samedi 29 mai 2010

Nous y étions, inutile de nous remercier. II/II

Nous voilà bien avancés, vous voici bien satisfaits. Pour Libération, l’échec de la journée de grève et de manifestations sur les retraites se traduit par un “avantage Sarkozy” qui barre la une.

Les Français ne sont pas prêts à se manifester un jour, mais veulent bien volontiers se sacrifier au boulot trois ans de plus. Travailler plus pour mourir plus.

“Y en a marre de ces journées qui servent à rien”. Quoi de plus vrai en effet : au moins il y a de monde dans la rue au plus leur présence est inutile.

Aux salariés du privé qui vont être les plus touchés par la réforme à venir. Continuez à ne rien dire à ne rien faire, ça  arrange bien le secteur public.Et demain on vous manipulera à nouveau et vous pourrez vous exciter à nouveau sur les privilégiés de fonctionnaires. En fait, en regardant leur situation, vous ne verrez que l’étendue de ce que vous avez perdu. Envieux et jaloux du sort du public à nouveau vous serez. Favorables au nivellement et à l’alignement par le bas vous resterez.

Aux fonctionnaires non grévistes qui bénéficient du “bouclier social” de la minorité gréviste, continuez à faire preuve d’une telle solidarité, on est prêt à partager l’obole. Du gain des luttes vous continuerez à bénéficier et  cracher joyeusement sur les syndicats restera votre distraction préférée. Vrais parasites vous resterez, des heures sup vous ferez. Des congés maladie vous aurez.

Aux retraités aigris qui s’ennuient, et qui pullulent dans tous les forums de discussion, décuplez votre haine pour ces gens qui ne demandent qu’à pouvoir partir au même âge que vous, mais qui ne pourrons pas, parce que, enfants gâtés des trente glorieuses, vous n’avez pas jugé utile de faire des gosses. Votre petit cul vous obsédera donc jusqu’au bout. Centenaires vous serez, 45-50 ans de retraite vous toucherez. 

Aux plus jeunes qui arrivent bientôt, de solidarité vous n’entendrez parler, de congés payés vous serez retranchés, de répartition vous ne saurez que la rime avec capitalisation, et sécurité sociale s’apparentera à quête du Graal. En concurrence avec les Chinois vous serez, vos salaires vous devrez abaisser.

Aux régimes spéciaux des ministres, des parlementaires et à la retraite de 30000 euros mensuels de J Chirac, je dédie cette prose. Magnanimes vous serez ? Principe de réalité et pragmatiques, conscients du danger et machiavéliques, arguments techniques ou arguments cyniques ; vous vous adapterez…rien que du très classique.

vendredi 28 mai 2010

Nous y étions, inutile de nous remercier.

Il fallait s’y attendre la mobilisation test contre la réforme des retraites n’a péniblement réuni qu’un million de personnes dans les rues d’après les décomptes syndicaux. Comment  expliquer cet échec ?

- Un front syndical divisé. FO appelle séparément à la grève en juin. CGT et CFDT s’affichent côte à côte mais chacun joue une partition différente.

- Les bataillons de fonctionnaires sont pour le moins émoussés, en raison d’une politique d’essorage que rien ne semble pouvoir arrêter et mise en œuvre depuis 2007. Et les retraites rappellent de mauvais souvenirs, des histoires de trahisons syndicale, des semaines de salaire perdues etc.

- La méthode usée jusqu’à la corde. Ce mode d’action est totalement contre productif. Se mobiliser un jour, faire un p’tit tour et puis s’en vont. Imaginez un instant seulement que ce million de personnes se soit concentré dans les seules rues de la capitale ! Le résultat aurait été tout autre.

- Le principal parti d’opposition ne croit pas en son combat. Il existe un malaise évident au sein du PS entre ceux qui, “par réalisme” estiment que de toute façon, il faudra bien travailler plus et ceux plus attachés à l’image (de gauche) et à l’héritage (mitterrandien en l’occurrence) qui en font tout un “dogme”. Postures dans les deux cas. Idéologie libérale pour les premiers et conformisme nostalgique pour les seconds.

- Une mobilisation qui arrive soit trop tôt (avant l’annonce de ladite réforme)  soit trop tard ( trop proche de l’été).

