lundi 21 décembre 2009

Mais que fuit donc l'Afghan ?

Ah, la période des fêtes, toujours la même rengaine : on pronostique le nombre de repas qui seront distribués par les Restos du Coeur, on anticipe le chiffre de SDF qui mourront de froid, on gèle les expulsions. C'est la fenêtre annuelle où la médiacratie se penche sur le sort "des plus malheureux d'entre nous". La charité chrétienne après le Téléthon. A gerber, ça dégouline d'hypocrisie, de bons sentiments éculés, on filera 3 euros à l'armée du salut entre deux magasins. Le premier janvier, la gueule enfarinée, qu'en restera-t-il ? Il sera déjà temps de penser épiphanie et piste de ski.

C'est la période des don quichotte, des robins des bois, on fête les incompris, on tolère les déviants, on sourit même aux originaux, on s'amuse avec les bandits au grand cœur. Welcome à l'étranger ! Ah, c'est là que le bât blesse !

Oui car cette année, nos jolies fêtes cotillonées risquent d'être gâchées comme certaines années noires : la tempête en 99. Le tsunami en 2000 et des brouettes, la "révolution sanglante" et les faux charniers de Roumanie en 89. Quoique le tsunami avait réussi à accentuer "la générosité de nos compatriotes" vraiment inquiets pour le touriste allemand.

Cette année le mal vient d'ailleurs, d'Afghanistan. Ce ne sont guère les dizaines de victimes quotidiennes de l'Otan qui risquent de donner un goût amer à la dinde, ceux là, on nous les cachera le temps qu'ils faut. Non, le malheur vient du fait que certains d'entre eux prétendent fuir cet enfer, et trouver refuge chez ceux là même qui détruisent leur pays ! Pour un comble ! Et en plus, il le font clandestinement.
Afghans déjà, clandestins ensuite, voleurs enfin. Terroristes sûrement. Pourquoi ont-ils besoin de tout quitter chez eux pour venir tout saccager chez nous et entrer en collision avec notre identité ? Hein pourquoi, viennent-ils pourrir notre fin d'année ?

Il est tout de même étrange qu'on s'interroge si peu sur les motifs de l'émigration. S'agit-il de la poursuite d'une immigration ancienne vers la Grande Bretagne ? La recherche désespérée d'un emploi suffisamment rémunéré pour alimenter sa famille restée au bled ? La fuite d'un pays perpétuellement en guerre ? Ou une émigration clandestine qui dissimule des projets terroristes ? La dernière option est sans aucun doute la seule que le "bon sens populaire", savamment titillé, peut juger crédible.

"AVOUE l'Afghan ! C'est au nom de l'Islam orthodoxe que tu pullules dans les jungles calaisiennes ! D'ailleurs si t'es là sans ta (ou tes) femme(s) et tes gosses espèce de polygame mal rasé, c'est pour nous exploser à la gueule connard !

Tu ne nous feras pas croire que tu essaies de fuir des bandes de narco-trafiquants qui imposent leur loi dans l'essentiel de ton pays, au nom d'une charria qu'ils adaptent à leur sauce. Non, toi le barbare, tu ne peux pas avoir choisi de quitter ton beau pays natal où même écouter la radio est interdit. Toi l'analphabète mal dégrossi, tu n'es qu'un pion entre les mains de la pègre pakistanaise, tu es ici pour imposer le port de la burqa aux femmes. Toi le tout juste sédentarisé et qui prétend ne pas craindre la mort, tu ne nous fera pas avaler que tu crains les bombes US, et le savoir faire des GI's ! Alors, qu'as tu à dire pour ta défense ? Rien ? Alors retour à Kaboul mon pote !

Ben ouais tu sais là bas t'as rien à craindre, d'ailleurs tu en étais parti sans difficultés, ça t'a rien coûté. Tiens, d'ailleurs pour bien que tu te rappelles qu'ici c'est la patrie des droits de l'homme, on te file 2000 euros, de quoi engraisser la patte de quelques talibans locaux, ou de passeurs qui bien souvent se confondent. Ben oui quoi, on te donne les moyens de revenir faire un tour ici, et de continuer à nourrir les filières qu'on prétend combattre."

Héritage des Lumières, des droits de l'Homme et du Christianisme : C'est bien ça notre identité ?
L'afghan, lui n'hérite que de la pauvreté de Jésus, de l'obscurantisme combattu par Voltaire, et peut être enfermé sans avoir commis le moindre crime.

Toi l'afghan qui n'est pas des nôtres, passe ton chemin, tu es la preuve vivante et de notre identité et de notre absence d'humanité. Alors, pour les fêtes, merci de te faire discret. Et n'oublie pas un petit notre père dans ton charter...

dimanche 13 décembre 2009

De quoi la suppression de l'Histoire en terminale S est elle le nom ?

Encore un débat à propos duquel tout a été dit ! et son contraire aussi. L'enseignement de l'Histoire en Terminale S.

Je sais, oui je sais bien cher lecteur, que tu as été submergé par les pétitions télécommandées, par les polémiques stéréotypées, par les faux quiproquos ou les raccourcis falsificateurs, inondé par l'information, submergé par la désinformation. Je sais que désormais tu es déchiré entre ta conscience humaniste et ton cynisme pragmatique. Je te sais hérissé par les bonnes consciences, figures morales et autres intellectuels du dimanche, qui horrifiés, s'épanchent longuement dans les colonnes de tes lectures préférées. Je te vois abasourdi devant l'inculture notoire de ce ministre de l'éducation ancien représentant de commerce, qui, par ses affirmations péremptoires, ses illusions comiques, ses justifications vaseuses ne font qu'aggraver l'image ternie de l'éducation nationale. Je te sais épuisé cher lecteur, épuisé mais aussi en colère car pourquoi après tout, conférer tant d'espace et de salive à un sujet si mineur ?

Je crains que malgré tout, le sujet mérite attention et que l'essentiel soit, une fois de plus, passé délibérément à la trappe. Ou, ce qui est pire, que chacun s'autocensure, de peur d'ouvrir la boîte de Pandore. Car que signifie vraiment cette suppression ?

Sur ce sujet, le "débat public" est en complet décalage avec la réalité de terrain. Commençons par éclaircir cela :

La querelle des Anciens...

La filière scientifique : De quoi s'agit-il aujourd'hui'? Les "anciens", disons ceux qui ont plus de 50 ans de nos jours (et qui dans la majeure partie des cas ne sont pas titulaires d'un bac), ceux là mêmes qui "animent" et initient le "débat" arguent souvent du fait que les scientifiques doivent effectivement privilégier l'enseignement scientifique : les maths, la physique, les sciences de la vie et de la terre (ex biologie) etc. Puisqu'ils sont destinés à devenir "ingénieurs ou informaticiens" qu'ont ils à faire de l'enseignement historique et géographique en terminale ? Bien sûr j'extrapole un peu : nombreux sont aussi ceux dans cette classe d'âge qui estiment que les "humanités" sont le nécessaire pendant d'une culture scientifique, mais ils demeurent néanmoins plus enclins à penser "qu'en ces temps difficiles de chômage" il convient de se spécialiser davantage et plus tôt. Ils pensent de bonne foi qu'il est nécessaire de "renforcer les sciences en S" comme il faut "renforcer les lettres en littéraire". Or, poursuivent-ils, vue la situation politique et économique actuelle, ce "nécessaire rééquilibrage" ne peut, malheureusement, que s'effectuer aux dépens des autres disciplines.

Ce raisonnement se tient, mais il méconnaît l'essentiel, à savoir ce qu'est devenue cette voie scientifique depuis une quinzaine d'années au moins.

