lundi 21 décembre 2009

Mais que fuit donc l'Afghan ?

Ah, la période des fêtes, toujours la même rengaine : on pronostique le nombre de repas qui seront distribués par les Restos du Coeur, on anticipe le chiffre de SDF qui mourront de froid, on gèle les expulsions. C'est la fenêtre annuelle où la médiacratie se penche sur le sort "des plus malheureux d'entre nous". La charité chrétienne après le Téléthon. A gerber, ça dégouline d'hypocrisie, de bons sentiments éculés, on filera 3 euros à l'armée du salut entre deux magasins. Le premier janvier, la gueule enfarinée, qu'en restera-t-il ? Il sera déjà temps de penser épiphanie et piste de ski.

C'est la période des don quichotte, des robins des bois, on fête les incompris, on tolère les déviants, on sourit même aux originaux, on s'amuse avec les bandits au grand cœur. Welcome à l'étranger ! Ah, c'est là que le bât blesse !

Oui car cette année, nos jolies fêtes cotillonées risquent d'être gâchées comme certaines années noires : la tempête en 99. Le tsunami en 2000 et des brouettes, la "révolution sanglante" et les faux charniers de Roumanie en 89. Quoique le tsunami avait réussi à accentuer "la générosité de nos compatriotes" vraiment inquiets pour le touriste allemand.

Cette année le mal vient d'ailleurs, d'Afghanistan. Ce ne sont guère les dizaines de victimes quotidiennes de l'Otan qui risquent de donner un goût amer à la dinde, ceux là, on nous les cachera le temps qu'ils faut. Non, le malheur vient du fait que certains d'entre eux prétendent fuir cet enfer, et trouver refuge chez ceux là même qui détruisent leur pays ! Pour un comble ! Et en plus, il le font clandestinement.
Afghans déjà, clandestins ensuite, voleurs enfin. Terroristes sûrement. Pourquoi ont-ils besoin de tout quitter chez eux pour venir tout saccager chez nous et entrer en collision avec notre identité ? Hein pourquoi, viennent-ils pourrir notre fin d'année ?

Il est tout de même étrange qu'on s'interroge si peu sur les motifs de l'émigration. S'agit-il de la poursuite d'une immigration ancienne vers la Grande Bretagne ? La recherche désespérée d'un emploi suffisamment rémunéré pour alimenter sa famille restée au bled ? La fuite d'un pays perpétuellement en guerre ? Ou une émigration clandestine qui dissimule des projets terroristes ? La dernière option est sans aucun doute la seule que le "bon sens populaire", savamment titillé, peut juger crédible.

"AVOUE l'Afghan ! C'est au nom de l'Islam orthodoxe que tu pullules dans les jungles calaisiennes ! D'ailleurs si t'es là sans ta (ou tes) femme(s) et tes gosses espèce de polygame mal rasé, c'est pour nous exploser à la gueule connard !

Tu ne nous feras pas croire que tu essaies de fuir des bandes de narco-trafiquants qui imposent leur loi dans l'essentiel de ton pays, au nom d'une charria qu'ils adaptent à leur sauce. Non, toi le barbare, tu ne peux pas avoir choisi de quitter ton beau pays natal où même écouter la radio est interdit. Toi l'analphabète mal dégrossi, tu n'es qu'un pion entre les mains de la pègre pakistanaise, tu es ici pour imposer le port de la burqa aux femmes. Toi le tout juste sédentarisé et qui prétend ne pas craindre la mort, tu ne nous fera pas avaler que tu crains les bombes US, et le savoir faire des GI's ! Alors, qu'as tu à dire pour ta défense ? Rien ? Alors retour à Kaboul mon pote !

Ben ouais tu sais là bas t'as rien à craindre, d'ailleurs tu en étais parti sans difficultés, ça t'a rien coûté. Tiens, d'ailleurs pour bien que tu te rappelles qu'ici c'est la patrie des droits de l'homme, on te file 2000 euros, de quoi engraisser la patte de quelques talibans locaux, ou de passeurs qui bien souvent se confondent. Ben oui quoi, on te donne les moyens de revenir faire un tour ici, et de continuer à nourrir les filières qu'on prétend combattre."

Héritage des Lumières, des droits de l'Homme et du Christianisme : C'est bien ça notre identité ?
L'afghan, lui n'hérite que de la pauvreté de Jésus, de l'obscurantisme combattu par Voltaire, et peut être enfermé sans avoir commis le moindre crime.

Toi l'afghan qui n'est pas des nôtres, passe ton chemin, tu es la preuve vivante et de notre identité et de notre absence d'humanité. Alors, pour les fêtes, merci de te faire discret. Et n'oublie pas un petit notre père dans ton charter...

dimanche 13 décembre 2009

De quoi la suppression de l'Histoire en terminale S est elle le nom ?