- La faiblesse du contre argumentaire syndical mais surtout la faiblesse de son espace médiatique

- Le matraquage médiatique reposant sur l’argument biologique “Comme on vit plus vieux, on travaillera plus tard”, trop peu d’actifs pour financer ces retraités du baby boom. Tout apparaît comme inéluctable, le déclin est inexorable, il faudra faire des sacrifices. Le même tourbillon médiatique que celui qui avait précédé le référendum de 2005. De ce point de vue, pourvu que ça dure !

- Un gouvernement qui laisse filtrer quelques infos dont l’effet est de désolidariser les salariés voire de les monter les uns contre les autres : pas touche au mode de calcul de pension des fonctionnaires, pas touche aux régimes spéciaux.

-Enfin le caractère trop étriqué des ambitions. Nous assistons en Europe à une accumulation sans précédent de plans de rigueur. A-t-on entendu ne serait-ce qu’un syndicat envisager l’idée  d’une mobilisation européenne ?  Non

Au final, nos aurons bien une réforme qui passera sans grande difficulté. Mais elle ne comblera pas les déficits de la caisse retraite. Mal ficelée, elle aura pour effet de créer une zone grise, un état de semi employabilité pour les séniors,et in fine une précarisation de leur situation; Enfin, il faudra, dans 5 ans, faire une nouvelle réforme pour préserver une coquille alors vidée de sens.

mardi 25 mai 2010

Social-démocratie : Tempes grises à défaut de matière grise

Le PS organise en avant première sa défaite. Les propositions socialistes sur la retraite n’ont aucun intérêt. Sous le voile de “la garantie de la retraite à 60 ans” en cas de victoire en 2012, le projet entérine de fait toutes les réformes précédentes opérées par la droite, en particulier la réforme Fillon de 2003. Sous couvert de “coup de barre à gauche”, le Parti socialiste poursuit de fait sa dérive libérale. La sortie du directeur du FMI, qi se veut décomplexée avec des arguments du type, (je cite de mémoire) “Si on vit 100 ans, pourquoi s’arrêter à 60 ?” permet à ce brave homme de se démarquer mais aussi de se démasquer. Lui est un vrai “libéral social” qui s’assume. C’est vrai, il a raison, pourquoi ne pas passer tout de suite à 75 ans comme âge légal ? Pourquoi, finalement, ne pas vivre comme nos arrière grands parents et tous mourir joyeusement au milieu de nos collègues ? Continuons à dérembourser, augmentons l’âge légal de la retraite, accroissons le stress et la flexibilité, soyons moins rigides sur les conditions de travail, et la durée de vie baissera. Ainsi, nous aurons vaincu la dette les amis ! Et après ? Et bien, nous pourrons à nouveau renflouer les banques, et nous reconstituer une nouvelle dette !

Donc en résumé : une secrétaire du PS qui après avoir annoncé le recul de l’âge égal, fait du maintien de cet âge la vitrine d’un programme en cédant sur tout le reste (durée des cotisations par exemple, puisque la loi Fillon prévoit de la porter à 42 ans en 2020) et un président du FMI, qui non content de mettre en œuvre un immense plan de rigueur européen sur le dos des populations, vient expliquer à ses compatriotes qu’ils n’ont d’autre choix que de travailler plus…pour rien (c’est à dire au mieux maintenir le niveau actuel des pensions, absence de la prise en compte de la pénibilité …). Ou que l’on se tourne au PS, on ne trouve personne pour défendre la retraite à 60 ans à taux plein avec 40 annuités ! Quant aux 37,5, horreur, comment a-t-on pu défendre une telle hérésie ?

Avec un tel programme social, pas de doute, le PS rassemblera encore l’électorat “réaliste urbain, bobo des quartiers branchouilles”. Ceux qui se mettent quelques années volontairement au chômage car ils sont sûrs de retrouver du boulot, et qui en profitent pour faire le tour du monde à vélo. En revanche l’employé ou l’ouvrier qui a bossé 30 ans dans la même boîte et qui voit se profiler la porte, qu’a-t-il à gagner à cette société du “care” tant vantée par Mme Aubry, cette société où il est permis et en réalité fortement conseillé de jongler avec les jobs, de changer de région au gré des offres, de refaire sa vie chaque matin ?

