendent à se défaire.

Et la transcendance ? Dieu s’est-il barré ? Partiellement seulement mais le dieu que d’aucuns cherchent aujourd’hui à rencontrer est le dieu des musulmans, des juifs ou des chrétiens. C’est un dieu de l’identitarisme religieux, il n’est plus Dieu pantocrator ni universel mais le dieu de “peuples” et il doit servir plus qu’on ne le sert. C’est un dieu arbitraire qui trace des frontières. C’est celui qui va conférer une identité à ses fidèles. La religion n’a pas disparu, loin s’en faut, mais elle n’a plus qu’un rôle sociologique. Réduite à n’être qu’un opium du peuple, à savoir le lien social des plus pauvres, des plus déracinés, des paumés. Dieu aussi se doit d’être utile. Croire ok mais qu’est ce que ça me rapporte ?

Une révolution citoyenne vite ! Une prise de conscience collective pour redonner du sens de la mesure, rebâtir nos frontières (géographiques mais pas seulement) et redéfinir ce que nous avons à faire ensemble. Rétablir un contrat.

mercredi 30 mars 2011

Retour sur l’enfumage des cantonales

 

L’interprétation des résultats électoraux constitue un enjeu politique de premier ordre. Imposer sa grille de lecture, c’est déjà les gagner à moitié.

Contre vérité 1 : Une très forte abstention

 

Que n’a-t-on pas entendu ? Rendez-vous compte, 55 % des Français ne se sont pas rendus aux urnes lors des deux tours ! Pour ma part, j’estime à l’inverse que l’abstention est relativement faible du fait des conditions dans lesquelles ce scrutin s’est déroulé.

Tsunami dévastateur et crise nucléaire au Japon. Enjeux planétaires.

Révolutions arabes et guerre en Libye. Enjeux planétaires.

Elections cantonales. Enjeux locaux, en général fort confus. La capitale ne vote pas. Pour les médias ce n’est jamais que les provinciaux qui iront voter.

Cantonales sacrifiées médiatiquement. Campagne inexistante.

L’élection présidentielle dans un an. On règlera les comptes plus tard.

Des élus qui ne le seront que pour un mandat de trois ans. La dernière des élections cantonales. Renouvellement que de la moitié des sièges.

Des élections habituellement couplées à d’autres…et qui mobilisent toujours moins que “leurs parraines”, régionales, municipales ou législatives.

Des élections, qui lorsqu’elles sont partielles, mobilisent rarement plus de 25% de l’électorat.

Entre les deux tours, des ténors de droite qui n’ont pas hésité à appeler à l’abstention pour ne pas avoir à choisir entre la gauche et l’extrême droite.

Pardonnez-moi mais malgré ce contexte, près d’un Français sur deux a fait le déplacement. Je trouve cela au final plutôt civique. Pas de quoi se gargariser, mais honnêtement pas de quoi s’affoler.

 

Contre vérité 2 : Une victoire pour le FN

15 % au premier tour (mettons même 17 en tenant compte des cantons où il était présent) deux élus aux deuxième. En quoi est-ce exceptionnel ? C’est le score de papa en 2002, c’est moins en voix que lors des cantonales de 2004.

Se maintenir dans 400 cantons aux deuxième tour. Dans la plupart des cas, c’était auparavant des triangulaires. Le passage du seuil de 10% à 12.5 % des inscrits a simplement empêché des configurations de triangulaires (8 sur toute la France !) et est revenu comme un boomerang dans les dents de l’UMP. Sur 400 duels, 398 défaites !

Seul phénomène politiquement intéressant, son gain en voix entre les deux tours, en particulier dans les cantons où la droite n’était pas présente au deuxième tour. Cela nous apprend qu’une partie de l’UMP se range derrière le FN au deuxième tour. A contrario, les résultats calamiteux de l’UMP au deuxième tour nous renseigne sur le degré d’imperméabilité des électeurs frontistes envers le discours UMPiste. La contamination est unilatérale. Seul le mouvement de la droite vers l’extrême existe, mais il n’est pas majoritaire.

Un électorat frontiste mobilisé. Objectif, offrir un sacre à sa nouvelle championne si médiatique. Un parti qui fait enfin le devant de la scène. Des dizaines d’années que papa se plaignait de l’omerta. Madame se fait presque inviter partout avec tous les égards qui lui sont dus. Non contente d’être star des télés, la dame est devenue l’égérie des sondages. Deux semaines avant le premier tour des cantonales un sondage crapuleux la donne au deuxième tour. Elle est aussi la seule candidate officiellement déclarée, sa campagne débute pied au plancher. On ne parle que d’elle, on ne voit plus qu’elle. Sur les affiches du FN aussi, on ne voyait que sa trombine. Dans un tel contexte atteindre 17 % n’a rien d’exceptionnel. Car il s’agit là de 17% de 45% de 22 millions d’habitants appelés aux urnes. Surtout démonstration est faite que malgré la rénovation de façade idéologique, ce parti n’est nulle part majoritaire sur le territoire et qu’il soit opposé à la droite UMP, aux divers droite, au PS, au Front de gauche.