... et du Terrain

Que représente quantitativement la filière S ? 50 % des lycéens en voie générale optent pour la série scientifique. Sachant que la proportion de bacheliers en voie générale (en ôtant les bacs technologiques, professionnels et autres CAP ou BEP) représente également environ 50 % d'une classe d'âge. On peut donc dire qu'environ un ado de 15-18 ans sur quatre suit, et obtient un baccalauréat scientifique. Numériquement, il s'agit donc de la catégorie la plus importante.

Après l'obtention de leur diplôme, vers quelles études se dirigent les néotitulaires du bac S ? Ils sont minoritaires à poursuivre des études supérieures scientifiques. Ils peuplent les écoles de commerce, les facultés de droit et d'économie, de lettres, les écoles prépas, privées et publiques. Les facultés scientifiques (hors médecine) ont du mal à maintenir leurs effectifs. Les"scientifiques" tirent ainsi profit d'un enseignement complet jusqu'en terminale qui leur ouvre toutes les portes y compris scientifiques, qui restent closes aux titulaires des autres bacs.

La situation de cette filière est donc des plus paradoxales : considérée comme élitiste, elle fournit dans le même temps le plus gros contingent de bacheliers, et, cerise sur le gâteau, ne donne que peu goût aux dites discplines scientifiques.

La voie scientifique est donc généraliste, c'est ce qui explique son succès.

Ainsi supprimer l'enseignement de l'histoire géographie en terminale scientifique ne permet pas de mieux former les futurs scientifiques, mais il ôte à des bâcheliers d'élite car généralistes, la possibilité de suivre un enseignement complet.

Ce qui fait le prestige du bac S, ne réside pas tant dans le fait que l'enseignement en science est très poussé, mais plutôt dans la nécessité d'"être bon partout".

I HAVE A NIGHTMARE

Chercher à supprimer l'enseignement historique et géographique en terminale S, relève d'un courant de pensée, devenu très puissant depuis l'ère sarkozienne, que je nommerais l'"antiélitisme" ou l'"anti intellectualisme". Somme toute il s'agit d'une forme de populisme, dans laquelle le dominant singe les plus dominés : Registre de langage, goût du luxe clinquant, mépris affiché de la Princesse de Clèves comme de toute forme d'académisme, rejet viscéral de ce qui prend du temps, éloge de l'immédiateté, bref un monde en deux dimensions, le présent immédiat et le futur toujours lointain. Ceux de tout en bas comme ceux de tout en haut ont cela en commun., la détestation de ceux qui prétendent savoir et "pensent pour eux". L'ennemi c'est donc le savoir général , la connaissance encyclopédique, le raisonnement universel ou le touche à tout. L'allié c'est le spécialiste, le pointu, l'exégète... bref, celui qui a de vastes compétences sur un domaine le plus réduit possible. Car, pour les dominants, quoi de plus redoutable pour se mettre dans la poche la masse des ignares, que de faire leurs cette attitude ? Il s'agit de conforter le beauf et d'exploiter au mieux son inculture en lui offrant chaque jour son triste reflet dans les médias. "J'suis comme vous moi ! et j'vais vous dire si y en a qui croit que c'est facile ce que je fais eh bien qui(ls) viennent à ma place !"

Mais le danger véritable pour ceux qui nous gouvernent, provient de ceux qui ont en commun le goût des bons mots, le plaisir de la nuance, l'amour de la phrase bien tournée. Ceux qui aiment le complexe, l'indicible, ceux pour qui il existe un monde des idées. Ceux là, ils faut les faire taire.

Pour leurs enfants ils offrent la reproduction sociale garantie. Voyez, même plus besoin de fournir un effort, nul nécessité d'élargir votre champ de connaissances, perfectionnez simplement vos compétences, vos savoirs faire, votre technicité et tout ira bien. Pas de concurrence à craindre, juste se donner la peine de naître !


Les valeurs de demain ? Celle des techniciens ?

A SUIVRE

jeudi 10 décembre 2009

Billet pas d'humeur

Notre palimpseste a du boulot en ce moment : tant de commentaires à commenter, tant de droit de réponse auxquels il conviendrait de répondre, tant de débats dont il faudrait (vraiment) débattre. Notre réecriture du réel rendu virtuel par le bruit médiatique, disais-je a du pain sur la planche.

Un instant seulement arrêtons nous une instant. Chaque jour davantage, les commentaires nous parviennent avant les faits. Les débats s'enchaînent à un rythme effréné, les buzz sont quotidiens; rien, plus rien ne freine la bulle médiatique qui ne survit qu'en créant instantanément la bulle suivante, toujours plus commentée mais toutefois infiniment moins que la prochaine. Allons, allons, mais surtout jamais ne revenons, surtout pas de pause, quant au retour sur soi... Des minarets à Copenhague, des grèves de routiers sur la ligne RER A sans doute contre les suicides dans leur entreprise, ou peut être contre la fiscalisation de leurs bonus ? Vite très vite, enfilons une nouvelle perle, la PAC au Panthéon bien qu'étrangère à Camus. 10 millions d'étrangers payés à rien foutre et un président drh de l'opposition. Notre identité est devenue l'Islam de France, comme le fut le gallicisme.

Tout va vite, très vite. Surtout ne pas s'arrêter, oui continuons. Actionnons ! le climat, Rétablissons ! l'Afghanistan, Définissons ! l'identité, Réformons ! le lycée, Investissons ! en bourse, mais vite, plus vite! Allez ! autre chose encore! Les régionales oui les régionales, c'est bien çà les régionales. Alors commentons ! les sondages, Scrutons ! les têtes de listes, Tenons ! les discours, Moquons ! les promesses. On a fini ? Oui bon alors que vais-je faire maintenant? Communication instantanée, mobilisations numérisées, informations en temps réel.Faîtes vous vacciner, centres hospitaliers, médecins mobilisés, une seule injection ! Urgence partout, urgence toujours. Pour oublier au plus tôt. Avançons, pressons le pas. Oublions l'immédiat, ayons un temps d'avance, facebook t'es has been, twitte donc l'ami. Télecharger ? Dépassé. Faîtes de l'audimat, fête de la musique, faîtes du bénévolat, donnez au téléthon mais aussi au sidaction, consommez cher, c'est bio, c'est mieux.

Economisez ! l'énergie Consommez ! 5 fruits et légumes ARRETEZ !! de fumer Affichez ! votre homosexualité, Cachez ! les minarets.

Cachez surtout, dissimulez les pauvres, effacez les prisonniers, minimisez les chômeurs, planquez les détracteurs.
Exhibez les pédophiles, exposez les burqas, illuminez vos avenues, embellissez vos vitrines.

mardi 1 décembre 2009

Education nationale : Proclamer l'état d'urgence

Cette fois, la coupe est pleine. Il devient manifeste que nos enfants entrent dans la vie active bien moins armés que par le passé. Le débat n'est plus de savoir si le niveau baisse mais de déterminer l'ampleur de la catastrophe en cours.

Les chiffres récents nous révèlent en effet que plus de 21% des élèves de 16 ans ont des difficultés importantes en lecture. Ces statistiques sont a minima, effectuées par des organismes européens, elles recensent surtout une population encore scolarisée. 1 jeune sur 4 donc doit fournir de lourds efforts pour déchiffrer un texte. Une fois lu, il est fort probable qu'il ne puisse rien en retirer. D'ici une quinzaine d'années, ces chiffres seront ceux de la population adulte. Notre avenir ne s'écrit plus. Chaque enseignant le constate de son côté, mais il est fort probable que plus d'un jeune sur trois est incapable de comprendre a minima un texte, dans certaines classes de collège, il s'agit même d'une majorité ! Dans les voies professionnelles, CAP, BEP, Bac Professionels, maîtrise de la lecture et de l'écriture constitue une denrée rare.