Pensée hors sol, déconnexion totale avec les catégories sociales qu’il prétend représenter, querelle des égos, soumission aux “injonctions” des marchés et de Bruxelles, le PS, depuis 2005 et le référendum sur le TCE, n’en finit plus sa crise. Demain, il gouvernera avec la droite si seulement le mode de scrutin le permettait.

On pourrait à la rigueur comprendre que les modérés de gauche soient à court d’idées. Cela peut se comprendre : partout la social-démocratie est en déroute électorale. Son fond de commerce s’est réduit à peau de chagrin:  les retraites, la fiscalité, la sécurité sociale, les minimas sociaux, la répartition, l’Etat Providence tout cela a volé en éclats sous les coups de butoirs conjugués de la globalisation économique (qui est un fait historique) et du néo libéralisme (qui en est l’avatar idéologique ). Chacun aurait pu comprendre qu’il leur faille un peu de temps et de concertation pour se reconstituer un corpus politique cohérent Mais non ! rien de tel : L’option choisie fut celle du ralliement unanime de la social démocratie à ce qu’elle appelle “un monde qui change”. Cette attitude avait déjà de quoi décevoir. Depuis quand en effet, s’agit-il de regarder le monde changer pour s’y adapter ? Ce passage au mode passif est porteur du renoncement : le monde change, adaptons nous. Cette doctrine du changement contraint, et, qui plus est, dans un sens prédéfini n’est pas à proprement parler conquérante.

Or, depuis la grande crise et ses développements européens, à quoi assistons nous. La social démocratie nous offre son silence, son expectative. La gêne face aux dégâts considérables que l’on préfère nier, ou plutôt que l’on préfère rejeter sur les gouvernements nationaux. Pas de remise en question, aucun aggiornamento sur les errements passés, ou si peu. Prenez Jacques Julliard, l’un des seuls à s’être réveillé, voyez-le prêcher dans le désert au Nouvel Obs. Cette social-démocratie est donc sourde, aveugle et muette. Que peut-on encore décemment attendre d’elle ? De quel projet est elle porteuse ? Au mieux, elle avancera une gestion “plus humaine”, de la crise. L’empathie qu’elle nous offre en guise de programme nous fait pitié.

jeudi 20 mai 2010

Un ciné ? Un foot ? Plutôt l’apéro !

C’est un sentiment étrange. Vous avez remarqué ? Le festival de Cannes passe inaperçu ou presque cette année. Comme si les stars et les paillettes ne faisaient plus rêver. Non que leur vie soit désormais dépourvue d’étoiles, mais comme si celles-ci étaient désormais filantes. Comme si les cieux s’obscurcissaient, ces mêmes réalisateurs, ces brochettes d’acteurs, ces mêmes marches dissimulées sous un tapis toujours si rouge. C’est que l’on est en droit de s’interroger : le cinéma a-t-il encore quelque chose à nous dire? A nous montrer sans doute, la 3D sauvant les meubles… Lors du festival avorté de 68, l’agitation de quelques cinéastes pouvait sembler déplacée, ou naïve mais elle avait un parfum d’authenticité, de spontanéité. Le grand écran avait encore quelque légitimité pour incarner une génération, ses rêves, ses illusions… Aujourd’hui, c’est la crise, la grande crise, Godart et Dany le vert font la une de Télérama. Pour appuyer le propos dans le genre “flashback”, on nous gratifie en guise d’ouverture d’un Wall Street II redite grossière d’une première mouture honorable. Cannes se disculpe en offrant, en ouverture, un gros méchant film dans lequel de vilains spéculateurs refont le monde à coup de dollars virtuels. Quelle dénonciation ! Quel courage et que de subtilité dans le propos ! M Douglas et R Scott en K Marx et F Engels du XXI° siècle… Mmm on adore. Tout cela sous les yeux d’un autre grand cinéaste engagé, qui n’est ni focalisé sur son nombril ni en observation clinique de sa petite enfance, j’ai nommé Tim Burton en figure tutélaire léniniste.

