La boîte de Pandore s’est définitivement ouverte. Ce que chacun pressentait, ce que certains redoutaient, explose au beau milieu de l’obscurité. Tels un feu d’artifice en pleine nuit, le gouvernement et la présidence se sont engagés dans le bouquet final de leur décomposition. Le spectacle offert est de grande qualité, ça pète dans tous les sens, et à chaque fois les détonations font trembler les fondations.
L’affaire Woerth-Bettencourt-UMP met a nu les pratiques habituelles de ce gouvernement. Issus des mêmes milieux que les grandes fortunes de ce pays, certains de nos ministres profitent à fond de ce lien intime pour confondre argent public et donations privées. Je te rembourse des cigares, je te ferme les yeux du fisc, je te fais 3 petits chèques, j’explose mon budget transport, je minimise ton héritage pour t’éviter de payer des droits de succession, je te divise par deux la valeur de tes lingots, j’embauche ta femme et tu fais disparaître mon île, je te confie une mission bidon à 9000 euros mensuels… Ces petits services entre amis sont à l’évidence monnaie courante. Le drame n’est pas tant dans la corruption qui est une pratique aussi ancienne que le métier de péripatéticienne mais dans le fait qu’unanimes, ils considèrent cela comme parfaitement normal. Le bouclier de l’immunité dont ils profitent ne leur suffit plus, il faudrait en plus qu’ils soient absous moralement. A croire qu’ils craignent davantage la justice divine que celle des hommes !
Confiné dans ses ministères ou dans ses jets, notre exécutif ne dispose plus que des sondages pour prendre le pouls du “peuple”. Or qu’indiquent jour après jour ces sondages ? Ou plus exactement qu’est ce qui intéresse Matignon et l’Elysée dans ces sondages ? Leur image bien sûr. Quelle perceptions mes chers concitoyens ont-ils de mon nombril ? Miroir, mon beau miroir… La réponse du reflet est cinglante : Dégradation continue. Dans toutes les catégories d’âge, dans toutes les catégories professionnelles, sur l’ensemble des sujets, tout s’effondre, dans des proportions importantes. Près d’un français sur deux ne fait “pas du tout confiance” aux chefs de l’exécutif. Seulement un sur quatre continue à leur accorder du crédit. La rupture est consommée. Cela peut arriver, mais ici encore, ce qui est grave est de passer outre et de faire comme si.
Comme si nos gouvernants se serraient vraiment la ceinture en supprimant du parc ministériel 20000 bagnoles et 7000 apparts.
Comme si, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux pouvait amoindrir les coûts de fonctionnement.
Comme si mettre des fleurs artificielles dans les ministères constituait l’apogée de l’écologiquement correct et de la modération en terme de budget “décoration”. (Fallait le voir l’Estrosi sur France 2 !)
Comme si supprimer la garden party de l’Elysée effaçait les augmentations faramineuses de salaires qu’ils se sont tous octroyés.
Comme si, le bouclier fiscal était profitable à l’intérêt général.
Comme si la croissance allait revenir. Comme si le chômage allait baisser. Comme si reculer l’âge de la retraite constitue une “réforme” quand il ne s’agit que de ponctionner encore plus. Comme si la dette se résorbait. Comme si ne plus signaler les radars améliorait la sécurité. Comme si les banques privées étaient notre garantie de liberté. Comme si les affaires footballistiques avaient une quelconque importance. Comme si la baisse de la TVA sur la restauration n’était pas une mesure à l’avantage des seuls touristes et des professionnels du secteur. Comme si supprimer la taxe professionnelle serait sans conséquence sur les budgets des régions, des départements, des municipalités. Comme si 2 millions de personnes dans la rue, c’était anecdotique.
Comme si, comme si, comme si…ces gesticulations constantes mais néanmoins erratiques n’étaient pas semblables aux convulsions précédant un dernier soupir.
Ne voient-ils pas qu’essayer de faire gober cela à des gens qui n’en peuvent plus, qui sont écœurés c’est les mépriser encore davantage. Ne savent ils pas qu’en communiquant ainsi, ils risquent de se faire couper la tête ? Ne sentent-ils pas l’envie d’en découdre et quelque odeur de poudre ? Ils se sont rendus haïssables et leur suffisance n’a d’égal que leur incompétence.
Dans de telles situations, le pouvoir en place a généralement tendance à se rattraper sur les faits divers. A verser une larme, avoir un geste de compassion. Une attitude charitable ou chrétienne, histoire de faire bonne figure. Ceux-là même pas. Ils en sont incapables
Les a-t-on vu auprès des sinistrés et des familles endeuillées suite aux inondations dans le Var ? Non.
Les a-t-on entendu avoir un mot pour Mohammed tabassé à mort sur l’autoroute pour avoir voulu faire un constat ? Non.
Les entend-on déplorer le nombre croissant de cercueils français en provenance d’Afghanistan ? Non.
Les voilà au chevet des Bettencourt, des Peugeot, des Johnny, des Clavier. Les voilà interrogeant le couple Obama sur le fait de faire patienter leurs hôtes pour cause de baise. Les voilà s’énerver et bafouiller quand ils sont interrogés du bout des lèvres sur l’affaire Karachi (15 morts français dans un “attentat” au Pakistan en raison de rétro-commissions non versées suite à la campagne Balladur dont le trésorier était bien sûr l’hôte actuel de l’Elysée.) En voilà d’autres intimer les journaliste de “se taire” sur ces affaires (Lefebvre 1er juillet France Inter). Voici des services de sécurité du président qui cognent des journalistes de France3, tandis que 2 journalistes de cette même chaîne croupissent depuis 6 mois en Afghanistan.
Il ne leur reste finalement plus qu’une chose à faire : truquer les élections. Mais que dis-je, c’est en cours. Pour éviter que le Sénat ne passe à gauche en 2011, on crée de nouveaux sièges (une mesure d’économie sans doute), pour éviter des déroutes futures aux régionales et cantonales, on envisage de modifier le mode de scrutin en le faisant passer à un tour, avec majorité pour celui arrivé en tête quel que soit son score. Ils redécoupent les circonscriptions législatives.
Des jouisseurs, des profiteurs, des corrompus, des avides de pouvoir, des crétins sans éducation, des violents, des hors la loi, des exilés fiscaux peuplent nos institutions. Il est grand temps qu’ils se barrent, la situation devient intenable. Cela fait maintenant 3 ans que notre pays s’appauvrit, se divise, que le niveau de vie baisse, que l’insécurité ne cesse de croître, que le vivre ensemble est devenu chimérique. Pouvons nous tenir encore deux ans ? Pour sauver quoi ? Un semblant de démocratie ? Pouvons-nous supporter encore leurs insultes ? Courber l’échine ?