Rapidement pour les non initiés. La Grèce est aujourd'hui confrontée à une situation politico économique des plus dangereuses. Les déficits publics grecs jugés excessifs par les marchés alimentent des spéculations sur l'Euro. L'ampleur de la dette comme des déficits de la Grèce sont notoirement élevés depuis une bonne dizaine d'années, c'est-à-dire au moins depuis la création de la monnaie unique ; tous les banquiers et investisseurs mondiaux le savaient. C'est d'ailleurs certaines banques américaines qui avaient "aidé" la Grèce à camoufler ces chiffres désastreux. Les grands argentiers européens comme la BCE en avaient également pleinement conscience mais ont préféré passer outre et considérer que la Grèce remplissait les critères nécessaires pour intégrer la zone euro. Aujourd'hui ces déficits se sont accrus, en partie mais en partie seulement en raison de la crise économique. Les fonds américains et les banques qui ont tant perdu il y a un an, veulent se refaire la cerise. Or, comme le marché actions demeure incertain, ce dernier est plutôt délaissé par les requins de la finance. Mieux vaut se tourner vers les nouvelles bulles spéculatives, notamment celle des obligations d'État. Le jeu consiste à repérer les États les plus fragiles, à spéculer sur leur monnaie. Dans le même temps, les agences de notations internationales (qui attribuent des notes censées donner la "qualité" des emprunteurs), qui avaient elles mêmes été sanctionnées pour leur aveuglement lors de la crise des subprimes, n'hésitent pas à baisser la note de pays fragilisés. Cela a pour effet de renchérir les "garanties" (appelés Credits défaults swaps CDS) sur les emprunts d'État.C'est sur ces CDS que les banques spéculent aujourd'hui, certains de voir leurs clients (ici les contribuables) leur garantir de jolis profits en temps de vaches maigres. La Grèce emprunte ainsi aujourd'hui à plus de 6% quand l'Allemagne peut le faire à 3,5% environ. Résultat : La Grèce va connaître un accroissement de son déficit et donc de sa dette faute d'une croissance suffisante.
Et c'est là que l'hydre UE entre en jeu. Refusant pour l'heure l'ingérence du FMI dans la zone euro, elle cherche à "rassurer les marchés" sur le dos des Grecs. Il s'agit ni plus ni moins de se substituer au FMI par le biais d'une "gouvernance économique" de la zone euro. Mais avec les même méthode que l'institution internationale honnie et à la main des anglo saxons. En d'autres termes, la Grèce va être soumise aux mêmes injonctions que le Mexique avant hier ou l'Argentine hier. Réduction des dépenses publiques, blocage des salaires, inflation minime, moins de services publics, moins de fonctionnaires, renflouement des comptes sociaux par recul de l'âge de la retraite et une couverture médicale restreinte et j'en passe. Tout cela dans le seul but de réduire la dette et donc de contenter les marchés. Les pays majeurs de l'Union (France et Allemagne) tentent de rouler les mécaniques, affirment sans ciller, qu'ils exerceront un contrôle étroit sur les dépenses grecques. "Vous allez voir ce que vous allez voir" en s'adressant auxdits marchés, afin de leur montrer leur "détermination sans faille" et la "solidité inébranlable" de la monnaie unique en corollaire.
Il y a un an la jeunesse grecque s'était révoltée, les socialistes sont revenus au pouvoir il y a peu, grâce à un programme plutôt social démocrate. Aujourd'hui, virage à 180° (comme d'ailleurs dans l'ensemble des pays "socialistes" d'Europe, Espagne, Portugal, voire Grande Bretagne), priorité est donnée au remboursement. Face au reniement politique, à la situation calamiteuse de leurs comptes publics, à un marché intérieur dans lequel la consommation faiblit, de la dépendance économique de la Grèce au tourisme de masse, quelles seront les réactions d'un peuple dépossédé de toute souveraineté ? Le politique cède une nouvelle fois le pas devant l'injonction économique. Les citoyens réduits au silence, trahis par leur classe politique, sommés de s'aligner sur des intérêts extra nationaux, voilà où en est le berceau de la démocratie ! Mise sous tutelle, la Grèce aura du mal à se consoler avec la reconnaissance par l'UE de son "apport philosophique" déterminant à l'identité européenne.
Périclès faisait l'éloge de la démocratie et affirmait que la supériorité des Athéniens au V° siècle av. JC provenait de leur système de gouvernement de la cité. Aujourd'hui c'est l'inverse, le système démocratique apparaît comme un frein à l'épanouissement économique. Redistribuer les richesses est jugé contre productif, il suffit de donner quelque aumône aux plus pauvres et de pressurer les autres pour le profit d'une infime minorité.