 

Omission 1: Une très large victoire de la gauche.

La victoire de la gauche. Elle réunit 50% des voix. Il est vrai que cela devient habituel aux élections intermédiaires. Mais alors qu’elle détenait déjà une majorité de département elle parvient encore à en grappiller 5 dont le Jura ou en Savoie, départements fort honorables mais peu connus pour être des terres de gauche !Excusez du peu. Fort étrangement, le sondage qui donnait Le Pen au deuxième tour ne comptabilisait que 40-42 % pour cette dernière. Au final, donc on préfère retenir le mythe du sondage (elle est au deuxième tour) plutôt que la vérité des urnes (la gauche à 50 %).

Omission 2 : Une surreprésentation de l’électorat de droite

Qui a voté ? Les campagnes plus que les villes. L’attachement au canton est plus fort dans les campagnes où l’on distingue mieux cet échelon. Les taux de participation sont plus élevés dans les départements les plus ruraux. Ou a-t-on voté le moins ? Dans les banlieues d’île de France, en Seine Saint-Denis, ou dans les cantons urbains et populaires des grandes agglomérations. Les Parisiens intra muros n’étaient pas convoqués. Or, les campagnes votent plus à droite que les villes. Or,  les campagnes c’est comparativement plus un électorat âgé, donc les derniers bastions du Sarkozysme. Si ces élections avaient été nationales le score de la droite aurait été encore plus minable.

 

Conclusion 1: Analyse erronée profite aux perdants : la gauche au tapis au troisième tour

En s’écharpant sur le prétendu débat sur la laïcité, la droite parvient à maintenir l’attention sur elle. Elle relègue la grande victorieuse (la gauche faut-il le rappeler) au second plan. Ce qui est consternant est que celle-ci s’en satisfait tout occupée qu’elle est entre ces primaires et autres investitures. Au moment où elle dispose d’une fenêtre de tir pour exposer ces idées, ses perspectives politiques, elle préfère admirer la décomposition de l’adversaire pourtant prêt à tout pour occuper l’espace. Le paradoxe est le suivant : bien que le premier round des présidentielles soit emporté haut la main par la gauche, l’attention générale reste fixée sur la droite autour de thématiques de l’insécurité et de l’identité. La campagne débute sur des thématiques de droite avec l’assentiment de la gauche.

Conclusion 2 : Accréditer la thèse d’une renaissance brune plutôt que d’admettre ses erreurs

Comment s’étonner dès lors que les bataillons de bien pensants s’alarment devant le phénix fasciste ? Celui qui lit les éditos ou se contente des unes des magazines pourrait se croire plongé dans un Vichy new-wave . La bête est là tapie dans l’ombre malgré sa métamorphose, voilà le discours. Durant les semaines qui précédaient les fabricants d’opinion ont fait le pari Le Pen (eux ils disent Marine d’ailleurs). Les résultats des élections offre un démenti assez cinglant. Le pseudo “effet Marine” est bien faible en dépit de toute la publicité gratuite. Mais non, mieux vaut y voir la confirmation des thèses journalistiques qui précédaient quitte à travestir l’évidence. Les journalistes et les sondages se sont plantés ? Détrompez-vous braves gens, c’est que vous n’avez pas la bonne lecture des résultats.  Au final, des journalistes  qui refusent d’admettre leurs limites dans la fabrique de l’opinion comme dans l’appréciation des résultats. La fracture médiatique n’est pas près d’être résorbée.

Conclusion 3 : Mettre délibérément des œillères, c’est l’heure du storytelling présidentiel

Faire des Français un peuple xénophobe au vu des résultats est un contresens majeur. J’en veux pour preuve le fait que le parti qui droitise à l’extrême son discours connaît une déroute. Le FN dont s’est là le fond de commerce n’en profite que marginalement. Or l’UMP stricto sensu + le FN plafonnent à 35% –37% des voix. Ces voix, il faudra se les partager dans un an au premier tour. Pire les motivations anti immigrationnistes ou xénophobes parmi les électeurs frontistes ne sont pas si majoritaires. Les dimensions contestataires, anti système, voire anti élitistes ou anti CAC40 représentent une part non négligeable dans le vote FN. L’immigration, l’identité et la sécurité arrivent très loin derrière le chômage, le pouvoir d’achat, l’éducation, dans l’ensemble de l’électorat. Si loin que le FN ne pourrait réaliser de tels scores si seuls ceux qui font une priorité des trois premières s’étaient exprimés en sa faveur. Ainsi donc, il est consternant de voir le petit monde médiatique et politique s’agiter autant sur des problèmes qui ne sont que très secondaires pour les Français. C’est parce que le FN est vendeur, c’est excitant, ça sent la poudre, au FN on n’hésite pas à employer des mots qui suggèrent d’autres maux. Le FN, c’est le frisson garanti. Ca fait bander le journaleux. Et merde !  le parti se “normalise” si l’on en croit les sondages. C’est donc là qu’est le danger répondent en chœur les médiacrates. Attention le FN se banalise ! Mais pourtant, quel parti souhaite aujourd’hui se normaliser ? Est-ce vraiment une chance pour un parti de se banaliser ? Quand on voit l’image de marque détestable qu’ont les partis “normaux” en France ! Etre un parti comme les autres en 2012, c’est perdre à tous les coups.  

vendredi 18 mars 2011

La Guerre aujourd’hui, le terrorisme dans 15 jours, la réélection dans 1 an ?

