Extraordinaire ! Cette tranche de vie de notre équipe nationale de football est extraordinaire. Des résultats catastrophiques qui s’enchaînent, des joueurs qui insultent leur sélectionneur, des joueurs virés, des joueurs en grève, des téléspectateurs pris en otage, un presse qui à l’unisson éructe, un gouvernement et un président qui considèrent cela comme “inacceptable”… Un concentré de la vie quotidienne : un agent SNCF agressé, une grève paralysante qui s’ensuit, franciliens bloqués, les journaleux dans les gares, micro trottoir des “otages” éructant. Ou encore, tel employé viré, par solidarité les collègues qui se mettent en grève et menacent de tout faire péter par l’intermédiaire du sélectionneur CGT local. Cette affaire sud africaine, dans ses développements, est vécue et traitée de la façon la plus banale qui soit : Un fait social avec l’ensemble des ingrédients nécessaires à son entretien médiatique qui ipso facto obtient un traitement digne d’un bon fait divers.
Concordance des temps. Les millionnaires sont en grève… c’est un peu aussi délirant que des étudiants en grève ou des grévistes sans papiers. Décidément le monde du ballon ne tourne plus très rond. Mais ça tombe également mal, à 3 jours d’une journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites.En sourdine, la comparaison s’impose entre ceux qui touchent plus en gagnant moins (voire jamais) et ceux qui perdent plus en travaillant plus. Il y a bien là une forme d’indécence qui s’accroît du fait de la juxtaposition de ces deux événements.
Ah, ces Français, toujours grévistes, et aux yeux du monde entier cette fois. Mais, vont-ils au moins perdre une journée de salaire ? Que nenni ! C’est bien là leur seul exploit au demeurant. Faire grève, hypnotiser un pays et ne rien perdre financièrement : quel tour de passe-passe ! Il faudrait les sanctionner, les mettre au corner par exemple. Car hors jeu, le métier de footballeur consiste bien à s’entraîner n’est-ce pas ?
Catalyseuse d’un ressenti cette équipe ? A l’image de notre société ? Pas si simple. D’abord qu’ont à voir ces 23 mecs avec la France? La plupart vivent à l’étranger, aucun ou presque ne paie ses impôts en France, nombre d’entre eux sont nés à l’étranger, tous vivent dans le monde hors sol du business outrancier depuis leur adolescence. Autant de raisons qui justifieraient bien une déchéance de leur nationalité. Eric et Brice vous avez bien entendu ? Beaucoup d’entre eux en revanche ont grandi dans des quartiers périphériques de grandes agglomérations françaises. Les voilà classés dans la racaille ou dans celle des discriminés, c’est selon. Nous trouverions donc en eux un condensé de ce que produisent nos chères banlieues. Le discours du black blanc beur de 98 consistait à démontrer l’existence d’un french way of life qui passait par la station “intégration réussie”. Mais voilà, la réussite par le sport pour les cons a montré ses limites, qualitatives comme quantitatives. Le modèle s’effondre. Et c’est bien en cela, un modèle (ou un mythe) qui s’effondre que notre adorable club des 23 est révélateur. La charpente vermoulue finit par s’effondrer. On passe de Zidane à Anelka ou de Chirac à S. , c’est selon. L’exemplarité se mue en repoussoir. Non que des les deux prédécesseurs furent exemplaires, mais ils étaient encore capables de maintenir l’illusion, leurs disciples n’ont plus que leur nombril.
Et le “traître des vestiaires”, celui qu’il faut démasquer selon le capitaine de l’équipe, qui est-il ? Celui qui met sur le devant de la scène les problèmes de cohésion, l’irrespect envers le représentant de l’autorité, ou l’antagonisme entre les différentes communautés dans l’équipe. Voyons qui peut profiter de cela ? De ces thématiques ? Qui s’interroge sur la “représentativité” de cette “somme d’individualités” incapable de former une équipe ? Cette équipe noire des bleus ? Marine bien sûr. Le FN est le seul vainqueur français de cette compétition. Sans doute célèbrera-t-il l’élimination par un apéro saucisson pinard à Saint Denis, soit au stade de France, soit dans la basilique au milieu des tombeaux royaux.
A gauche, on hurle contre ces millionnaires à crampons, indignes de représenter leur pays. A l’extrême droite on met en cause leur appartenance à la nation et donc leur légitimité à porter le maillot. A droite, on pense de même mais on le dit en mode mineur. Privé du cirque (mais pas du grand guignol !), le peuple français n’a plus que le pain, mais la ration diminue.
24 juin 2010 : DIES IRAE ?
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