Etrange aussi ce désamour pour une équipe de France de football. Il y a de quoi me direz vous, des résultats pourris, une qualification un peu trop haut la main, des putes qui tournicotent autour de la moitié de l’effectif, des demandes en mariage en direct pour le sélectionneur.  Que de bon goût. Que reste t-il de la France prétendument Blacks/Blancs/Beurs de 98 et de l’enthousiasme autour d’une équipe qui pouvait prétendre représenter la France dans sa diversité ?D’aucuns argueront que c’est parce que le foot est un sport populaire qu’il génère toute cette merde. Populaire ce huis-clos autour de ces star de série B ? Populaire cette valse des millions, ce bruit de caisse enregistreuse à chaque pas ? Populaires ces gars qui ne saluent pas leur public, populaires ces types qui ne s’expriment  (ou essaient de s’exprimer) uniquement devant une façade de sponsors, tous officiels ? Démago le prix des places en Afrique du Sud, où l’on réussira sans doute l’exploit d’avoir des blancs dans les tribunes et des noirs dans l’arène ? Et que dire concernant ce désintérêt pour cette coupe du monde de football qui débute dans trois petites semaines. Le désamour entre la France et le football s’accroît. Ce n’est pas grave mais c’est un symptôme : Le foot c’est jetsetisé, s’est VIPisé . Et ça finit par écœurer. La gerbe, comme après quelques coupes de trop.

L’industrie du rêve se porte mal, et celle de l’oubli ?  de la transgression? Au mieux, elle se porte au mieux !Voyez-les  les Pernaud, les Vermouth, se frotter les mains : Des apéros géants organisés depuis Facebook. C’est gratuit, convivial, bien plus en tous cas que la “fête des voisins” ou que la messe de Noël. Tiens donc, c’est spontané, pas encore sponsorisé. Ah ça dérange les préfets ? Et bien tant mieux. Notre ministre aussi ? Re tant mieux ! Spectacle purement jouissif, hédoniste. Pas de vie par procuration, juste le besoin de boire et d’échanger de visu. Etrange non, que ce qui nous éloigne tant les uns des autres, à savoir ces “réseaux sociaux” en arrivent à nous faire ressentir le besoin de nous rencontrer ? Mais ce type de réunion hors cadre (on dirait hors champ au ciné ou hors jeu au foot) sans organisateur, sans responsable, sans mécène, ça dérange. De surcroît, ça rassemble, ça réunit. On y blague même parfois ! Quelque chose comme la campagne des banquets républicains… Attention danger, il se pourrait que l’on ne soit pas condamné à errer seul devant le spectacle…nous pourrions le faire nous-mêmes.

mardi 18 mai 2010

Pas de retraite sans Bérézina

Savoir sonder

http://tempsreel.nouvelobs.com/dossier/la-reforme-des-retraites/20100518.OBS4104/54-des-francais-favorables-au-recul-de-l-age-de-la-retraite.html

Question annexe 1 : Ne serait-il pas judicieux de ne pas interroger à ce sujet les déjà retraités ? Quel est la réponse par tranche d’âge ?

Réponse : Pour les retraités interrogés, la réponse est évidente : pour maintenir vos pension, il faut travailler plus. Y êtes vous favorable ? Non, non bien sûr, je suis favorable à la baisse de ma pension.

Conclusion : Ceux qui ne travaillent plus sont naturellement favorables à ce que les actifs travaillent plus longtemps pour financer leur retraite. Petit rappel : plus de 60 % des retraités avaient voté Sarkozy en 2007…

Question annexe 2 : combien de temps vit-on en moyenne en bonne santé ?

Réponse :

En moyenne dans l’UE, les hommes vivent en bonne santé jusqu’à un peu plus de 67 ans, 69 pour les femmes.
En France, les hommes sont en bonne santé en moyenne jusqu’à 68 ans, les femmes jusqu’à 68 ans et neuf mois

Conclusion : On pourra tous profiter de deux à trois ans de retraite. Ensuite elle financera (partiellement) la maison de repos. Chouette !

Et les Français sont pour ! Si, si les sondages le disent.

Savoir compter

Quel est le mécanisme à l’œuvre ? Comment faire accepter l’idée de travailler plus longtemps à une époque où le travail comme la richesse sont plus mal partagés que jamais ? Le procédé est grossier :

1/ Nous avons un système de retraite exceptionnel, unique au monde dont nous devons être fier car il est le garant de la solidarité nationale

2/ Mais ce modèle est menacé, il est très déficitaire. La démographie est défavorable,  demain il n’y aura plus assez d’actifs pour financer les pensions.

3/ Nous ne voulons pas remettre en cause le principe des retraites par répartition. Voyez comme nous sommes ouverts.

4/ Pour votre bien et pour sauver vos retraites, il vous faut travailler plus longtemps.