Notre dictateur libyen adoré était devenu trop gênant. Les soupçons de financement occulte de la campagne de 2007 et les menaces de révélations sur le “clown” Sarkozy nécessitaient une réaction rapide. Nous voilà autorisés à “recourir à la force” en Libye avec l’aval de l’ONU. La vénérable institution aurait pu faire un package avec le Bahreïn et le Yémen, mais fort curieusement ces voisins de l’Arabie Saoudite ne sont pas le moins du monde menacés d’une quelconque ingérence autre que celle de ladite Arabie.

Dans quelques heures nos avions bombarderont le sol libyen. Nous sommes en guerre. Pendant quelques jours, on ne parlera que des cibles visées. “Objectifs militaires, voies de communications, batteries de DCA, aérodromes. Au bout d’une semaine, tout le monde s’en prendra à Kadhafi parce qu’il placera des otages civils à proximité desdites cibles. Ah le vilain tortionnaire de la Tripolitaine. Le salopard, l’ordure, doit crever. Les paras d’élite s’en chargeront, z’auront droit à une Marseillaise aux Invalides à un te deum à Notre Dame. Gloire à eux. Morts pour la France ?

Dans quinze jours, quand le régime du berger touareg commencera à vaciller et qu’un ou deux avions français auront été abattus, l’alerte sera donnée en France. Vigipirate sera réactivé, des barrières feront à nouveau leur apparition devant tous les bâtiments publics, des militaires en Famas pourront parader patrouiller  dans les halls de gares, tandis que leurs chiens snifferont les poubelles. On se méfiera tout particulièrement des individus basanés. La psychose gagnera la France. Et dans une geste grandiose, notre peuple Français, si grand dans les moments difficiles, fera l’Union Sacrée autour de son président.

Et les Libyens ? Sûr que les insurgés feront un accueil délirant lors du triomphe de Sarkozy à Benghazi. Mais avant cela, il faudra donner l’assaut final. Vaste opération aéroportée au dessus de Tripoli. Remake savant de Suez ou de Kolwezi, la grande muette fera le plein de commentaires élogieux. 

Quand le petit pères des sables devra planter sa tente dans le désert tchadien, nous investirons les divers palais et bunkers pour y détruire au plus vite les documents compromettants. Dans les médias, on appellera ça, “la chasse au trésor de Kadhafi”, quelques millions de pétrodollars en liquide seront exhibés devant nos yeux cathodiques ébahis.

Nous serons alors en avril 2012, tous les partis politiques se seront félicités de cette opération militaro-humanitaire. Sarkozy sera en passe d’être réélu. L’homme des crises, l’homme au sang froid, le génie de Neuilly, restera ancré dans nos mémoires…pour des siècles et des siècles.

samedi 5 février 2011

Et si on repensait l’immigration à gauche ?

L’immigration, et plus spécifiquement la clandestine est sans conteste devenue le tabou majeur de la gauche française. Sa position consiste à dire qu’il s’agit là d’un problème (et certains continuent même d’évoquer une chance) avant tout humain. Avec des nuances, ce propos demeure l’alpha et l’oméga de l’essentiel des représentants de la gauche. Cette façon de penser n’a pas évolué depuis l’ère Mitterrand. Peut-on décemment reprocher à un discours humaniste de résister à l’air du temps ? Non, car les principes fondamentaux ne sont pas négociables. Percevoir les choses ainsi ne saurait donc être périmé. Mais, on le sait, ce discours n’est plus audible aujourd’hui car il apparaît déconnecté de la problématique actuelle de l’immigration. En quoi la donne s’est elle modifiée ?

 

Accueillir ne va plus de soi

La société française est dans une phase où elle n’est plus en mesure d’accepter le migrant, d’aller vers lui, de lui souhaiter bienvenue. La crise économique et sociale prolongée (presque continue depuis 38 ans !) a sérieusement entamé la capacité d’ouverture des Français. Le chômage de masse, la précarité généralisée, les prestations sociales scalpées, expliquent pour une bonne part la frilosité voire le repli d’une partie croissante de la population sur ce qu’elle estime être ses valeurs, ses traditions, son exception…bref sur un identitarisme national largement mythifié et très étroit dans son acception. Ce n’est pas tant que l’autre fait peur, c’est notre impuissance à guérir nos maux qui effraie. Si l’autre n’est plus accepté c’est parce que nous allons mal et non l’inverse. Le phénomène de rejet auquel on assiste provient non pas d’une montée en puissance de l’autre, mais de notre faiblesse qui nous semble irrémédiable.   Et qu’on ne me dise pas que ce rejet est un nouvel aperçu d’un mal bien français, de relents d’une xénophobie typiquement hexagonale. Il n’en est rien : notre pays est en crise sociale, il lui apparaît contre productif dans ces conditions d’accueillir en son sein des éléments allogènes qui viendraient le déstabiliser un peu plus encore. Voilà tout, cela relève plus du bon sens que du racisme. Et vouloir le nier conduit nécessairement à une catastrophe dans laquelle une population majoritaire très chahutée et se sentant abandonnée, libère sa haine sur les plus faibles et non sur les puissants qui pourtant ne les protègent plus.