En 10 ans, ce taux d'illettrisme (appelons les choses par leur nom) a progressé de 42% !!

Durant ce même laps de temps, les heures consacrées à l'apprentissage de la langue française ont été réduite de l'école primaire jusqu'à' la fin du secondaire. Des centaines d'heures d'apprentissage d'une langue exigeante ont ainsi disparu en fumée.

Dans le même temps toujours, instituteurs et professeurs ont été incité à diminuer drastiquement le taux de redoublement. Autrement dit, un élève notoirement en échec n'a pratiquement plus aucune chance de combler ses lacunes : le collège et le lycée ne sont pas les lieux de l'apprentissage de la lecture !

Depuis quelques années, le phénomène touche, non plus marginalement comme auparavant mais de façon foudroyante l'enseignement supérieur. Les IUT, les Universités et j'en passe, instaurent des épreuves de dictée. Comment accepter qu'un mémoire ou une thèse soient illisibles.

Car bien évidemment qui ne sait pas lire éprouve quelques difficultés à écrire. Le problème ne concerne pas seulement l'orthographe, la grammaire ou la méthode d'apprentissage de la lecture (faux débats au cours desquels chacun continue de jouer sa partition bien rôdée : Réformons l'orthographe ! Simplifions ! De toute façon ça n'est pas si important ! Si au contraire c'est fondamental ! La faute à la méthode globale ! Tu parles et les profs qui ne savent même plus écrire ! ...)

L'ampleur du mal qui nous dévore insidieusement mérite une réflexion plus approfondie. Surtout, il mérite que l'on s'y attelle sérieusement et que l'on agisse de suite, à la racine.

Merde à ceux qui veulent faire de l'anglais en primaire, merde à ceux qui veulent voir leur minot pianoter sur un clavier devant un écran, merde à l'éveil, je me fous de Vercingétorix, je me fous des planètes du système solaire, j'emmerde la ferme bio du coin, je ne veux pas du commerce équitable à l'école, je ne veux pas qu'ils trient nos ordures .... j'exige en revanche qu'ils sachent TOUS, lire, écrire et compter. Basta ! Et s'ils n'y arrivent pas me direz vous ? Et bien on les garde, on (re)crée des structures adaptées, des classes relais etc,. Hors de question qu'on les largue dans une structure qui a une autre vocation, un autre but et qui s'appuie nécessairement sur des acquis prérequis !

Et que l'on ne vienne plus nous bassiner à longueur de journées avec les rythmes scolaires inadaptés, ou l'ouverture sur le monde, ou que sais-je encore ?

Nos enfants seront des esclaves, dociles et appliqués, notre pays sera ruiné,enfin débarassé de ses cervaux, nous n'arriverons plus à nous comprendre coupés que nous serons entre langue des élites et langue vulgaire.

Cassandre ? Oiseau de mauvais augure ? Rien à cirer, c'est pourtant ce qui nous pend au nez et pour l'heure tout le monde s'en fout, ou feint de ne pas le voir.

Les Français ayant perdu leur alphabet, se trouvèrent fort dépourvus quand le chinois fut venu.

YANN OF THE FOUNTAIN

lundi 23 novembre 2009

Chronique de la désintégration nationale

Jeunes gens klaxonnant drapeaux verts et blancs ornés de croissants flottant dans le vent. Sécurité renforcé, bataillons déployés, Français friqués apeurés.
Foules acculturées, n'ayant pour identité, qu'un pays fantasmé. Intégration, footaise à la con, dessine m'en un brouillon.

Une main qui n'a rien de sain, pour accéder au saint des saints. Saint Denis, pataugeant dans l'ennui, marasme à Paris. Lendemain matin, ministres à la mine triste. Honteux les heureux ! Scandaleux dans le jeu ! Et si l'on rejouait pour aider les télés ?

Histoires de bac, bac sans histoire, pas de quoi en faire une histoire. Repas sans fromage. Les scientifiques ont besoin de technique, ça rapporte du fric. Identité, nationalité, citoyenneté, vous les méritez ?

Ô vous les imbéciles heureux nés quelque part, ne croyez-vous pas qu'il est bien tard pour exposer ainsi sans fards le vide de notre regard, scrutant dans le noir la possibilité d'un phare ?

mardi 17 novembre 2009

En 2010, ça va saigner

Cachez cette dette que je ne saurais voir

Le rendez-vous est pris, l'année qui vient. L'endettement record, cumulé à une "reprise" encore plus molle que chez nos voisins, met la France au pied du mur : Va falloir rembourser sans compter sur une reprise de la consommation, ni sur une relance par l'investissement privé.

Résumons : la croissance anémique qui nous est promise pour l'année prochaine (0.75% selon les augures du gouvernement car les entrailles de Lagarde sont certaines) sera le résultat des plans de relance du gouvernement (le premier a eu lieu cette année, le second financé par le grand petit emprunt).

Problème donc, cette croissance ne doit rien au marché, ni aux acteurs privés. Elle est donc financée par l'endettement national (déficit budgétaire aux alentours de 9% et endettement proche de 90% du PIB annuel sans oublier les déficits sociaux).

Ce niveau d'endettement est intenable pour une raison simple : La perte de confiance qui en résulterait sur les marchés financiers serait catastrophique. La France ne serait plus un bon payeur et ne pourrait qu'emprunter à des taux plus élevés. Les intérêts de la dette deviendraient durablement le premier poste de dépenses dans le budget de l'Etat. C'est à dire que nous serions dans la même situation financière que les pays du Tiers-Monde il y a 20 ans ! On disait alors, que le niveau d'endettement de ces pays constituait le principal obstacle à leur développement...

Sur un radeau, médusés par la politique fiscale

Dans une telle situation, le bon sens prescrit au moins un maintien des rentrées fiscales. La récession comme une croissance très faible, réduisent déjà naturellement les rentrées fiscales.En effet, moins de profits, moins de travailleurs c'est autant en moins dans les caisses. La France connaît donc une dette conjoncturelle à la mesure de la récession, mais cela est inévitable et temporaire.
Plus grave cependant sont l'accroissement des déductions, la multiplication des niches, la disparition de la taxe professionnelle, la réduction abberrante de la TVA sur la restauration, le maintien du bouclier fiscal, l'exonération des heures supplémentaires. Autant de mesures qui ne sont plus seulement révélatrices de l'injustice sociale mais qui apparaissent désormais comme un contresens stratégique. Ces rentrées fiscales qui disparaissent nourissent une dette structurelle et non pas conjoncturelle.

Résultat : Les déficits de la France explosent et le produit de l'impôt s'effondre.

Pierre est emmitouflé, Paul est à poil.

Depuis le début officiel de la crise, le gouvernement français a fait le pari de la relance par l'investissement et non par la consommation. Les entreprises, du CAC comme les PME, les ménages les plus aisés ont ainsi connu de substantielles baisses de leur imposition.

Pour compenser ces pertes, la stratégie des pouvoirs publics consiste à taxer davantage les ménages. La taxe carbone que ne paieront pas les entreprises du CAC mais qui se traduira effectivement par une augmentation comprise entre 6 et 10% des prix à la pompe pour les particuliers est de ce point de vue très représentative de la politique mise en oeuvre. Exonérer les entreprises, faire payer les ménages.

Les mesures destinées à la relance de la consommation sont les premières victimes du budget 2010 : la prime à la casse ? supprimée Le bonus écologique ? Réduit Les exonérations portant sur les dépenses en équipement écologique (fenêtres à double vitrage, panneaux solaires...) ? Drastiquement réduits... Pas de doute possible, en 2010 il vaudra mieux épargner !

Résultat : Des entreprises qu'il faut préserver, des salariés qui chercheront à limiter leurs dettes, faute de mieux.