Plus d’actifs plus longtemps = plus de cotisations

Un départ plus tardif à la retraite = durée moins longue de versement des pensions

Résultat comptable : des économies réalisées sur le dos des travailleurs.

Résultat social : Baisse globale de la qualité de la vie

Et des Frédéric Lefebvre qui peuvent affirmer “Il faut travailler 50% de notre vie”. Génial. Comment compte-t-il le brave homme, qui en déclarant cela se croit au travail ?

Disons que nous vivons en moyenne 80 ans. Il faut donc cotiser 40 ans. Non, merde ça ne marche pas, puisque il faudra au moins cotiser 43 ans. Donc disons que l’espérance de vie est de 86 ans. Après c’est très simple 20 ans de formation en moyenne, 43 de job ininterrompu,  et autour de 65 ans, encore 20 années à rien branler entre le canapé et le lit d’hôpital. Que demande le peuple ?

Arthrose et Cirrhose au travail

Rien d’autre que la vérité, l’espérance de vie est en moyenne de 80 ans. 43, c’est plus de la moitié, d’autant qu’il s’agit des “meilleures années” d’une vie. En d’autres termes, on nous fait payer l’accroissement de la durée de la vie, qui est partiellement le résultat de la conquête de la retraite à 60 ans. Bossons jusqu’à 65 ans ou plus et observons le nombre d’arrêts maladie, l’évolution quantitative et qualitative des accidents du travail, les cas de suicides. Quel impact sur la durée moyenne de vie ?

Le recul de l’âge de la retraite est une aberration économique : Des actifs à 65 piges

- coûtent plus cher (ancienneté donc salaires plus élevés)

- sont moins productifs (fatigue, absences, congés maladie, lassitude)

- bloquent l’accès à l’emploi des plus jeunes en continuant à occuper les postes les plus enviables et les mieux rémunérés.

Les séniors n’intéressent d’ailleurs pas les patrons qui s’empressent de les mettre en pré retraite. Donc, s’ils sont virés,  ils grossissent les effectifs de séniors au chômage, s’ils restent en poste, ils gonflent le chômage des jeunes ! A moins que l’on espère qu’ils prennent une retraite anticipée, avec une grosse décôte  et qu’ils vivent par la suite dans une demi misère ce qui les aidera à crever plus tôt.

La bourse ou la vie

Il est au final fort probable qu’un recul de l’âge de la retraite n’apporte pas grand chose économiquement. De toute évidence pas de quoi combler le “trou” ! Dans cinq ans on nous expliquera la bouche en cœur : “Vous vouliez maintenir le système par répartition, nous avons tout essayé mais cela ne suffit pas. Aujourd'hui, les Français sont mécontents du régime des retraites. Nous vous proposons donc un  système par capitalisation qui vous permettra d’épargner tout au long de votre vie pour assurer vos vieux jours. L’argent que vous placerez ainsi, sera joué en bourse et nous vous garantissons des taux de rémunération d’environ 15% annuel”.

Le gouvernement est en train de mettre sur pied une non réforme, qui ne satisfera personne mais qui ne suscitera sans doute qu’une faible opposition. L’objectif n’est pas de combler le trou pour pérenniser le système mais de décrédibiliser l’ensemble du système par répartition (travailler plus avec pensions plus faibles) afin de le jeter aux orties à la prochaine occasion.

vendredi 14 mai 2010

ZEURO est arrivé… très pressé

L’amorce d’un retour aux fondamentaux pour notre président en chef a fait flop.  Proclamer la suppression automatique des allocations familiales pour les parents des élèves absentéistes n’a pas donné lieu à une levée de boucliers suffisante. Le tintamarre autour de la nomination d’un super préfet et d’un préfet spécial en Seine Saint Denis n’a pas eu lieu. Encore raté, le flambeau sécuritaire est douché, lessivé. Reste la burqa, maigre lot de consolation pour redorer un blason fort terni depuis les régionales.

Il était plus que temps de “rebondir” et quoi de mieux que la scène internationale et plus singulièrement européenne ? Et oui, puisque le président français ne peut plus aujourd’hui faire entendre sa voix sur la scène internationale, mieux vaut apparaître en position de force à l’échelle continentale. La “crise de l’euro”, résultat de la crise grecque et de celle, plus générale des endettements publics, venait à point nommé.