 

S’intégrer n’est ni possible ni nécessaire

Ensuite, parce que la nature de l’immigration a changé. Depuis la fin de la politique de regroupement familial, le flux d’immigrants légaux s’est considérablement tari. (la fameuse immigration choisie !) Le principe des vases communicants jouant à plein, le flot d’immigrants clandestins s’accrut considérablement surtout depuis que l’Italie et l’Espagne ont abandonné à leur tour les régularisations massives. Le passage d’une immigration légale à immigration clandestine change la donne. En effet, l’objectif des migrants n’est plus le même. Le clandestin a d’autres objectifs que le migrant légal puisque ces choix sont par nature plus limités : Il ne s’agit plus pour lui d’espérer s’établir durablement dans le pays d’accueil mais d’y trimer un maximum pour un temps qu’il espère le plus réduit possible. Gagner quelques billets clandestinement, quelles que soient les conditions. Vivre au jour le jour sans aucune perspective, être à la merci des employeurs, être toujours prêt à partir si besoin est. Se poser c’est impensable, s’intégrer relève de la chimère.Le clandestin ne peut pas chercher à devenir français, par essence illégal, il ne peut envisager de respecter la loi. Il est sans aucune perspective civique. Consommateur oui, producteur oui, citoyen non. Sachant pertinemment qu’il ne sera jamais accueilli, il mène sa barque comme il le peut sur les chantiers, dans l’hôtellerie, la restauration ou comme domestique. Un marxiste parlerait à son égard de lumpenprolétariat, avec tout ce que cela signifie pour la cause ouvrière à savoir un parasite destructeur, un ennemi objectif de la cause . Etonnant presque que la CGT déploie tant d’efforts pour soutenir leur combat !

Constat accablant : D’un côté une capacité d’absorption pour le moins émoussée, de l’autre un désir d’intégration évanoui.

La gauche face à la redéfinition de la problématique de l’immigration

Face à ses mutations complexes, le discours de gauche s’est peu transformé comme s’il niait l’évidence. Voici donc la gauche socialiste et communiste contrainte de camper sur de grands principes en invoquant les mânes des Lumières, de l’internationalisme militant,  avec SOS Racisme et le MRAP  pour remplacer Voltaire et Jaurès. C’est triste mais c’est si vrai. Et puis en face, ceux qui n’ont pas la même conception, c’est la bête immonde, l’infâme qu’il faut écraser. Ainsi Rocard trouvait-il judicieux de comparer la reconduite des Roms à la collaboration vichyste. Mais où en est-on arrivé ? S’il faut toujours évoquer le plus horrible pour condamner une action, à quoi cela sert-il, sinon à banaliser le pire ? Ce discours, d’un consensualisme si mollasson (“droit de l’hommiste”) ne trompe plus personne. Nazi ici, Vichyste par là, collabo pour les autres… ce serait si simple. Mais les faits sont têtus, Sarko n’est pas Pétain (ou en tous cas il ne le peut pas), ces gens ne sont pas envoyés à la mort. Aussi injuste soit cette politique, vouloir l’assimiler au pire, c’est décrédibiliser durablement l’opposition qu’elle pourrait rencontrer. On s’indigne, on proteste, on est effaré, très bien. Mais voilà, le hic c’est que ça n’intéresse plus personne. Rien à faire, l’inflation des mots fait momentanément monter la température, puis ça retombe comme si de rien n’était. Et la fois d’après que pourra-t-on faire de plus ? La gauche s’est enfermée dans un discours stéréotypé, une ritournelle bien pensante, inlassablement répétée. Elle a désorienté ses électeurs à force de nier l’évidence. Aujourd’hui l’homme de gauche se trouve très gêné si ce thème arrive à table, car comment convaincre le Français qui galère que la victime c’est le migrant ? Ce n’est que par un “surmoi” politique que les plus honnêtes d’entre nous s’efforcent de distinguer, de nuancer, de ramener à des proportions plus justes les amalgames “zemmouriens” erronés qui pourraient surgir devant la machine à café du bureau ou lors d’un repas de famille.  Les vents dominants soufflent dans le sens inverse.

Si cette thématique était décisive pour la majorité des électeurs, il y aurait belle lurette que la gauche aurait cessé d’exister ! Porter un tel discours ne mène aujourd’hui qu’à l’impasse. C’est pourquoi certaines voix de gauche ont cru bon de lever le tabou. Mais pour mieux reprendre le discours identitaire porté par la droite et l’extrême droite ! C’est le cas de personnes comme Manuel Valls qui se plaignent d’avoir trop de noirs et d’arabes dans la ville dont ils sont maires. Dans ce cas, la gauche n’aurait d’autre possibilité que de battre sa coulpe et de ployer sous l’effet des vents contraires. C’est admettre que l’immigration n’est pas d’abord un problème humain mais identitaire ou au mieux culturel. Devant ce nouvel abandon, la majeure partie des élus de gauche campe sur ses positions et répètent à l’envi son credo misérabiliste… Se comporter en humaniste, c’est très bien, mais ça ne règle nullement le problème !Les Français ont compris :  Donner des papiers ne rend pas plus Français et c’est dommage. Donner des papiers incite les autres à venir et c’est tragique.