Quand Damoclès prend conscience de sa triste condition

L'endettement conjugué à une reprise qui s'annonce bien terne rendent la situation bien délicate : plus moyen de se voiler la face, cette fois ci la faillite, la vraie, menace.

Quelles solutions à cette situation ? La France ne dispose plus de levier monétaire. Dévaluer l'euro et renouer avec l'inflation ne sont pas de son ressort. Tout au plus peut-on espérer que l'état calamiteux des finances de nombreux Etats de l'Eurogroupe incite la BCE à revoir, marginalement sa politique jusqu'ici fidèle à la ligne "pas d'inflation !".

Pas de parachute du côté de la monnaie donc, d'autant plus que l'euro a dangereusement tendance à s'apprécier ces derniers temps. Ne reste donc que deux possibilités. La première consisterait à se déclarer en cessation de paiement. Option extrême et peu envisageable à l'échelle de la 8° puissance économique mondiale. Si cette voie est empruntée, il y a fort à parier que cet état de fait ne sera en aucun cas officialisé.

Ne reste que l'augmentation de la pression fiscale assortie d'une politique de rigueur ou d'austérité. Comme l'OCDE le réclame, les Etats trop endettés devront se serrer la ceinture en réduisant leurs dépenses en matière d'éducation, de santé ... Parallèlement, il faudra aussi assurer davantage de rentrées fiscales et donc augmenter fortement les impôts.

Reste à savoir sur qui !

L'important, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.

La crise des financiers, banquiers et autres traders est peut-être derrière nous, mais finalement il ne s'agissait là que de notre pain blanc. On a pu, pour l'instant à peu de frais, se gausser, se réjouir ou pourquoi pas plaindre des perdants qui ont vu s'envoler les milliards virtuels avec lesquels ils jonglaient. Mais ce n'est qu'une fois la fumée dissipée que l'on peut commencer à chiffrer les dégâts bien réels que ces milliards de dollars virtuels et volatilisés ont causé. Le vulgus pecum,sur son canapé en brave Rantanplan, risque fort de s'apercevoir un peu tard qu'il est bien la première victime de la crise : dès 2010, il aura l'insigne chance de découvrir que ces revenus stagnent, que son épargne rapporte 1% l'an, que les mesures en faveur de la consommation ont disparu, que son forfait hospitalier a augmenté, que sa bagnole lui côute plus cher, que ses clopes sont désormais un luxe. Ses employeurs lui expliqueront que pour son salaires des millions de chômeurs sont prêts à se battre, que d'ailleurs, à ce propos, il va devoir limiter le nombre d'heures supplémentaires ou bien que sa pause déjeuner est raccourcie.

La servitude volontaire et ses limites

Reste à mesurer le degré d'inertie de la population. Confrontée à une terrible crise économique dont les effets sociaux n'en sont qu'à leurs prémices, l'attitude des consommateurs que nous sommes devenus risque fort de se modifier : ne plus être en mesure de consommer ou être contraint de le faire moins risque fort de se traduire par un désenchantement généralisé. Accroître son endettement ? En cas d'incertitude sur l'emploi, de pression sur les salaires, la tentation est des plus réduites. Rappelons que c'est l'endettement excessif des ménages américains qui a été le symptôme le plus saillant de la crise que nous traversons.

Ainsi donc, le consommateur déchu se verrait contraint de revêtir à nouveau son costume de citoyen et d'agir en tant que tel.

Tout n’est pas perdu non tout n’est pas perdu de v(n)os mythes d’aurore ici le soleil brille pour tous et on y croit.

mercredi 21 octobre 2009

L'Histoire aujourd'hui II: la sacralisation du patrimoine


L'époque contemporaine dans notre Europe vieillissante cherche à nous rendre "palpable" l'Histoire. "Goûter" au plaisir de notre Histoire comme un œnologue le ferait pour le vin, relève du savoir-vivre. Non, qu'il faille faire de l'Histoire dans sa tour d'ivoire, mais tout de même que nous donne-t-on à "voir"? Le patrimoine et ses Journées, sont nos églises, nos temples actuels. Sacrés, inviolables, entretenus, choyés. Au moindre de nos pas, une plaque commémorative, une façade "digne d'intérêt", un trésor mésestimé. Chaque année, des millions de "curieux" effectuent leur pèlerinage vers les lieux saints, toujours plus nombreux, soigneusement dépoussiérés pour l'occasion.

C'est que, cher lecteur, l'Histoire, pour notre petit peuple, doit être accessible. Faut pouvoir la "sentir", la "voir", l'"entendre". Chercher à la comprendre n'a que peu d'intérêt, il se pourrait même que cela soit dangereux. Le patrimoine est le média sensitif le mieux adapté à une époque de l'immédiateté. Il est là, toujours présent, immuable parfois, ses portes sont ouvertes.

Sa restauration et son entretien voire sa colorisation n'en sont que la partie émergée. Déjà, le patrimoine tel que nous le connaissons, relève plus de l'art que de l'histoire. Ce qui fait le succès, n'est ce pas sa beauté, sa splendeur, son caractère, ou pire son authenticité synonyme ici d'accessit à la Vérité. Ce qui demeure d'une époque c'est d'abord ce qui est solide : On trouve plus de palais que de maisons en torchis de nos jours. Les bidonvilles européens ont disparu, et curieusement personne ne s'est battu pour en laisser quelques traces afin d'élargir le patrimoine. Que conserve-t-on sinon ? ce qui est utile évidemment. Ainsi des aqueducs romains à la différence de leurs temples païens. Ce qui était un ouvrage technique devenu inutile quelques siècles plus tard se transforme alors en art, témoignage du génie d'une civilisation. Sinon, que garde-ton ? Ce qui a de la valeur, ou plutôt, beaucoup de valeur. Pour cet aspect, on a toujours fait confiance aux héritiers, et ça fonctionne : Il est tout aussi, voire plus difficile de mettre la main sur une bêche du XVI° siècle que sur une amulette en or d'une quelconque princesse égyptienne. Enfin, une société cherche à protéger ce qu'elle perçoit comme étant beau. Le beau, jusqu'à peu, c'était l'art. Jusqu'au XVI° siècle, la prodution était jugée bien plus importante que l'artiste, souvent plus méprisé et courtisan qu'intellectuel reconnu.

Autrement dit, que nous reste-t-il matériellement ? Ce que nos prédecesseurs ont jugé important, ce qui était extraordinaire, ce qui finalement n'était pas leur propre histoire. On pourrait même aller plus loin : les images d'archives avant que l'outil caméra ne devienne un bien de consommation courante, sont plus que trompeuses. Bien peu de Russes en 1917 avaient ne serait-ce qu'une idée du visage de Lénine, ce qui n'a pas empéché le communisme. Les frères Lumières et les premiers cinéastes sont aller filmer l'entrée en gare de trains non parce que cet événement était quotidien mais parce qu'il était encore, pour beaucoup, un phénomène inconnu. On célébrait bien à cette occasion le génie d'une civilisation et d'une époque. Les premières photos ont montré les barricades de 1848 à Paris et de fait le XIX° siècle est aujourd'hui celui des révolutions. Pas sûr que Charles X ou Napoléon III l'ait compris comme tel.

Que l'on ait, au travers du patrimoine, une vision tronquée de l'Histoire, relève de l'évidence. Que celle-ci soit falsifiée par l'omniprésence du premier est problématique. Le patrimoine, à la différence de l'histoire est présenté de façon horizontale. Les siècles s'entrechoquent, la chronologie s'efface, les témoignages s'insèrent dans un passé informe, où la profondeur du temps n'a pas sa place. En traversant une rue, ou en descendant un étage, nous parcourons des siècles.

