Enfin ! Enfin, il se passe quelque chose en France ! Face à la crise qui persiste, face aux politiques néolibérales éculées, malgré la paupérisation qui se profile, en dépit de toutes les inerties, la France est en mouvement.
Pourtant, on ne parle plus que de pénurie, de blocage. De ce spectre de la paralysie qui menace. Trains annulés, essence en rade, lycées perturbés… Le moment est crucial dit-on.
Dans le même temps, le système D se déploie, les caisses de solidarité se mettent en place, l’imagination prend peu à peu le pouvoir. Non pas le pouvoir politique mais le pouvoir au quotidien, dans la vie de chacun. Bien sûr, il y aura des râleurs, ceux qui expliqueront qu’ils vont devoir mettre la clef sous la porte, mais pourtant.
Pourtant, ce qui pourrait s’annoncer, c’et une formidable expérience humaine, collective et un brin frondeuse. Comme un clin d’œil à la réalité. Voyez, je n’ai plus d’essence mais je survis. On fait du covoiturage, on redécouvre sa vieille paire de patins à roulettes, la promiscuité des bus. Les Vélib pris d’assaut, sont mis gratuitement à la disposition des Parisiens…
Prenez le front populaire, tous ont décrit un moment formidable et fraternel. La joie de vivre. Même les patrons se sont avoués “subjugués” face à un mouvement collectif, impossible à arrêter. Prenez les grèves de 95, tous ont survécu et de nombreux parisiens en gardent un souvenir ému, d’autres rapports s’établirent entre voisins, entre patrons et employés, on se se saluait dans la rue. Une entente complice régnait. Bien sûr l’impact économique fut important, mais l’aventure humaine, partout, a tout emporté.
A chaque fois que ce type d’événement surgit, nous avons deux configurations possibles:
- Soit la grève est impopulaire, et les usagers excédés exercent une pression terrible sur les grévistes.
- Soit elle est populaire car le sentiment général est que ce combat est légitime et majeur.
Or, ici, avec le mouvement opposé à la contre-réforme des retraites, l’opinion publique soutient largement le mouvement. Légitime et majeur, oui ce conflit l’est. Pour la très grande majorité des Français, c’est au gouvernement de reculer. Lui qui cède constamment devant le pouvoir de la finance, lui qui cède face aux instances européennes, lui qui se sert avant de servir, lui ne reculerait pas devant des millions de Français qui éprouvent un fort sentiment d’injustice sociale ? La tour d’ivoire doit céder, et s’il faut en arriver à la paralysie du pays et bien, tant pis !
Les parents disent à leurs gosses de manifester pour eux
Des policiers soutiennent ouvertement les blocages des lycées
Les routiers viennent en aide aux raffineurs.
Je pense que le peuple français consentirait au blocage du pays, ce n’est pas le manque d’essence dont on a peur, c’est que l’injustice ne s’accroisse trop. Mais ce qui est extraordinaire, c’est que, pour paraphraser notre Winston d’outre Manche, «Jamais, dans l'histoire des guerres, un si grand nombre d'hommes n'ont dû autant à un si petit nombre.» Il parlait des pilotes de la RAF durant la bataille d’Angleterre en 1940-41. Oh, certes nous ne sommes pas en guerre et nous ne combattons pas le nazisme; ce n’est pas le sens de ma comparaison. Non, mais remarquons combien le devenir d’un mouvement social qui mobilise des millions de Français dépend de si peu d’hommes, les employés qui de près ou de loin travaillent dans les transports et la filière pétrolière.
Alors, que leur dire ? Que nous comptons sur eux bien sûr, mais qu’ils peuvent et doivent compter sur nous autres. Nous ne serons pas de simples moutons dans cette affaire. Notre combat est juste et légitime, il est emblématiques de toutes les luttes. Ne laissons pas, une fois de plus l’Histoire se faire sans nous, entrons-y !
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