Alors on pourrait toujours laisser croire qu’il est possible de leur donner des papiers, de les soigner, d’éduquer leurs enfants et dans le même temps de fermer les frontières pour les nouveaux candidats, de les empêcher d’accoster, de vérifier toutes les soutes d’avions, les cales des paquebots, d’hérisser la Méditerranée de miradors. Mais cela n’est-il pas contradictoire avec l’humanisme revendiqué ? Faudra-t-il encore accentuer les patrouilles communautaires aux frontières de l’Union, dépenser des millions pour s’équiper de vedettes rapides, gueuler sur nos voisins européens jugés trop laxistes ? Nous ne le savons que trop, ces remèdes n’en sont pas, il est impossible de fermer une frontière aussi longue que la Méditerranée et les Balkans réunis. Malheureusement la position de la gauche n’est donc pas tenable : A la fois inefficace à contradictoire.

Par ailleurs celle de la droite est illégitime puisque l’on ne peut avoir pour seul viatique la reconduite à la frontière. Celle-ci se déroule dans de telles conditions objectives qu’on peut la considérer comme inhumaine. Et sa charge symbolique considérable la fait entrer en réminiscence avec ce qu’il est convenu d’appeler “les heures sombres de la collaboration”. Enfin, c’est comme remplir le tonneau des Danaïdes,  des chiffres de reconduite plus élevés ne signifient rien d’autres que le fait qu’ils sont plus nombreux. Dire qu’il faut reconduire 10000 clandestins par an n’a pas de sens, puisqu’on ignore combien entrent et combien sont présents. Mais passons, rendons à Ubu ce qui est à Ubu.

Au final, la position de gauche comme de droite ne divergent que sur la façon de traiter les clandestins déjà présents sur le territoire. Concernant les futurs arrivants la politique mise sur pied est identique : elle comprend deux volets : l’un à l’échelle européenne est répressif : empêcher les clandestins d’entrer dans la forteresse passoire Europe. L’autre est plus préventif et se situe plus en amont. Il s’agit le plus souvent “d’aider” les pays de transit (comme le Maroc) par exemple à mener une politique répressive sur son leur propre territoire.

Le clandestin, idéal néolibéral

On a donc une droite parfaitement consciente que sa politique n’a pour seul effet concret qu’amuser la galerie et une gauche peu disposée à évoquer une mise à jour de son logiciel. Au faux combat nationaliste et identitaire porté par la droite répond une tolérance fallacieuse relayée par la gauche. De part et d’autre donc des faux nez, des postures, de la communication et de longs silences. Or, à y regarder de plus près, l’immigrant, et singulièrement le clandestin, est l’idéal-type du capitalisme contemporain. Ces hommes et femmes, jeunes, capables de parcourir des milliers de kilomètres, de changer de continent pour gagner un peu plus, sont les prophètes de l’aube nouvelle : ils ne demandent rien, n’ont droit à rien. Disponibles par millions, ils travaillent plus longtemps, sont endurants, acceptent tout job. Ils sont les ouvriers modèles, les Stakhanov du XXI° siècle. Ils répondent même aux exigences de pôle emploi puisqu’ils ne refusent rien. Comme les produits qui circulent librement, ils traversent plusieurs frontières avant de se mettre à disposition. S’il leur arrive malheur, aucune inquiétude à avoir, d’autres arriveront. Rien ne les retient, nulle part. La famille ? Quittée. Le pays d’origine ? Trop loin. Les amis, les relations ? Inexistants. Ce flux de main d’œuvre clandestine irrigue nos secteurs les plus prospères en France : le tourisme, le bâtiment, les aides à la personne. Comme c’est étrange. Qui rafle la mise ? L’entrepreneur véreux.  Qui y perd le plus ? Le citoyen français. Pourquoi y perd il ? Le recours aux clandestins accroît le volume de travail au noir et réduit les recettes fiscales. Certains emplois qui devraient apparaître sur le marché ne le sont pas. Les salaires ne peuvent augmenter, les droits sociaux sont réduits devant cette concurrence déloyale. Ces personnes, à leur insu, pèsent donc sur les revenus, les conditions de travail de millions de salariés.

Vous avez bien dit moins d’Etat, réduire les droits, geler les salaires, réduire le code du travail en bouillie ? Mais ne s’agit-il pas de l’axe majeur de notre politique socio-économique ? Dès lors, quel intérêt pour les pouvoirs publics de se doter d’une politique et d’instruments capables de juguler véritablement le phénomène de l’immigration clandestine ? “Ah, si seulement nos Français paresseux pouvaient être payés comme eux et s’endetter comme des Américains, nous serions les plus heureux !” c’est en substance ce qu’ils se disent là haut. Et devant une telle évidence, la gauche devrait hurler, renverser la table, estimer que c’est là un atteinte aux droits des Français. Reconnaître au moins que les clandestins sont le cheval de Troie du néolibéralisme dérégulé. Mais non, rien, ce sont des victimes. Et les Français ? Silence.