Les restaurateurs, les muséologues, les archéologues sont d'ailleurs confrontés à un dillemme quotidien : quelle image présenter au public ? Le Versailles que l'on nous montre doit il être expurgé de ses apports Louis XVI, faut il effacer les voutes brisées gothiques de telle cathédrale pour revenir à ses berçaux romans ? Mieux, faut-il recréer les sculptures de tel cloître, ou repeindre en couleurs criardes les façades antiques des palais ? Relever toutes les pierres du forum romain ? Faut-il franchir le pas de la reconstitution ? Pour quelle raison ? Un siècle vaut-il mieux qu'un autre ?

En tout cas, il faut pré-ser-ver. Ah çà oui, à tous prix. Autrement dit, il faut statufier, muséîfier, momifier, conserver ou rajeunir, effecer les atteintes du temps, gommer les imperfections, bref effacer l'Histoire. Ce qu'il nous est donner à voir et présenté comme un joyeau inestimable, n'appartient à rien ni à personne. Le patrimoine n'est pas le produit d'un peuple, d'une civilisation, il ne connaît ni propriétaire, ni héritier. Il est libre de droit, comme le sont les oeuvres musicales de plus de 50 ans. Il n'a d'intérêt historique véritable que si les ajouts, les manques, les transformations, les blessures du temps y sont visibles. Le patrimoine est une contre-histoire visant à nourrir notre imaginaire en vue de s'approprier un passé décontextualisé.

Le patrimoine est avant tout une politique, une reconstitution fidèle. Si l'Histoire est un essai, le patrimone est un roman. Une narration aventureuse peuplée de personnages quasi légendaires (Ah le pauvre duc de Guise dans le château de Blois, et ces mannequins de cire qui habitent encore les prisons de la conciergerie, faudrait songer à les reloger, à côté de Dati à Grévin)
Cette culture là est gratuite (parfois), accessible à tous. Avoir recours aux visites guidées, aux formulaires copieux ou encore aux guides touristiques constituent le must du "curieux" qui se fait alors "historien amateur" ou "érudit"...voire ! Il faut vivre avec son temps mais l'histoire chevillée au corps. Le patrimoine, c'est nous.

mardi 13 octobre 2009

Le pontificat de Nicolas Borgia


Le pape Alexande Borgia vous connaissez ? Ce souverain pontife du XV° siècle (connu sous le nom de "règne" Alexandre VI) fut célèbre pour son népotisme. Neveux, Frères, Oncles, Cousins et amis de ce brave homme furent tous placés aux plus hauts postes, laïcs ou ecclésiastiques, dans l'Europe entière et particulièrement en Espagne, sa contrée d'origine. Son pontificat se confondit avec l'idée de "décadence" de l'Eglise : réceptions orgiaques, dépenses faramineuses, piètre connaissance des Ecrits... que dénonceront bientôt les fameux protestants.
Il fallut attendre le XXI° siècle pour qu'arrive enfin un Nicolas Borgia et en France ! Cela, à vrai dire, manquait. Les Français s'étaient trop habitués à être gouvernés par des hommes et des femmes, qui, s'ils n'étaient pas aussi verutueux que l'Incorruptible, avaient eu, dans leur éducation et/ou leur parcours professionnel, l'occasion de comprendre ce que put être l'intérêt général. Souvenez vous, des ministres démissionnaires ! Songez y, des référendums !Pensez y, des lois qui n'étaient pas appliquées en raison de contestations massives ! Rappelez vous, des radios libres !
Toutes ces pratiques nauséabondes ont disparu. Rien de tel, c'est inenvisageable, impossible, ridicule.
Notre pape à nous place ses amis racistes à l'intérieur, son pote adepte de tourisme sexuel, à la culture, son fiston à l'aménagement de la Défense, permet à ses amis de la télephonie mobile de se partager seuls le marché, pour d'autres, il autorise le pari en ligne, pour les deniers, il cherche à refourguer ses rafales. Enfin, pour ceux de son parti, il redécoupe les territoires. Son aïeul plaçait ses neveux évêques puis cardinaux, d'autres membres de sa famille se voyaient offrir des prébendes prestigieuses à la tête d'abbayes propriétaires de terres immenses. Les pratiques sexuelles, que d'aucuns auraient pu considérer comme déviantes, étaient tolérées, si ce n'est encouragées. Bien sûr, tout homme qui se dressait contre lui était immédiatement jugé "coupable" avant même que son procès n'ait lieu. Le vieux Borgia n'hésitait pas, non plus, à agiter le hochet de la croisade et pensait sans doute qu'avec un seul infidèle, pas de problème, mais quand il y en a beaucoup...
Il y a quelques lettres persanes qui se perdent...
Mais l'élève dépasse le maître car ce denier ne se parait (au sens de se parer) nullement d'un voile hypocrite de vertu. Le successeur affirme agir pour moraliser son joujou à lui : le capitalisme. Son ancêtre aurait trouvé indécent d'affirmer qu'il songeait à moraliser l'Eglise. D'une part en raison de l' hilarité générale que cela aurait provoqué, mais surtout parce que son joujou, l'Eglise revendiquait une morale.

Lui est là pour "régler les problèmes", puisqu'il est bien connu qu'il n'en crée pas. Toutefois, Alexandre se permit ces excès dans une période d'expansion économique, démographique, de grandes découvertes, de redécouvertes des savoirs, de révolution artistique. Lui non, il agit en période de crise, de récession, sous fonds d'aggravation des inégalités, d'explosion du chômage, en période de déclin politique européen.
Alors, pas de protestants à attendre, ni à craindre. Ce qui surviendra surprendra mais décidément, il y a quelque chose de pourri dans le royaume des Borgia.

lundi 14 septembre 2009

L'Histoire aujourd'hui : La mémoire



Dans cette série d'articles, je présuppose que les rapports d'une société avec son histoire, déterminent largement les rapports sociaux, l'imaginaire symbolique ainsi que son regard introspectif. L'image que nous avons de nous mêmes est la reconstruction de ce que nous croyons incarner. Au terme de cette série, j'essaierai de tirer quelques conclusions concernant l'évolution de notre regard sur nos agissements. La façon dont nous nous percevons au regard de notre histoire en dit long sur ce que nous aspirons à être. Le pari est plus qu'ambitieux, peut être prétentieux, j'en conviens. Mais bon, "faut bien s'lancer !"


Depuis quelques temps, un débat original agite les historiens et quelques intellectuels venus d'autres horizons : Que commémorer ?
D'aucuns s'offusquent de l'absence de toute personnalité française de rang important lors des reconstitutions/commémorations annuelles de la bataille d'Austerlitz. Pourquoi avoir honte de "nos" victoires ? Pourquoi faire l'impasse sur nos moments de gloire ? Quel pays ne s'est pas forgé aussi dans les victoires ? Pourquoi exclure Austerlitz de notre patrimoine alors que les officiels français ne rechignent guère à s'incliner à Waterloo ou ailleurs au nom des victimes innocentes tombées face à l'armée française ?
D'autres sont favorables à l'instauration de journées de commémoration de l'esclavage (La ville de Bordeaux est désormais dans ce cas de figure), ou en souvenir des crimes commis en Algérie, dans les colonies, ou d'une minute de silence annuelle pour les victimes de la Shoah. Il est primordial qu'un pays comme la France soit capable d'effectuer pleinement son travail de mémoire sans en dissimuler les faces sombres.

Pour résumer, les premiers seraient des "nationalistes", les seconds des "humanistes".
L'option nationaliste estime que les Français peuvent être fiers de ce qu'ils ont réalisé au cours de leur longue histoire, les seconds pensent que a France fut avant tout une puissance majeure et qu'à ce titre, elle n'a pas hésité à avoir recours au même instruments de terreur que les régimes inquisitoriaux, tyranniques, impérialistes ou totalitaires.