Encore un débat à propos duquel tout a été dit ! et son contraire aussi. L'enseignement de l'Histoire en Terminale S.

Je sais, oui je sais bien cher lecteur, que tu as été submergé par les pétitions télécommandées, par les polémiques stéréotypées, par les faux quiproquos ou les raccourcis falsificateurs, inondé par l'information, submergé par la désinformation. Je sais que désormais tu es déchiré entre ta conscience humaniste et ton cynisme pragmatique. Je te sais hérissé par les bonnes consciences, figures morales et autres intellectuels du dimanche, qui horrifiés, s'épanchent longuement dans les colonnes de tes lectures préférées. Je te vois abasourdi devant l'inculture notoire de ce ministre de l'éducation ancien représentant de commerce, qui, par ses affirmations péremptoires, ses illusions comiques, ses justifications vaseuses ne font qu'aggraver l'image ternie de l'éducation nationale. Je te sais épuisé cher lecteur, épuisé mais aussi en colère car pourquoi après tout, conférer tant d'espace et de salive à un sujet si mineur ?

Je crains que malgré tout, le sujet mérite attention et que l'essentiel soit, une fois de plus, passé délibérément à la trappe. Ou, ce qui est pire, que chacun s'autocensure, de peur d'ouvrir la boîte de Pandore. Car que signifie vraiment cette suppression ?

Sur ce sujet, le "débat public" est en complet décalage avec la réalité de terrain. Commençons par éclaircir cela :

La querelle des Anciens...

La filière scientifique : De quoi s'agit-il aujourd'hui'? Les "anciens", disons ceux qui ont plus de 50 ans de nos jours (et qui dans la majeure partie des cas ne sont pas titulaires d'un bac), ceux là mêmes qui "animent" et initient le "débat" arguent souvent du fait que les scientifiques doivent effectivement privilégier l'enseignement scientifique : les maths, la physique, les sciences de la vie et de la terre (ex biologie) etc. Puisqu'ils sont destinés à devenir "ingénieurs ou informaticiens" qu'ont ils à faire de l'enseignement historique et géographique en terminale ? Bien sûr j'extrapole un peu : nombreux sont aussi ceux dans cette classe d'âge qui estiment que les "humanités" sont le nécessaire pendant d'une culture scientifique, mais ils demeurent néanmoins plus enclins à penser "qu'en ces temps difficiles de chômage" il convient de se spécialiser davantage et plus tôt. Ils pensent de bonne foi qu'il est nécessaire de "renforcer les sciences en S" comme il faut "renforcer les lettres en littéraire". Or, poursuivent-ils, vue la situation politique et économique actuelle, ce "nécessaire rééquilibrage" ne peut, malheureusement, que s'effectuer aux dépens des autres disciplines.

Ce raisonnement se tient, mais il méconnaît l'essentiel, à savoir ce qu'est devenue cette voie scientifique depuis une quinzaine d'années au moins.

... et du Terrain

Que représente quantitativement la filière S ? 50 % des lycéens en voie générale optent pour la série scientifique. Sachant que la proportion de bacheliers en voie générale (en ôtant les bacs technologiques, professionnels et autres CAP ou BEP) représente également environ 50 % d'une classe d'âge. On peut donc dire qu'environ un ado de 15-18 ans sur quatre suit, et obtient un baccalauréat scientifique. Numériquement, il s'agit donc de la catégorie la plus importante.

Après l'obtention de leur diplôme, vers quelles études se dirigent les néotitulaires du bac S ? Ils sont minoritaires à poursuivre des études supérieures scientifiques. Ils peuplent les écoles de commerce, les facultés de droit et d'économie, de lettres, les écoles prépas, privées et publiques. Les facultés scientifiques (hors médecine) ont du mal à maintenir leurs effectifs. Les"scientifiques" tirent ainsi profit d'un enseignement complet jusqu'en terminale qui leur ouvre toutes les portes y compris scientifiques, qui restent closes aux titulaires des autres bacs.

La situation de cette filière est donc des plus paradoxales : considérée comme élitiste, elle fournit dans le même temps le plus gros contingent de bacheliers, et, cerise sur le gâteau, ne donne que peu goût aux dites discplines scientifiques.

La voie scientifique est donc généraliste, c'est ce qui explique son succès.

Ainsi supprimer l'enseignement de l'histoire géographie en terminale scientifique ne permet pas de mieux former les futurs scientifiques, mais il ôte à des bâcheliers d'élite car généralistes, la possibilité de suivre un enseignement complet.