La droite ment quand elle prétend s’attaquer aux clandestins car son intérêt est qu’ils restent. La gauche est dans le déni car son intérêt est de faire croire qu’elle s’oppose vigoureusement quand elle ne fait qu’acter l’effondrement de notre modèle social.

Et donc que faire ?

Une politique migratoire de gauche consiste donc d’abord à limiter au maximum l’immigration clandestine. Pour cela, plutôt que de laisser entendre qu’on ne peut rien y faire ou que c’est en aidant les pays d’origine qu’on fermera le robinet, il faudrait enfin agir dans nos frontières; c’est à dire durcir la loi pour les employeurs peu regardants, accroître le nombre d’inspecteurs du travail, réévaluer ces missions au sein de l’ Urssaf. Ce type de mesure, dont le coût est minime, voire au final totalement rentable, aurait pour effet de rendre plus difficile l’emploi des clandestins. On évalue leur nombre sur le territoire français dans une fourchette de 200.000 à 800.000, c’est autant d’emplois qui ne sont pas pourvus, autant de cotisations non perçues etc. Il faut “resocialiser” la problématique de l’immigration. Y répondre en sanctionnant les patrons complices et non en remplissant des charters, voilà la réponse. Mais dans notre république est-il encore possible de faire appliquer la loi ? Il faut faire de la lutte contre le travail clandestin une priorité nationale.

Et concernant l’immigration légale, en quoi consisterait une politique de gauche. Selon le principe d’humanité évoqué en début d’article, les migrants légaux doivent avoir une perspective professionnelle en France. Inutile de leur donner l’autorisation d venir pour qu’ils aillent pointer au chômage. Parmi eux, il faut donner la priorité à ceux qui ont les diplômes ou les qualification correspondant aux métiers qui manquent de candidats en France, comme celui d’infirmière par exemple. Mais selon l’adage bien connu, “on ne peut accueillir toute la misère du monde même si l’on doit prendre notre part”, selon quels critères choisir ? Donner la priorité aux anciens ressortissants de l’empire colonial ne serait que justice, favoriser celui qui maîtrise le Français. Nos ambassades auront du travail ! Si les vannes de la migration clandestine sont fermées, ouvrir un peu plus celles de l’immigration légale semblera justifié. Nous pourrions ainsi accroître notre part dans la prise en charge de la misère du monde. C’est bien plus efficace que de vendre des jeeps à l’Algérie pour qu’elle chasse les Mauritaniens en route pour l’exil à travers le Sahara.

Enfin, il faudra un peu se concentrer sur nos frontières ultramarines. Le département français qui est le plus concerné par l’immigration clandestine est la Guyane, la Réunion et les Comores suivent de près. Dans ces zones très pauvres, l’attrait de nos minimas sociaux suffit à expliquer les flux. C’est là qu’il convient de porter l’effort policier. C’est avec le Surinam plutôt qu’avec le Maroc qu’il faut passer des accords bilatéraux. C’est moins vendeur mais bougrement plus efficace.

Au final la France en sortirait grandie, aux yeux du monde et des migrants. Ce serait une noble ambition pour un pays qui se proclame “patrie des droits de l’homme.  Elle lutterait activement contre les mafias de passeurs. Dans nos frontières, la lutte contre le travail clandestin serait sans doute populaire et limiterait l’ampleur des pressions qui s’exercent sur le salariat. Ne nous y trompons pas, c’est de conquête sociale dont il s’agit, pas de chasse à l’homme.

Ces quelques pistes d’action sont insuffisantes mais elles me semblent de bon sens. Puissent-elles passer entre les mains d’un responsable politique et donner une nouvelle orientation au discours porté par la gauche en matière migratoire.

jeudi 27 janvier 2011

Pourquoi vous n’aurez pas droit au duel Sarko-DSK en 2012

        Derrière le ralliement forcé au président sortant, on trouve moult ambitions individuelles plus ou moins dissimulées. Cela est de bonne guerre. Mais concrètement, le nombre de candidats potentiels de droite en 2012 demeure impressionnant : M. Le Pen, N.Sarkozy, D. De Villepin, N. Dupont Aignant, H.Morin, F Bayrou.  6 candidats de droite au premier tour, voilà qui serait pratiquement inédit. On peut imaginer une configuration réduite à 5 mais ce chiffre reste quand même considérable. Electoralement cela signifie 2 candidats d’extrême droite (j’y reviendrai) 1ex repenti néogaulliste, un pur jus gaulliste souverainiste, 2 centre droit européistes. En gros 2 candidats pour chaque famille de la droite. On frôle le trop plein ! D’autant qu’aucun d’entre eux ne pourra jouer le “centriste du centre” avec le père FMI à gauche. Ces familles regroupées représentent environ 51-54 % des votants en France. Le risque pour Sarkozy est double : Dans cette configuration (à 5 ou 6)  il peut aussi bien être devancé sur le fil par Le Pen, qu’être le Jospin de la Droite c’est à dire amener une situation ou son camp, quoique majoritaire (comme l’était la gauche en 2002 au premier tour), soit privé de second tour.  L’étiage d’un sortant présidentiel se situe autour de 19 % (Chirac 1er tour 2002 moins de 20 %) Voilà pour le matelas. Un tel score ne lui garantit pas de passer au second tour, il doit donc donner aux personnes de droite envie de voter pour lui plutôt que pour un concurrent de son camp.