Séquence 1 La France a peur, sa “note” risque d’être dégradée par les agences de notation. Bou, on tremble, cette fois ci c’est la fin.

Séquence 2 Pour éviter que la crise grecque débarque chez nous, on annonce des restrictions budgétaires pour éviter de parler rigueur. On laisse au premier ministre le soin de l’annoncer aux Français. Médusés, nous avalons et validons de fait ce choix étrange qui consiste à se soigner avant d’être malade. C’est le principe de précaution ?

Séquence 3 En fait c’est la monnaie unique qui est attaquée par les méchants spéculateurs…attention messieurs dames ! attention ! Il va apparaître dans un coin de l’écran d’abord, presque furtivement. Hop, là ici en compagnie de Merkel. Il a l’air inquiet… mais il est bien là.

Séquence 4 : 750 000 000 000 d’euros mobilisés. Le plan de sauvetage, tant attendu, est mis sur les rails. Comment ? C’est compliqué Pour qui ? La question n’est pas même esquissée. Merci beaucoup, mais sachez que le plus important c’est que l’euro soit sauvé. Et cette fois-ci c’est bon. Le lendemain les bourses reprennent de plus belle, chic une somme rondelette à se partager ! L’euro ? oui on le laisse rebondir 24 heures et une semaine plus tard il s’effondre à nouveau. Alors ce plan de sauvetage c’était vraiment pour sauver l’euro ? Ou pour aider un peu le Crédit agricole, la Société Générale, BNP Paribas et quelques consoeurs allemandes qui avaient un peu trop de dettes grecques, portugaises et espagnoles dans leurs coffres ? Allez savoir, mais chut, ce n’est pas cela qui importe.

Séquence 5 : En effet messieurs dames ce qui importe vraiment c’est de savoir comment le petit père des français a “tordu le bras” à la chancelière allemande. Oui, nous allons vous le révéler, ainsi vous serez comme dans le “saint des saints”. Nicolas a menacé Angela de “reconsidérer la place de la France dans la zone euro” si l’Allemagne refusait le plan de sauvetage. En plus c’est vrai, car c’est le premier ministre espagnol qui le raconte ! L’Allemagne cède, le coq hérisse sa crête, mais pas devant les caméras. Car l’effet en serait moins probant. On douterait, une fois encore, de ce président si fier de lui, sur toutes les chaînes. Mieux vaut avoir le triomphe modeste, quelques jours plus tard, et laisser le premier ministre espagnol le faire, on aimera ça en France. Et en Espagne, Zapatero a bien besoin d’un coup de main pour justifier la nouvelle cure d’austérité.

Bilan de l’opération

Les banques ont eu à manger. Les Européens se serrent davantage la ceinture. Tel un vengeur masqué il a  sauvé l’euro. Il a fait payer les boches. Quant à l’euro, il poursuit sa baisse mais celle-ci est en réalité positive pour la France : elle dope les exportations et réduit le déficit commercial.

Epilogue

Il est toujours aussi génial et il a atteint la maturité. Pour preuve : sa discrétion médiatique. Il sera réélu en 2012.

mardi 11 mai 2010

Maudite presse

Un plan de sauvetage taillé sur mesure pour les actionnaires et les spéculateurs, une banque centrale européenne qui rachète de la dette des Etats de l’Union, des appels à la rigueur sur l’ensemble du continent, des centaines de milliards d’euros sortis d’on ne sait où mais bel et bien garantis par nos impôts, de nouvelles cures d’austérité en Espagne et au Portugal, l’âge de la retraite partout reculé, un déni de démocratie en Grèce où les mesures d’austérité ne passeront plus par le parlement (!)… il y a en effet de quoi pavoiser !

Trop belle la vie !

Alors quelle histoire nous raconte-t-on ce matin ?

Les marchés européens euphoriques  pour le Figaro.fr

Nicolas Sarkozy réfute toute politique d'austérité pour le même.

L'Europe veut une "super-régulation" de la finance  selon le Monde.fr

Euphorie des bourses mondiales après le plan de sauvetage d’après Nouvelobs.com

Libé.fr ose pour sa part  Le plan de sauvetage de l'euro a convaincu les marchés financiers et titre sur la version papier : Europe : le prix à payer.

le Parisien préfère : Lagarde : la zone euro a échappé à un «désastre» 

Quant à la presse économique, elle est au diapason : Les Echos entonnent : Euro : le grand soulagement tandis que la Tribune s’enthousiasme  : Plan historique, marchés euphoriques.