Le pouvoir politique depuis Chirac a pris le parti de s'excuser officiellement pour l'esclavage ou pour Vichy. Dans le même temps, il a tenté d'introduire un amendement visant à enseigner les aspects positifs de la colonisation. Depuis Sarkozy, la confusion s'installe et le devoir de mémoire relève du seul émotionnel : Confier une âme d'enfant juif déporté à chaque élève de CM2 ou lecture de la dernière lettre d'un résistant communiste avant d'être fusillé. Commémoration en grandes pompes du débarquement en Normandie avant sommet bien réel de l'Otan, ce vestige de la guerre froide. Le 14 juillet ne donne plus lieu à la traditionnelle garden party quant au défilé militaire matinal il a désormais pour but d'accueillir des régiments étrangers, les plus exotiques ou symboliques possibles. Quid de la fête nationale ?

Dans le champ médiatique, les mémoires tendent à supplanter l'histoire. Diverses et souvent contradictoires, les mémoires se repaissent des commémorations ou autres célébration. Se souvenir, devoir de mémoire, ne pas oublier, voilà les nouveaux impératifs kantiens du siècle qui se lève. L'histoire dans tout cela est malmenée, tiraillée. Jugez en : conflit israélo palestinien, que peut l'Histoire ? Dans les médias, les discours, (même le si exceptionnel discours du Caire d'Obama) partout ce conflit est expliqué par des divergences religieuses, ethniques et l'immense chappe de plomb de la Shoah empêche toute réflexion sérieuse : Certains vont jusqu'à la nier pour faire ressortir l'atrocité des crimes israéliens (Iran), d'autres, au contraire, estime que cette catastrophe subie par le peuple juif, justifie leurs agissements actuels, les lave de tout soupçon. Il y a quelques jours un rapport de l'Onu fait état de crimes de guerre (et dans certains cas de crimes contre l'humanité) commis par Tsahal (l'armée israélienne) lors de leur dernière offensive à Gaza. Quoi ? Crime de guerre ? Crimes contre l'humanité ? Oui, vous avez bien lu. Votre devoir de mémoire réagit au quart de tour : "Mais c'est les Nazis qui les premiers ont dû comparaître pour ces crimes lors du procès de Nuremberg... Non, c'est impossible, que ceux qui ont subi cela, puissent aujourd'hui... "
Et pourtant si. C'est là la différence entre histoire et mémoire. Dans l'imaginaire collectif dominant, les juifs (et donc ici les Israéliens) ne peuvent être que des victimes. L'Histoire nous enseigne que bien des victimes passées se sont transformées en bourraux. La mémoire est à l'histoire ce que la pellicule est à la photo. Il est nécessaire de la traiter pour en tirer une reproduction plus fidèle de la réalité. Brute, elle est sans intérêt, nuisible même à l'interprétation des phénomènes qui se déroulent sous nos yeux.

Résumé : Les mémoires envahissent tout et piétinent la discipline Histoire. Elles sont souvent contradictoires et conflictuelles. Mais le fait de les" travailler" nous incite à ouvrir les yeux sur certaines pages sombres. On peut craindre que le mea culpa permanent vire à une espce d'auto flagellation permanente, plus rituelle qu'admise ou comprise.

dimanche 13 septembre 2009

Non, non rien n'a changé, tout ,tout doit se transformer

PETITS DOUTES ENTRE "AMIS"

Le calendrier électoral impose le tempo. En vue des régionales, dans 6 mois et qui ne peuvent qu'être une défaite du PS (puisque 20 régions sur 22 sont détenues par le PS), les différentes composantes de la gauche et du centre (du MODEM au NPA) cherchent la "bonne" formule pour bien figurer lors du scrutin. C'est la priorité du moment et elle exclut toute autre "priorité". Exit les débats de fonds : services publics, retraites, déficits, chômage, crise économique, protectionnisme ou libéralisme, Barosso ou pas, ou même le mode de désignation du candidat de la gauche pour 2012. Ce qui compte c'est passer des alliances, pour la plupart improbables. Revoilà la gauche réduite, une fois de plus, à constater ses divergences. Plutôt que de poser le problème et d'en débattre,mieux vaut exposer ses vues contradictoires et remettre la discussion à plus tard !!
Car, à l'exception du NPA (et encore), du Modem (quoique) et des Verts (semble-t-il) et du parti de Gauche (ça semble clair, du moins pour l'instant)aucun parti n'a défini de stratégie. Pour y voir clair résumons :
Un NPA qui exclut toujours une alliance avec le PS mais qui serait prêt à transiger avec le PCF, si celui-ci s'engage plus avant dans une alliance durable avec la gauche de la gauche(et donc renonce au PS, donc à des élus...), enfin pourquoi pas faire alliance avec le petit PG ?
Un modem, qui serait prêt au cas par cas à faire alliance avec le PS, les Verts et pourquoi pas certains "communistes". Alilleurs, on pourra éventuellement faire gagner la droite (pas bien dirait Bayrou) ou faire cavalier seul au premier tour afin de faire monter les enchères.
Un parti Verts tout fier de ses 16% aux Européennes, qui cherche à fructifier ce score en partant seul puis en faisant alliance avec le PS au second tour. Avec des arrières pensées : pourquoi pas passer en tête en Ile de France par exemple, mais pour cela faudrait se mettre le Modem dans la poche (Idylle Sarnez Cohn Bendit), et des interrogations en Poitou Charentes, plutôt avec ou contre Ségolène Royal ? Cette question est la même pour le Modem car se présenter contre Royal c'est choisir la stratégie du coup d'éclat mais défaite quasi assurée, et de Royal, et de l'ensemble de la gauche. Avec Royal cela signifierait quelques élus mais peu de bénéfices médiatiques (tout reviendrait à Royal, capable d'unifier sur sa liste Verts et centristes)
Un parti de gauche qui considère comme un succès le score du Front de gauche (avec le PCF) lors des européennes, qui souhaite poursuivre l'aventure loin du PS mais pourquoi pas avec le NPA. Mais la survie du Front de gauche n'est pas certaine au vu des valses hésitations du bureau du PCF.
Un PCF qui tergiverse en apparence mais qui ne peut se permettre de perdre les nombreux élus régionaux dont il dispose grâce à l'alliance avec le PS. Ce parti qui ne représente que 2 à 3% des suffrages ne veut perdre sa surreprésentativité dans les exécutifs régionaux à aucun prix. La fête de l'Huma livrera sa vérité mais il y a fort à parier que le PCF choisira l'alliance avec le PS à condition d'en exclure le modem.
Un PS inquiet. 2 lignes s'affrontent : les partisans de l'alliance avec le Modem et les partisans de l'alliance à gauche (comprendre ici PCF) plus le trublion verts qui favorise plutôt la première tendance. Beaucoup privilégient l'alliance avec le Modem a priori mais il y a un hic : Royal est sur cette position depuis 2007. La main tendue de Bayrou est également délicate. Difficile de refuser. Toutefois les Verts (Bendit surtout) préfèrent aussi partir avec le Modem plutôt qu'avec les communistes. Il est vrai qu'électoralement il n'y a pas photo. Les partisans de Strauss Kahn, de Royal, les Peillon, Valls, Montebourg, sont plutôt sur cette ligne.
Aubry n'a pas le choix, elle doit rassembler son aile gauche (Hamon, Emmanuelli) afin de combattre les principaux concurrents de 2012. Résultat on va demander à Bayrou de se déclarer de gauche (on en est là !) et mitonner notre alliance avec le PCF pendant ce temps. On se teint en rouge plutôt qu'en bleu. Dans cette configration on peu laisser pas mal de lattitude aux têtes de liste dans leur région. La difficulté dans ce cas de figure est d'éviter la déroute aux élections : comment rassembler verts et Modem entre les deux tours ?
Donc pour termier sur ces aspects :
Un NPA qui veut démontrer à toute la gauche sauf le PS que seule sa stratégie est la bonne.
Un MODEM à la recherche d'un second souffle mais qui, animé par un très violent rejet sarkozyste est prêt à s'allier avec la gauche.
Des VERTS qui continuent à faire de la politique comme un lobby (du greenpeace électoral) à défaut d'avoir une position claire sur l'échiquier politique.
Un PG dépendant et impuissant.
Un PCF qui n'entrevoit d'autre avenir que celui de sauver quelques strapontins.
Un PS qui ne parvient pas à dissocier les régionales des présidentielles à venir.