Ce qui fait le prestige du bac S, ne réside pas tant dans le fait que l'enseignement en science est très poussé, mais plutôt dans la nécessité d'"être bon partout".

I HAVE A NIGHTMARE

Chercher à supprimer l'enseignement historique et géographique en terminale S, relève d'un courant de pensée, devenu très puissant depuis l'ère sarkozienne, que je nommerais l'"antiélitisme" ou l'"anti intellectualisme". Somme toute il s'agit d'une forme de populisme, dans laquelle le dominant singe les plus dominés : Registre de langage, goût du luxe clinquant, mépris affiché de la Princesse de Clèves comme de toute forme d'académisme, rejet viscéral de ce qui prend du temps, éloge de l'immédiateté, bref un monde en deux dimensions, le présent immédiat et le futur toujours lointain. Ceux de tout en bas comme ceux de tout en haut ont cela en commun., la détestation de ceux qui prétendent savoir et "pensent pour eux". L'ennemi c'est donc le savoir général , la connaissance encyclopédique, le raisonnement universel ou le touche à tout. L'allié c'est le spécialiste, le pointu, l'exégète... bref, celui qui a de vastes compétences sur un domaine le plus réduit possible. Car, pour les dominants, quoi de plus redoutable pour se mettre dans la poche la masse des ignares, que de faire leurs cette attitude ? Il s'agit de conforter le beauf et d'exploiter au mieux son inculture en lui offrant chaque jour son triste reflet dans les médias. "J'suis comme vous moi ! et j'vais vous dire si y en a qui croit que c'est facile ce que je fais eh bien qui(ls) viennent à ma place !"

Mais le danger véritable pour ceux qui nous gouvernent, provient de ceux qui ont en commun le goût des bons mots, le plaisir de la nuance, l'amour de la phrase bien tournée. Ceux qui aiment le complexe, l'indicible, ceux pour qui il existe un monde des idées. Ceux là, ils faut les faire taire.

Pour leurs enfants ils offrent la reproduction sociale garantie. Voyez, même plus besoin de fournir un effort, nul nécessité d'élargir votre champ de connaissances, perfectionnez simplement vos compétences, vos savoirs faire, votre technicité et tout ira bien. Pas de concurrence à craindre, juste se donner la peine de naître !


Les valeurs de demain ? Celle des techniciens ?

A SUIVRE

jeudi 10 décembre 2009

Billet pas d'humeur

Notre palimpseste a du boulot en ce moment : tant de commentaires à commenter, tant de droit de réponse auxquels il conviendrait de répondre, tant de débats dont il faudrait (vraiment) débattre. Notre réecriture du réel rendu virtuel par le bruit médiatique, disais-je a du pain sur la planche.

Un instant seulement arrêtons nous une instant. Chaque jour davantage, les commentaires nous parviennent avant les faits. Les débats s'enchaînent à un rythme effréné, les buzz sont quotidiens; rien, plus rien ne freine la bulle médiatique qui ne survit qu'en créant instantanément la bulle suivante, toujours plus commentée mais toutefois infiniment moins que la prochaine. Allons, allons, mais surtout jamais ne revenons, surtout pas de pause, quant au retour sur soi... Des minarets à Copenhague, des grèves de routiers sur la ligne RER A sans doute contre les suicides dans leur entreprise, ou peut être contre la fiscalisation de leurs bonus ? Vite très vite, enfilons une nouvelle perle, la PAC au Panthéon bien qu'étrangère à Camus. 10 millions d'étrangers payés à rien foutre et un président drh de l'opposition. Notre identité est devenue l'Islam de France, comme le fut le gallicisme.

Tout va vite, très vite. Surtout ne pas s'arrêter, oui continuons. Actionnons ! le climat, Rétablissons ! l'Afghanistan, Définissons ! l'identité, Réformons ! le lycée, Investissons ! en bourse, mais vite, plus vite! Allez ! autre chose encore! Les régionales oui les régionales, c'est bien çà les régionales. Alors commentons ! les sondages, Scrutons ! les têtes de listes, Tenons ! les discours, Moquons ! les promesses. On a fini ? Oui bon alors que vais-je faire maintenant? Communication instantanée, mobilisations numérisées, informations en temps réel.Faîtes vous vacciner, centres hospitaliers, médecins mobilisés, une seule injection ! Urgence partout, urgence toujours. Pour oublier au plus tôt. Avançons, pressons le pas. Oublions l'immédiat, ayons un temps d'avance, facebook t'es has been, twitte donc l'ami. Télecharger ? Dépassé. Faîtes de l'audimat, fête de la musique, faîtes du bénévolat, donnez au téléthon mais aussi au sidaction, consommez cher, c'est bio, c'est mieux.

