dimanche 24 mai 2009

PS : Agiornamento per un risorgimento



J'hésite encore : le PS, pour sauver la gauche, doit-il mourir ou se "refonder"?
La question n 'est pas que rhétorique, malheureusement. Il est certain que le PS est nuisible depuis une bonne vingtaine d'années aux idées de gauche. En revanche, il était le seul parti capable de porter une partie de la gauche au pouvoir. Aujourd'hui, il ne remplit plus cette fonction ou si mal. Hormis le cadeau offert par Chirac lors de la dissolution de 1997, le PS n'est plus au pouvoir depuis 15 ans dans des élections normales. Par ailleurs, l'espoir de remporter les seules législatives en vue de gouverner a disparu depuis le quinquennat et l'inversion du calendrier. Emporter les élections présidentielles est devenu le seul moyen d'accéder au pouvoir. Or le PS s'ingénie à se diviser dans ses occasions.
Nuisible intellectuellement à la gauche, le PS est il en passe de devenir son fossoyeur électoral ? C'est à craindre.

D'aucuns parmi vous, chers lecteurs, s'étrangleront, s'indigneront ou éructeront : "Mais par quoi le remplacer ? C'est si facile de cracher sur le PS mais c'est le seul..." Effectivement je vous l'accorde, mais ces arguments sont-ils une condition suffisante pour passer sous les fourches caudines à chaque élection ?
"Sans le PS on en prend encore pour vingt ans de droite" Oui mais cela est déjà le cas, avec ou sans le PS. Nous avons droit à quelques intermèdes "de gauche" : des emplois jeunes qui disparaissent, des 35 heures qui sombrent, des privatisations qui perdurent, et voilà on referme la parenthèse. Entretemps on supprime tout service militaire et on fait le quinquennat en se tirant une balle dans le pied.
Franchement à quoi ça sert ? Puisque la gauche est aujourd'hui un champ de ruines autant prendre le temps de la reconstruire !

Alors faut-il pour autant faire tabula rasa de l'existant?
Durant les années 90, les contempteurs du communisme tout juste défunt, lançaient sans cesse leurs flèches sur un PCF déjà bien moribond sur le thème du "alors on défend toujours une idéologie qui a produit un système totalitaire responsables de dizaines de millions de morts?" (Cf : "Le livre noir du communisme" qui posa le sceau scientifique et historique à ce discours politique dominant alors.) De façon identique ne serait-il pas judicieux de demander aux socialistes d'aujourd'hui : "Ne vous semble-t-il pas que votre appellation est galvaudée alors que vos politiques ont produit des millions de chômeurs ? Comment conciliez vous le socialisme avec les critères de Maastricht qui, jusqu'à peu, empêchaient de mener une politique de relance ? Pourquoi les sociaux démocrates européens ont-ils fait de l'UE le plus grand marché libre échangiste au monde? Votre conversion au libéralisme ne s'apparente-t-elle pas à une trahison de vos idées et de ce qu'étaient alors vos électeurs, qui d'ailleurs ne se retrouvent plus chez vous?"
Bien sûr la droite se garde de vous le dire bien que Fillon affirmait, il y a peu, que "la droite a gagné la bataille culturelle". Bien sûr, évidemment puisque vous vous étiez ralliés à leurs fondamentaux (sécuritarisme, libéralisme, résorption des déficits, ouvertures à la concurrence, privatisations...)
Mais, heureusement l'Histoire n'avait pas dit son dernier mot. La "crise" économique a fait chavirer les certitudes de la veille. Et là, la droite au pouvoir, a abandonné, en paroles, ses valeurs et entrepris une grande manœuvre de récupération, de ré appropriation d'un vocabulaire que je qualifierai de "socialisant". Ces mots là, vous ne savez plus les prononcer, pour vous ils font trop "vieille gauche" pas assez "troisième voie"; pire,ils laissent apparaître un marxisme mal dégrossi, souvenir de vos premières années de militantisme. Alors, à la remorque de notre seigneur à tous, vous ânonnez, vous chuchotez. Chers camarades, il vous faut revoir votre logiciel, réapprendre ce qu'est le socialisme (et non le marxisme d'ailleurs). Le socialisme, à travers vos lèvres, était devenu "l'encadrement du système capitaliste", alors que son projet initial (avant le marxisme) était de lutter contre ce dernier, d'offrir une alternative sans pour autant revendiquer une quelconque "dictature du prolétariat".
Alors oui, il est grand temps pour le PS d'effectuer son agiornamento. De reconnaître ses erreurs, de puiser une nouvelle inspiration dans les origines de ce mouvement d'idées. La social démocratie que vous cherchez à incarner sous prétexte de modernité, est morte. La social démocratie fut un parti libéral, qui bâtit de ses mains l'Europe et le monde qui s'écroulent sous nos yeux : Un monde politiquement (démocratie représentative en tant que fin en soi) et économiquement(libre marché et concurrence, dérégulation, mondialisation du commerce...) libéral. Voilà tout.
Bref, sans effectuer ce difficile retour sur soi, pas d'issue. Avec, un déchirement assuré, des tiraillements, des combats singuliers, un éclatement, une implosion peut être... Mais un discours sincère et des actes authentiquement de gauche : au bout du tunnel, un risorgimento.

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