LE TEMPS RETROUVE ?

L'espace temps qui pouvait amener une recomposition de la gauche est désormais écoulé et la situation est en réalité encore plus complexe que précédemment. 2 partis de plus dans la "gauche" PG et Modem, plus un autre qui a pris tant de poids qu'on n'est plus vraiment sûr qu'il soit de gauche (VERTS). Puisque l'opposition à droite de la droite n'existe plus (De Viliers rallié, Le Pen out), les termes de gauche, d'opposition, et d'antisarkozysme sont devenus similaires. Or, un tel patchwork n'est pas tenable. Seul le PS est écartelé entre les deux extrémités ou presque de ce spectre politique. Le PS demeure au centre du jeu à gauche par le seul truchement du PCF.

Pourtant, il devient urgent que les forces à gauche du PS se réunissent, une fois pour toutes, pour former un parti comparable à Die Linke en Allemagne dont les succès électoraux en Allemagne mettent les Sociaux démocrates au pied du mur : gouverner avec le centre et la droite ou avec Die Linke (La Gauche) ? Dans le premier cas le SPD (socio democrate) s'apparenteront à des conservateurs libéraux dans le deuxième comme une force progressiste modérée. Le PS français en entretenant le doute à ce sujet est responsable des défaites successives de la gauche.

APRES MURE ET SOUTENUE REFLEXION

On a pu longtemps croire que la gauche avait "honte" de ses idées une fois au pouvoir, mais aujourd'hui elle donne l'impression de ne plus avoir d'idées et de le dissimuler dans l'opposition. Autrefois, elle cachait après ce qu'elle était censée être, aujourd'hui, elle cache son vide idéologique pour ramasser des citoyens déboussolés. Dans un monde plus complexe et plus incertain, la gauche nous enseigne le doute et l'aporie : c'est honorable mais ce n'est pas son boulot.


CHERCHONS DESESPEREMENT OUVRIER ARABE INTEGRE DE GRANDE TAILLE

Collision : Sarkozy lors de ses déplacements qui veut faire croire aux nains qu'ils peuvent être aussi grand que lui, et Hortefeux qui explique aux Arabes qu'ils ne seront jamais comme lui. La communication gouvernementale a du plomb (ou du carbone) dans l'aile ces temps-ci. Toujours le rôle des caméras. Ce qui ne révèle que d'un texte n'a plus aucune importance. Si l'on avait des images de responsables socialistes en train de falsifier les résultats du congrès de Reims, sûr que ce parti ne s'en serait pas remis ! Toujours aussi, la fonction de la personne prise au pège. Les propos d'Hortefeux sortis de la bouche de le Pen auraient suscité l'ooprabe de l'ensemble de la classe politique y compris de Fillon et de Lang, mais là on touche à la droite du prince, on passe outre. Ces mêmes propos sortis de la bouche de votre ami beauf du comptoir auraient suscité une moue désapprobatrice de votre part (j'espère, au moins ça !), mais certainement pas l'esclandre ou le cri qui n'ont pas manqué de surgir du plus profond de vous en voyant cette vidéo. Alors voilà : je pense que cette plaisanterie de très mauvais goût, parce qu'elle a été prononcée en public, dans une réunion politique,devant caméra de télé et proférée par un ministre de l'intérieur en exercice, doit être sévèrement réprimandée. N'oublions pas que ce même ministre a limogé deux jours avant un préfet pour "propos racistes". Le plus grave n'est pas tant ce qui a été dit, mais qui l'a dit.

ET AU DESSUS PLANE ROYAL

Si certains préfèrent rabaisser à leur taille leurs interlocuteurs, d'autres cherchent à prendre de la hauteur. Coup sur coup S. Royal s'impose et pour la première fois destabilise véritablement la communication gouvernementale. L'épisode de la taxe cabone la place incontestablement comme opposante la plus efficace à notre majesté. Du même coup, elle envoie au tapis ses camarades socialistes et cogne sur la supposée pureté virginale des Verts (qui pour apparaître sociaux plutôt que bobo devront repasser). Or, dans cette affaire, les médias, dans leur majorité ont du reconnaître la justesse de ces propos (un IMPOT d'abord, INJUSTE ensuite, INEFFICACE enfin) en dépit des attaques très violentes qu'elle a subi à cette occasion (Conh Bendit la juge "démagogue et stupide"...) Du coup les Verts qui dans un premier temps se sont réjouis de la taxe ont retropédalé ensuite, et Fillon a été une fois de plus humilié par sa suffisance.

mardi 23 juin 2009

Il fallait en parler !?

La séquence qu'il vient de nous offrir, de la réunion du Congrès jusqu'au remaniement ministériel, mérite qu'on s'y arrête un instant. Hier donc, à Versailles, nos élus ont eu la chance de pouvoir l'écouter. Versailles et la République, quelle belle histoire !! En 1789 c'est la jeune assemblée et le peuple de Paris qui ramenaient le roi à Paris, aujourd'hui c'est lui qui les y amène. En 1871 les joyeux Versaillais estampillés républicains s'amusaient à exécuter 30 000 communards en une semaine, et en 1919 on y a signé le plus absurde des traités de paix pour humilier nos voisins défaits. Ha ! Si Versailles m'était conté, sûr que cet épisode n'y trouverait place ! En revanche, si Versailles m'était compté...


Hier donc, devant un parterre de parlementaires réduits au silence, devant députés et sénateurs privés de vote, sa magnificence a fait appel à son peuple en faisant "don de sa personne à la France". En agissant ainsi, il égale son illustre prédécesseur, Napoléon III dans son usage du plébiscite: certain de ne pouvoir obtenir le soutien de son action dans les urnes, il fait appel à celui des portefeuilles par un "grand emprunt national".
Sûr que cet emprunt sera un grand succès, que les sommes obtenues dépasseront les estimations les plus optimistes ! Les Français videront leur bas de laine flairant la bonne affaire au regard d'un taux de rémunération du livret A , sans doute ramené à 1% dès cet été.
Cher lecteur, tu comprendras que je ne m'attarde pas ici sur les risques encourus par cette pratique. Simplement une remarque au passage : l'endettement de la France pour cette année et la suivante dépassera les 7%. Or, cet emprunt devra être remboursé dans quelques années : Réjouissons nous, nous voilà assurés (en ces temps incertains) de conserver notre dette ! Tout çà sans politique de relance de la demande !
Comment rembourser cette multitude de créditeurs de l'Etat ? Par les impôts bien sûr ! Ainsi, ce que vous avancez aujourd'hui, vous vous le rembourserez demain, sauf si vous êtes soumis au dur régime de l'ISF qui sera supprimé d'ici là...
Dernier point : les anciens emprunts d'Etat ont toujours été annoncés par le premier ministre. Aujourd'hui, François Fillon est totalement court-cicuité ainsi que l'ensemble de tous les corps intermédiaires. Ce procédé inédit, en plus de ridiculiser le premier ministre, confine au démagogisme en action. François, tu peux courir te cacher.
Pas de rigueur, pas d'augmentation des impôts a-t-il promis. Pourtant, on voit fleurir une taxe carbone, une diminution plus forte que prévue du nombre de fonctionnaires, aucun coup de pouce pour le SMIC, une augmentation du tarif de l'électricité et une stabilité de celui du gaz alors même que ce dernier est censé être indexé sur le cours du pétrole. Accessoirement, on comptera fin 2009, pratiquement un million de chômeurs de plus qu'un an plus tôt, soit plus de 10% de la population active au chômage. Accessoirement toujours, Seguin, président de la cour des comptes s'inquiète dans les colonnes du Monde d'un "risque de accroissement exponentiel de la dette".