Economisez ! l'énergie Consommez ! 5 fruits et légumes ARRETEZ !! de fumer Affichez ! votre homosexualité, Cachez ! les minarets.

Cachez surtout, dissimulez les pauvres, effacez les prisonniers, minimisez les chômeurs, planquez les détracteurs.
Exhibez les pédophiles, exposez les burqas, illuminez vos avenues, embellissez vos vitrines.

mardi 1 décembre 2009

Education nationale : Proclamer l'état d'urgence

Cette fois, la coupe est pleine. Il devient manifeste que nos enfants entrent dans la vie active bien moins armés que par le passé. Le débat n'est plus de savoir si le niveau baisse mais de déterminer l'ampleur de la catastrophe en cours.

Les chiffres récents nous révèlent en effet que plus de 21% des élèves de 16 ans ont des difficultés importantes en lecture. Ces statistiques sont a minima, effectuées par des organismes européens, elles recensent surtout une population encore scolarisée. 1 jeune sur 4 donc doit fournir de lourds efforts pour déchiffrer un texte. Une fois lu, il est fort probable qu'il ne puisse rien en retirer. D'ici une quinzaine d'années, ces chiffres seront ceux de la population adulte. Notre avenir ne s'écrit plus. Chaque enseignant le constate de son côté, mais il est fort probable que plus d'un jeune sur trois est incapable de comprendre a minima un texte, dans certaines classes de collège, il s'agit même d'une majorité ! Dans les voies professionnelles, CAP, BEP, Bac Professionels, maîtrise de la lecture et de l'écriture constitue une denrée rare.

En 10 ans, ce taux d'illettrisme (appelons les choses par leur nom) a progressé de 42% !!

Durant ce même laps de temps, les heures consacrées à l'apprentissage de la langue française ont été réduite de l'école primaire jusqu'à' la fin du secondaire. Des centaines d'heures d'apprentissage d'une langue exigeante ont ainsi disparu en fumée.

Dans le même temps toujours, instituteurs et professeurs ont été incité à diminuer drastiquement le taux de redoublement. Autrement dit, un élève notoirement en échec n'a pratiquement plus aucune chance de combler ses lacunes : le collège et le lycée ne sont pas les lieux de l'apprentissage de la lecture !

Depuis quelques années, le phénomène touche, non plus marginalement comme auparavant mais de façon foudroyante l'enseignement supérieur. Les IUT, les Universités et j'en passe, instaurent des épreuves de dictée. Comment accepter qu'un mémoire ou une thèse soient illisibles.

Car bien évidemment qui ne sait pas lire éprouve quelques difficultés à écrire. Le problème ne concerne pas seulement l'orthographe, la grammaire ou la méthode d'apprentissage de la lecture (faux débats au cours desquels chacun continue de jouer sa partition bien rôdée : Réformons l'orthographe ! Simplifions ! De toute façon ça n'est pas si important ! Si au contraire c'est fondamental ! La faute à la méthode globale ! Tu parles et les profs qui ne savent même plus écrire ! ...)

L'ampleur du mal qui nous dévore insidieusement mérite une réflexion plus approfondie. Surtout, il mérite que l'on s'y attelle sérieusement et que l'on agisse de suite, à la racine.

Merde à ceux qui veulent faire de l'anglais en primaire, merde à ceux qui veulent voir leur minot pianoter sur un clavier devant un écran, merde à l'éveil, je me fous de Vercingétorix, je me fous des planètes du système solaire, j'emmerde la ferme bio du coin, je ne veux pas du commerce équitable à l'école, je ne veux pas qu'ils trient nos ordures .... j'exige en revanche qu'ils sachent TOUS, lire, écrire et compter. Basta ! Et s'ils n'y arrivent pas me direz vous ? Et bien on les garde, on (re)crée des structures adaptées, des classes relais etc,. Hors de question qu'on les largue dans une structure qui a une autre vocation, un autre but et qui s'appuie nécessairement sur des acquis prérequis !

Et que l'on ne vienne plus nous bassiner à longueur de journées avec les rythmes scolaires inadaptés, ou l'ouverture sur le monde, ou que sais-je encore ?

Nos enfants seront des esclaves, dociles et appliqués, notre pays sera ruiné,enfin débarassé de ses cervaux, nous n'arriverons plus à nous comprendre coupés que nous serons entre langue des élites et langue vulgaire.

Cassandre ? Oiseau de mauvais augure ? Rien à cirer, c'est pourtant ce qui nous pend au nez et pour l'heure tout le monde s'en fout, ou feint de ne pas le voir.

Les Français ayant perdu leur alphabet, se trouvèrent fort dépourvus quand le chinois fut venu.

YANN OF THE FOUNTAIN