TF1 fait dans la surenchère :  La France mettra près de 90 milliards pour sauver l'euro ou encore Le CAC, euphorique, gagne presque 10%

Faisons un tour chez nos voisins si vous le voulez bien : Pour la Reppublica

Fmi: "In Europa la ripresa sarà lenta Italia indietro su Germania e Francia"

El Pais en Espagne  “Salgado evita que la UE imponga a España un ajuste más drástico” (Salgado c’est la ministre des finances)

Le süddeutche zeitung titre ironiquement “Es lebe der Euro” '(Que vive l’euro)

Mais dès qu’on repasse dans la presse francophone (suisse ici) on retombe sur L’Europe éteint l’incendie pour le Temps.ch

Cocoricouac !

La presse francophone est donc la seule à dramatiser à l’extrême concernant le passé récent. La seule à se réjouir de l’envolée boursière, la seule à estimer que le pire est passé, la seule à ne pas titrer sur les incertitudes qui demeurent, enfin,  la seule à ne pas faire explicitement le lien entre la rigueur sur le plan intérieur et la situation européenne.

Alors y a t-il une “lecture française de la crise” ? Que pourrait expliquer à la fois l’unanimisme de la presse française ainsi que sa propension à encenser le volontarisme politique ? Quelles que soient les raisons expliquant cette attitude peu professionnelle, le lecteur avisé aura au moins trouvé la cause de l’inexorable déclin de la presse généraliste d’opinion en France…puisque d’opinion il n’est plus question.

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Ce matin : Les Bourses ont donné une "réponse excessive" au plan d'aide européen, estime Lagarde

On se frotte les yeux tout ébaudi “Quoi ? notre avocate d’affaires internationale affirme sans ciller que le comportement des bourses est excessif et que le plan européen fut trop bien accueilli par la corbeille ?”  Impossible…mais alors à qui cette petite phrase s’adresse-t-elle? Aux marchés bien sûr. Que cherche-t-elle à leur dire ? Qu’avec cette hausse excessive, il y avait un risque que la population se rende compte que ce plan d’aide financé sur leur dos n’est destiné qu’aux seules banques. Modérez vos ardeurs, messieurs les courtiers, que diable un peu de tenue, vous risqueriez de tout faire tomber par terre !

lundi 10 mai 2010

En passant…

Les bourses européennes attendues en très forte hausse, le monde respire, d’ailleurs les aéroports rouvrent. La planète finance a eu ce qu’elle voulait. Entretemps, les gouvernements se sont soit pris une raclée électorale, soit ont annoncé la rigueur. La semaine décisive, c’était la semaine dernière. Entretemps, le FMI soutient la zone euro à hauteur de 250 milliards…et cela passe totalement inaperçu. L’Europe placée sous tutelle partielle, encore un succès triomphant de la “pensée européiste” . Ca nous promet des lendemains qui chantent ! Pour l’heure allons bosser comme si de rien n’était.

Ce que les élections allemandes ne changeront pas : la division historique de la gauche en Allemagne. Le conflit prend sa source en 1919, les sociaux démocrates au pouvoir font tirer sur les révolutionnaires communistes (spartakistes). Le conflit perdure (comment aurait il pu en être autrement ?) durant la guerre froide. Depuis la réunification, la gauche radicale a recyclé les derniers cocos de RDA. Die Linke (la gauche) menée jusqu’ici par l’ancien ministre des affaires étrangères Oskar Lafontaine a réussi plusieurs percées électorales depuis. Le SPD (socio démocrates) n’a jusqu’à présent jamais voulu s’associer à Die Linke pour gouverner. Il accepte en revanche volontiers de s’allier avec les conservateurs pour se maintenir au pouvoir (première coalition Merkel). Les Verts allemands réalisent un bon score. Alliés traditionnels du SPD, ils ouvrent désormais la porte aux conservateurs de la CDU. Autrement dit, à l’exception de Die Linke, tous les partis allemands sont aux fonction. Les cloisons idéologiques ont été abattues seule demeure la volonté de se maintenir au pouvoir.