La Grèce est un cas emblématique de ce qui va survenir dans ce qu'il est convenu d'appeler le "monde occidental" avec en parallèle "le basculement du monde vers l'Asie". Où l'on découvre que, loin de faciliter l'installation de la démocratie, le libre marché et la concurrence internationale ont plutôt tendance à bâilloner les peuples, à pressurer leurs salaires, à réduire leurs droits fondamentaux au premier rang desquels celui de pouvoir choisir librement leur modèle politique, social et culturel. Où l'on découvre que le basculement vers l'Asie profite non pas au Japon démocratique mais à la Chine, au Viet nâm, à Dubaï, à Singapour... autant de modèles en matière de démocratie. Le libéralisme est un instrument d'asservissement social mais on le savait. Ce qui est plus nouveau est qu'il est en réalité totalement découplé de la pratique et de la bonne santé de la démocratie. Le "libéralisme" en tant que système international est un fossoyeur de la démocratie. Asservissement social et politique donc...voilà ce qui nous attend (et ce que nous commençons à subir).
L'effondrement du communisme n'aura donc pas permis l'affermissement de la démocratie. L'échec de ce dernier résulte de son inadaptation économique, le vainqueur fut donc un modèle économique concurrent et plus vaillant (car capable de donner à consommer) à l'époque : le libéralisme. Lui s'est épanoui, a déferlé dans toutes les parties du monde, s'offrant des marchés gigantesques si l'on songe aux mondes communistes d'Asie et d'Europe alors devenus avides des nouveautés et des promesses du "monde libre".
Si le cas de la Grèce est emblématique, il n'en demeure pas moins périphérique. Ce qui menace n'est pas tant la cessation de paiement de la seule Grèce, ni l'effet domino, la Grèce ne représentant que 2.5% du PIB de la zone euro. On entend aussi parler du Portugal, de l'Espagne, de l'Italie, on susurre parfois aussi la France. Mais, la réalité est toute autre, tous ces pays ne sont que des paravents : les dangers les plus importants menacent la Grande Bretagne et surtout les États-Unis dont les dettes publiques et les déficits sont abyssaux. Pour mieux cacher leur situation désastreuse et donner à manger aux marchés ils montrent la zone euro, qui, pour des raisons structurelles, connaissent, proportionnellement , moins de difficultés. La Grèce disparaîtra d'ici peu de nos écrans, elle laissera la place à une tourmente monétaire d'ampleur mondiale et à une rechute économique.
Où se tourner pour retrouver un foyer démocratique ? Il semble que les Islandais, après la faillite des trois principales banques du pays, préfèrent se réorienter vers une reprise en main de leur destinée. Plutôt que d'être contraints à payer pendant des décennies pour les errements de leurs institutions financières, les Islandais devraient, par voie référendaire, entériner leur refus de payer leurs créanciers néerlandais ou britanniques au grand dam de ces derniers. Là où la démocratie progresse, le marché recule.
La démocratie radicale est à rechercher aujourd'hui au septentrion, pendant que se poursuit le crépuscule politique de la Méditerranée.
Et c'est là que l'hydre UE entre en jeu. Refusant pour l'heure l'ingérence du FMI dans la zone euro, elle cherche à "rassurer les marchés" sur le dos des Grecs. Il s'agit ni plus ni moins de se substituer au FMI par le biais d'une "gouvernance économique" de la zone euro. Mais avec les même méthode que l'institution internationale honnie et à la main des anglo saxons. En d'autres termes, la Grèce va être soumise aux mêmes injonctions que le Mexique avant hier ou l'Argentine hier. Réduction des dépenses publiques, blocage des salaires, inflation minime, moins de services publics, moins de fonctionnaires, renflouement des comptes sociaux par recul de l'âge de la retraite et une couverture médicale restreinte et j'en passe. Tout cela dans le seul but de réduire la dette et donc de contenter les marchés. Les pays majeurs de l'Union (France et Allemagne) tentent de rouler les mécaniques, affirment sans ciller, qu'ils exerceront un contrôle étroit sur les dépenses grecques. "Vous allez voir ce que vous allez voir" en s'adressant auxdits marchés, afin de leur montrer leur "détermination sans faille" et la "solidité inébranlable" de la monnaie unique en corollaire.
