Pas question d’y consacrer un article entier, un billet suffira bien. Hervé Morin c’est notre actuel ministre de la défense, c’est aussi le président…et oui !…du “Nouveau Centre”.
Pour ceux qui l’ignorent, ce parti confidentiel est né durant l’année 2007, durant la campagne présidentielle. Il s’est constitué autour de déçus du “bayrouisme”, qui estimaient que leur candidat était trop marqué “à gauche” ou en tout cas fortement “antisar…”. En réalité, ces gens là avaient surtout en ligne de mire les législatives qui suivaient de quelques semaines le deuxième tour des présidentielles. Pour ne pas perdre leur fauteuil de députés, ils n’avaient d’autre choix que de s’assurer que l’UMP ne présenterait pas de candidat et les soutiendrait dans leurs circonscription. Résultat : 21 députés, juste de quoi avoir un groupe à l’assemblée. C’est pas merveilleux ça ? Pour bons et loyaux services rendus à sa Majesté, Hervé Morin se vit attribuer le ministère de la Défense où son bilan est aussi discret que celui de ses prédécesseurs. Gérer la Grande Muette, c’est prestigieux mais ça fait peu parler !
Depuis le début de l’été, Hervé Morin se prête à rêver d’une campagne présidentielle. L’état de déconfiture de l’UMP crée de l’espace à droite se dit-il. J’ai un coup à jouer. Etre élu ? Il n’y songe pas…en revanche il espère être le ramasse voix de l’actuel hôte de l’Elysée en vue du second tour. Et pourquoi pas Matignon à l’issue si la victoire de son maître se confirme ?
Les 500 signatures, heureusement ce n’est pas un problème : les petits élus de droite ont bien compris que j’étais là pour capter un électorat de droite modérée un peu déboussolé par les agitations de mon maître. Ensuite, entre les deux tours, je ramènerai mes brebis égarées au bercail. Je leur dirai quelque chose du genre “Face au péril socialo-bolchévique, il est de mon devoir de vous exhorter à donner vos voix au candidat qui porte les valeurs qui nous unissent : l’ordre, la sécurité, la stabilité". Mes brebis redeviendront alors moutons.
La voie est étroite pour le laborieux Hervé. D’abord, il ne faut pas rompre l’allégeance actuelle au maître. Impossible, il serait alors un traître. De démission, il ne saurait être question. Pourtant il faut bien faire parler de soi. Je laisse circuler de “pseudo rumeurs” sur ma candidature, mais la presse n’est pas pressée de relayer. J’accorde des interviews à la chaîne, mes les lecteurs ne les lisent pas. Je fais alors des déclarations sur mes états d’âme sur la politique d’expulsion des roms, mais dans le tintamarre qui s’en soucie ? Misère, mais que faire pour être remarqué ? Je lâche une bombe, le truc qui tue, je promets la fin du bouclier fiscal. Oulala ! Ca va remuer dans les chaumières ce soir ! A bout de ressource, Hervé ne perd pas encore le Nord, car le bouclier fiscal, pour des hommes de droite comme lui et bien, c’est déjà fini. Oui car vu le projet des retraites, les bénéficiaires du bouclier participeront quand même à l’effort national. Médiatiquement donc, l’annonce a quelques chances d’être reprise, concrètement ce qu’il dit n’engage à rien.
Quel courage, quelle audace. Décidément cet homme est un génie ignoré, pénétré par des considérations de haute volée. Plus sérieusement, comment espérer que les citoyens se réapproprient la chose publique avec des gars qui font de la politique comme lui ? Il est le degré zéro de la politique, jamais d’idées ou de convictions mais un parcours…et avec de la chance, il peut tenir son pari.
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