Il est vrai que “l’instinct” de l’électeur de droite est de voter d’emblée pour son champion, du fait de l’amour que tout électeur de droite porte à l’idée du “chef”. Ceci dit, quoiqu’il arrive, Sarkozy arrivera en 2012 salement amoché y compris dans son camp. L’indécis de droite, par respect pour le chef, n’ira pas donner sa voix à un diviseur, certes, mais ira-t-il voter ?

Sarkozy saura rallier au 2° tour contre la gauche, mais parviendra-t-il à ce stade là ? Il est certain qu’au delà des 20% les voix seront chères. Il ne les gagnera que sur une dynamique de campagne. Or, une campagne réussie dépend d’abord du positionnement politique, de la posture dirait-on si l’on était cynique.

Car l’homme ne plaît plus guère et surtout ne surprend plus. Car s’appuyer sur un bilan s’avère pour le moins délicat. Donc, ne lui reste que l’option du positionnement. Que peut-il envisager ?

Le libéral : Tactique qui aura le mérite d’hérisser la gauche et de ne pas être portée par un autre candidat de droite. Le voilà redevenu “clivant”, il pourra espérer faire le débat. Risque : prêter le flanc sur sa droite, délaisser les thématiques sécurité/immigration/identité. Au final, option peu probable ou mezzo voce .

Le gaulliste qui a trouvé sa voie au delà des partis : “Changé” une énième fois, il incarne enfin sa fonction. Au dessus de la mêlée, il parlera gouvernance européenne, Europe et régulation de la mondialisation. Risques : le créneau est déjà pris par Villepin et Bayrou, potentiellement inaudible.  Et face à DSK risque du ridicule.Lassitude possible de l’électorat devant sa nouvelle métamorphose. Campagne qui ne “prend pas”.

Reste la posture du “droitier assumé”. Immigration, insécurité, identité nationale et/ou religieuse. Et voilà notre Sarko transformé en Berlu, en Haider, en leader minimo. Concurrence possible avec la Le Pen. Espoir ? siphonner une nouvelle fois ses voix. D’autant que la posture “néogauchiste” de la dame pourrait lui laisser une opportunité. Risque : rassemblement large de la gauche et du centre. Peu de réserves au deuxième tour.

Dernière option : le bilan. La continuité. L’homme qui rassure. Garantie de passer le premier tour avec le matelas de 25% d’opinion favorable. Mais dans ce cas difficile de mobiliser 5O,1 % des voix pour “que ça continue comme avant”. Même un mou du bulbe légèrement rosé suffirait à le battre.

 

Maintenant envisageons cela avec l’hypothèse DSK.

L’homme du FMI est sûr de l’emporter face à Sarkozy au deuxième tour certes, mais finalement il est également le seul autre candidat qui devra défendre un bilan (moyen) dans une institution peu reluisante (le FMI) pour ceux de son camp (la gauche). L’homme qui supprime des milliers de fonctionnaires dans le monde entier, qui privatise les services publics, qui impose des plans de rigueur aux pauvres. Un beau slogan pour le peuple de gauche !

L’homme perdra donc nécessairement beaucoup de voix sur sa gauche. S’il est cantonné au centre par un Bayrou et ailleurs par des écolos un peu moins naïfs qu’à l’habitude, il peut ne pas franchir le premier tour.

En réalité, DSK ne représente pas une alternative mais un renforcement ( la mondialisation libérale à fond) des dynamiques à l’œuvre actuellement. Il pourra en revanche essayer d’incarner un certain apaisement dans la pratique du pouvoir par rapport à son agité de prédécesseur mais il ne sera pas le seul à occuper ce créneau là. Or, chacun sait que dans les choix économiques, la présidence DSK ne saurait infléchir sensiblement la tendance actuelle…car l’homme ne le peut (ce ne sera pas pour ça qu’il sera élu) ni ne le veut (eu égard à ses fonctions passées et à ses vertus cardinales : libre concurrence, libre marché, etc).

La droite umpiste n’a en réalité de meilleur allié, la preuve ? C’est l’homme de gauche le plus apprécié à droite. Le même est moins apprécié à gauche qu’Aubry, c’est dire. Les intérêts de la droite n’ont rien à craindre d’un DSK président. Lui aussi sera, à coup sûr, le président des riches. D’ailleurs c’est les seules personnes qu’il fréquente encore à Washington.