Il y a un an la jeunesse grecque s'était révoltée, les socialistes sont revenus au pouvoir il y a peu, grâce à un programme plutôt social démocrate. Aujourd'hui, virage à 180° (comme d'ailleurs dans l'ensemble des pays "socialistes" d'Europe, Espagne, Portugal, voire Grande Bretagne), priorité est donnée au remboursement. Face au reniement politique, à la situation calamiteuse de leurs comptes publics, à un marché intérieur dans lequel la consommation faiblit, de la dépendance économique de la Grèce au tourisme de masse, quelles seront les réactions d'un peuple dépossédé de toute souveraineté ? Le politique cède une nouvelle fois le pas devant l'injonction économique. Les citoyens réduits au silence, trahis par leur classe politique, sommés de s'aligner sur des intérêts extra nationaux, voilà où en est le berceau de la démocratie ! Mise sous tutelle, la Grèce aura du mal à se consoler avec la reconnaissance par l'UE de son "apport philosophique" déterminant à l'identité européenne.
Périclès faisait l'éloge de la démocratie et affirmait que la supériorité des Athéniens au V° siècle av. JC provenait de leur système de gouvernement de la cité. Aujourd'hui c'est l'inverse, le système démocratique apparaît comme un frein à l'épanouissement économique. Redistribuer les richesses est jugé contre productif, il suffit de donner quelque aumône aux plus pauvres et de pressurer les autres pour le profit d'une infime minorité.
La Grèce est un cas emblématique de ce qui va survenir dans ce qu'il est convenu d'appeler le "monde occidental" avec en parallèle "le basculement du monde vers l'Asie". Où l'on découvre que, loin de faciliter l'installation de la démocratie, le libre marché et la concurrence internationale ont plutôt tendance à bâilloner les peuples, à pressurer leurs salaires, à réduire leurs droits fondamentaux au premier rang desquels celui de pouvoir choisir librement leur modèle politique, social et culturel. Où l'on découvre que le basculement vers l'Asie profite non pas au Japon démocratique mais à la Chine, au Viet nâm, à Dubaï, à Singapour... autant de modèles en matière de démocratie. Le libéralisme est un instrument d'asservissement social mais on le savait. Ce qui est plus nouveau est qu'il est en réalité totalement découplé de la pratique et de la bonne santé de la démocratie. Le "libéralisme" en tant que système international est un fossoyeur de la démocratie. Asservissement social et politique donc...voilà ce qui nous attend (et ce que nous commençons à subir).
L'effondrement du communisme n'aura donc pas permis l'affermissement de la démocratie. L'échec de ce dernier résulte de son inadaptation économique, le vainqueur fut donc un modèle économique concurrent et plus vaillant (car capable de donner à consommer) à l'époque : le libéralisme. Lui s'est épanoui, a déferlé dans toutes les parties du monde, s'offrant des marchés gigantesques si l'on songe aux mondes communistes d'Asie et d'Europe alors devenus avides des nouveautés et des promesses du "monde libre".
Si le cas de la Grèce est emblématique, il n'en demeure pas moins périphérique. Ce qui menace n'est pas tant la cessation de paiement de la seule Grèce, ni l'effet domino, la Grèce ne représentant que 2.5% du PIB de la zone euro. On entend aussi parler du Portugal, de l'Espagne, de l'Italie, on susurre parfois aussi la France. Mais, la réalité est toute autre, tous ces pays ne sont que des paravents : les dangers les plus importants menacent la Grande Bretagne et surtout les États-Unis dont les dettes publiques et les déficits sont abyssaux. Pour mieux cacher leur situation désastreuse et donner à manger aux marchés ils montrent la zone euro, qui, pour des raisons structurelles, connaissent, proportionnellement , moins de difficultés. La Grèce disparaîtra d'ici peu de nos écrans, elle laissera la place à une tourmente monétaire d'ampleur mondiale et à une rechute économique.
Où se tourner pour retrouver un foyer démocratique ? Il semble que les Islandais, après la faillite des trois principales banques du pays, préfèrent se réorienter vers une reprise en main de leur destinée. Plutôt que d'être contraints à payer pendant des décennies pour les errements de leurs institutions financières, les Islandais devraient, par voie référendaire, entériner leur refus de payer leurs créanciers néerlandais ou britanniques au grand dam de ces derniers. Là où la démocratie progresse, le marché recule.
La démocratie radicale est à rechercher aujourd'hui au septentrion, pendant que se poursuit le crépuscule politique de la Méditerranée.