La même histoire ou presque se dessine en Grande Bretagne. Là bas c’est le parti arrivé en troisième position qui va choisir le futur premier ministre ! Les lib-dem (c’est le nom de ce parti) ont un électorat plutôt bobo et bien pensant et pro européen. Leurs leaders sont plus marqués à droite et tentés de s’allier aux conservateurs. Or, _comme s’est amusant_ les électeurs lib dem ont manifesté pour que leurs chefs s’allient avec le Labour (travaillistes) ! Là aussi, les frontières idéologiques sont plus que poreuses. Hormis quelques prises de position contre la guerre en Afghanistan ou en faveur de l’intégration européenne, les trois partis en course disposent du même programme : résorber les déficits.

 

Ce que j’appelle “déficit démocratique” réside bien là. La disparition de l’idéal communiste a eu pour effet de pacifier à l’extrême la scène politique européenne. L’interchangeabilité des hommes et des partis comble en apparence la faillite intellectuelle du politique. La similitude et l’interchangeabilité entre les différents partis de gouvernement en Europe ne comblent plus le vide idéologique. L’art du parler creux ou de conter de jolies fables, celui d’écrire des scenarii de crise permettaient autrefois de maintenir en haleine sa population et son électorat. Il n’en est plus rien. Les marionnettes qui nous servent de gouvernement ont depuis longtemps abdiqué devant les puissances financières. Nous sommes gouvernés par des hommes sans idées mais surtout sans idéal. Il nous faut une nouvelle utopie. Thomas More revient ici !

mardi 4 mai 2010

La chute finale

4 mai 2010. Les bourses européennes ont brutalement décroché en raison de “rumeurs” faisant état d’un possible plan de soutien à l’Espagne de l’ordre de 280 milliards d’euros. Les démentis très rapides de la part du gouvernement espagnol comme du FMI incitent à croire que laite rumeur n’est pas sans fondement. L’euro est sérieusement menacé. L’Eurogroupe est dans l’œil du cyclone.

Pendant ce temps, des manifestants communistes à Athènes ont déroulé une grande banderole appelant au “soulèvement des peuples européens”.

Toujours au même moment, la Belgique est sur le point de disparaître : les tensions entre néerlandophones et francophones semble insolubles. Le royaume pourrait bien éclater.

Toujours sur le vieux continent, l’extrême droite engrange les succès électoraux, en Hongrie, en Italie et même en France.

Demain, les Britanniques seront confrontés à une situation politique inextricable avec le risque d’un parlement sans majorité. Un gouvernement d’union, presque inédit, renverrait le pays aux années 70, lors de leur grande récession. Ce gouvernement faible devra gérer une situation économique explosive.

Sous nos yeux, le rêve européen s’écroule. L’Allemagne rechigne à sauver la Grèce et demain l’Espagne. Vu d’Allemagne, de solidarité européenne, il n’est plus question : si on prête c’est pour sauver nos propres intérêts.Or, une Allemagne au pied du mur a souvent tendance à prendre de mauvaises décisions…

Les dirigeants européens semblent toujours aux abonnés absents. Pas de réunion de crise, pas de rendez-vous franco allemand en vue, un sommet européen prévu après le 19 mai…

Les peuples grec, espagnols, portugais voit leur pouvoir d’achat s’effondrer, leurs salaires amputés. Les prêts deviennent impossibles à rembourser. Tourmente immobilière, tourmente bancaire…voilà qui nous renvoie directement à la case départ des subprimes, sauf qu’on a traversé l’Atlantique.

Replis identitaires, déficit démocratique traversent tout le continent. Aucune forme de résistance ne s’organise, la dérive est économique, politique, culturelle, intellectuelle. Un nuage de soufre embaume le ciel européen.

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Le nord de l’Italie ne veut plus de son sud,

Les Français sont emburqés, les Polonais décapités,

Les Islandais grillés par un volcan et à sec de liquidités. (Pour une île ça craint un peu).

Les chemises rouges sont thaïlandaises et les bleus sont (presque) tous noirs.

France soir chaque matin, les Polonais aiment les Russes,

A Gaza rien ne va (ouf), le pétrole coule (si peu) à flot en Floride,

Des ours blancs à Maryneland sur une banquise artificielle.

Merkel préfère les sociaux démocrates aux libéraux (diantre !),

Jean François Kahn n’est pas de gauche comme Dominique d’ailleurs,

Berlusconi rajeunit et le bipartisme a vécu en Angleterre,