A ce stade, arrêtons-nous. DSK doit surmonter avant cela un obstacle incontournable, à savoir les fameuses primaires du PS. A supposer que celles-ci se déroulent convenablement, il n’a que peu de chances de les emporter. Il est dans la même position que Delors en 1995. Un homme lointain qui paraît puissant. Come Jacques, Dominique n’est plus en prise avec les Français. Et, je l’ai déjà signalé, il n’est pas le plus populaire à gauche. L’éloignement doctrinal et géographique du directeur du FMI risque de peser lourd dans des primaires où l’on s’écharpera à coup sûr. Comme Delors, il est populaire. Comme Delors, il a l’image du centriste, comme Delors, il ferait mieux de renoncer. Il y a pour lui un risque de déroute aux primaires. Tout le monde le veut mais personne ne l’attend. Hormis les bras droit du PS, qui est impatient de le voir entrer en scène ? Il est l’homme providentiel, il est le grand vainqueur, il est celui pour lequel on n’a pas besoin de voter. Sera-t-il en mesure de faire déplacer les foules aux primaires ? Entre septembre 2011 et octobre suivant, sera-t-il en mesure de mettre sur pied une dynamique suffisante à gauche (et pas dans les sondages !) ? A mon avis non.

Si toutefois, à ma grande surprise, DSK emporte les primaires demeurera l’hypothèse suivante : Entre Sarkozy et lui c’est comme entre Talleyrand et Napoléon : c’est le principe des vases communicants, l’un ne peut s’envoler si l’autre ne s’enfonce pas.

Pour se qualifier au deuxième tour, quelles stratégies s’offrent à Strauss Kahn ? En posant cette question, j’en viens à douter que l’homme puisse même se la poser. Sûr de son coup, il fera peut être d’emblée une campagne de deuxième tour, comme Jospin en 2002. Toutefois, quel positionnement adoptera-t-il pour la campagne?

- Première possibilité : Etre lui même. Le banquier du monde au chevet d’une France malade. Quels sont les atouts de cette stratégie ? Pouvoir surfer plus longtemps sur son “capital de sympathie” comme on dit de nos jours. Etre en quelque sorte “inatteignable” genre blanche colombe entourée de vulgaires crapauds. “J’ai la confiance des marchés, la France peut se relever et recouvrer sa place dans le concert international. Je connais mieux que quiconque les limites entre le souhaitable et l’irréalisable. Les autres peuvent rêver tout haut, moi je suis dans le concret”. Ce type de tirade reviendra sans doute comme un leitmotiv au cours de la campagne. Limites de la stratégie : apparaître distant et roboratif. Effritement progressif, désintérêt croissant. Prête le flanc aux critiques venant de la gauche, dispersion de l’électorat. Comment se distinguer d’un Bayrou, voire d’un Sarkozy qui l’a placé lui même à la tête du FMI ? En creux ça donnera “Si tu parles de là où tu es, c’est grâce à moi. Tu es un bon gestionnaire mais je suis le visionnaire.”   Bref, cette tactique n’est pas tenable sur une campagne de 6 mois.

- Alternative : Gauchiser son image voire son programme. Avantage, mieux rassembler son camp. Risque de ne pas mordre sur l’électorat centriste. Devant ce choix cornélien, le curseur est difficile à placer. Mais surtout une attitude peu crédible eu égard à son passé (plus que récent) au FMI. Donc, des difficultés pour convaincre “à gauche” et l’électorat modéré déboussolé.

- Dernière option : celle du trublion. Profiter d’une image d’homme sérieux dans “le cercle de raison” pour tenir une position iconoclaste. “Le libéralisme c’est la gauche” ou “le fédéralisme européen, voilà l’avenir” ou encore “dé-présidentialisation du régime républicain”. Objectif : allier la constance de l’homme responsable (sérieux) et la rupture politique (transformation majeure). Mais un tel pari suppose beaucoup de courage politique et sied davantage aux outsiders qu’aux favoris. Or, l’homme est prudent, sa déroute cuisante aux “primaires” de 2007 ne l’incitera pas à prendre des risques. Ce choix tactique ne sera donc pas le premier, il ne s’agira que d’un recours en cas de difficulté.

Or, s’ils sont tous deux candidats Sarkozy + DSK représentent moins de 50% du paysage politique français car ils sont sur le même registre. Et quelque part, le même bilan. Une grave crise économique à gérer (mon dieu les pauvres !), les sacrifices qu’il faudra faire etc. A priori donc, ils ne pourront réunir chacun 25% des voix. En deçà de ce seuil, l’accès au deuxième tour n’est pas garanti. Il y aura un troisième homme(ou une femme). Voire un(e) quatrième…

Reste la médiatisation de la campagne. Combien de sondages où les deux principaux prétendants seront “testés” au deuxième tour ? Combien de manchettes sur “le duel qui s’annonce” ? Combien d’invitations aux 20 heures ? Combien de fois la messe sera-t-elle dite avant le premier tour ? A toutes ces questions, nul doute que nos deux coqs devanceront largement leurs adversaires. Reste à savoir quel effet cela produira sur les citoyens. Il y a fort à parier qu’à l’instar du référendum de 2005 ou de la mobilisation sur les retraites de 2010, l’overdose prenne le dessus. Une presse officielle trop univoque est la meilleure garantie pour un effet boomerang que l’on décèlera quelques semaines avant le jour J sur le net.