Bilan de la journée ? Une République bafouée, un premier ministre humilié, une opposition piétinée, Français, si vous me prêtiez ?

Mais notre éminence ne souhaita pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'agit de pousser l'avantage d'élections prétendument gagnées. Or, qu'aurions nous eu si ces dernières avaient été analysées comme une défaite pour la majorité? Eh bien, un remaniement bien sûr ! Annoncé par qui ? Le premier ministre, naturellement ! Pour arrondir les angles, il aurait fallu poursuivre l'ouverture. N'est-il pas curieux que le procédé reste identique ? Victoire ou défaite, de toute façon le remaniement était programmé. Seul celui qui l'annonce change en fonction des résultats : "mais non, François, ne t'en va pas, ne boude pas, je te garde quand même". Hé oui, cher lecteur, tu n'es pas sans ignorer que constitutionnellement parlant, c'est le chef du gouvernement qui présente à l'approbation du président son gouvernement. Tu es bien caché François ? Étrange que tu ne te sois fendu d'aucune déclaration entre ces deux épisodes historiques. Tu sembles souffrir, c'est ta sciatique ou encore un peu plus bas dans le dos?
En dépit d'élections triomphales donc, le remaniement. En dépit d'un PS déjà bien moribond , la poursuite de l'ouverture. Le petit a en effet agité son hochet et il est tombé sur Frédéric Mitterrand qu'il avait déjà envoyé 18 mois plus tôt à la villa Médicis . L'ouverture a bons dos, ce même F Mitterrand avait appelé à voter Chirac dès 1995...
Mais qu'importe ! ! Voilà l'heureux évènement ! Car il a tout lui aussi : un nom, un pédigrée, des paillettes, un beau réseau chez les artistes bon ton que fréquente la First Lady à la con, et même en prime du caviar ! Nous voilà assurés pour des jours et des jours d'un tapage médiatique assourdissant assorti d'un sentiment de trahison chez tous ceux qui plaçaient encore un reste de confiance dans l'intelligentia modérée de la rive gauche. Politiquement, la prise ne signifie rien. Symboliquement elle est considérable. Gageons cependant que l'abcès est désormais crevé entre les électeurs et les représentants de gauche.

Bilan de la deuxième journée : Un premier ministre humilié sur la place publique, des reniements en veux tu en voilà parmi les ministres, un écran de fumée (F Mitterrand), et sa majestée au centre de la mélée mais en même temps au dessus, pantin comme tous les autres dans la situation économique mondiale avec un pays qui se ruine sous ses pas.

Plus généralement, la bulle qui sépare la population et ses élus s'épaissit : les incertitudes des uns ne rencontrent plus les inquiétudes des autres. Dans le microcosme, on s'agite, on s'ébaudit, on entonne le refrain des chaises musicales et on joue au qui manipule qui. Dans le macrocosme, on fait les comptes pour passer ses vacances au camping, on hésite pour la mise en faillite de sa boîte en septembre ou on craint le dégraissage d'automne, à moins que l'on soit déjà inscrit au Pôle emploi.

A force de ruptures, la boussole perd le nord. Notre pays est aujourd'hui dépourvu de ses repères passés et en quête d'une direction. Car soyons clairs, quel avenir nous fait-on miroiter ? On explique partout que le but est de revenir à la situation antérieure (retour de la croissance) ou bien à celui d'un hypothétique âge d'or (celui de l'équilibre des comptes).
La justice sociale par la résorbtion des inégalités ? Des services publics qui garantissent l'égalité sur l'ensemble du territoire, des hausses de salaires pour relancer le pouvoir d'achat et la consommation ? Des taxes sur les spéculateurs ? Non, rien de tout cela n'est évoqué : tout juste un espoir dans l'accession au crédit (le droit de s'endetter davantage ! ), la compression des salaires, l'allongement de la durée de cotisation, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux..

Cette situation est en réalité des plus absurdes, car toutes ces décisions présentées comme pragmatiques, répondent à une pure idéologie néo libérale. Penser, aujourd'hui encore !, que l'on va relancer par l'investissement alors qu'on a à faire à une crise de la consommation (par un trop fort endettement) relève de l'aveuglement idéologique.

Je crains fort qu'il n'y ait rien à retenir de cette séquence en deux temps, finalement elle ne méritait pas qu'on s'y arrête. Désolé, cher lecteur.

lundi 15 juin 2009

La retraite revient au galop !


Le boutefeu Hortefeux n'ira pas au parlement européen. Ben oui quoi, s'il s'était mis sur les listes en Auvergne c'était sans doute pour faire du nombre. Se présenter en espérant ne pas être élu, y en a qui devraient l'imiter à l'UMP, ça nous soulagerait ! Des candidats? Dati ? Ah oui, déjà çà ! Et, en attendant, le rouquin reste au gouvernement car il est indispensable au dialogue social ! Si, il a la confiance des syndicats ! Sa méconnaissance des dossiers est en fait une chance inouie. Problème, il a, lui aussi, des consignes.

Vous en avez peut être vaguement entendu parler, depuis le 7 juin, mais il semblerait que la situation financière de la France pose quelques soucis. 20 milliards pour la Sécu, 72 pour le déficit budgétaire... et plus rien pour les retraites. Et oui, il va falloir travailler plus...longtemps. C'est la p'tite bombe d'avant les vacances, juste après le derner rendez vous social du 13 juin. Hop, ça y est, c'est dit. Personne ne réagit, parfait, on se met au boulot à l'automne prochain.

67 ans, premier chiffre annoncé. C'est ce que l'on peut "obtenir de mieux" mais dans ce cas, il faudra sans doute aussi augmenter les cotisations. Donc on va travailler plus longtemps, payer davantage (en volume et en durée) pour une retraite de toute façon tronquée. Les entreprises, qui passées 50 ans cherchent à se séparer de leur salarié, trop cher et relativement peu productif si on le compare à un jeune aux dents longues, ne feront rien pour garder les plus vieux. Le chômage des séniors, dans ces conditions, va exploser. Deuxio, les départs à la retraites à taux pleins constitueront de plus en plus l'exception. Paupérisation des troisième et quatrième âges à qui les fistons seront contraints de financer les maisons de repos.

Sous Balladur, le privé se voyait "condamné" à cotiser plus longtemps, sous Juppé, la Sécu remboursait moins,sous Raffarin, la retraite du public fut alignée sur celle du privé, sous Villepin on proposa aux jeunes de travailler pour moins, sous Fillon, on doit travailler plus tard à nouveau. Si on compte (rapidement) Fin des 35 heures et retour à environ 39 heures pour tous (plus incitation aux heures supplémentaires), un jour férié en moins et au moins 5ans de boulot en plus : quelques dizaines de milliers d'heures de travail supplémentaire pour chacun en dix ans ! Décidément pour la droite il faut vivre pour travailler !

Vit on mieux ? A-t-on retrouvé la croissance ? Y a t-il moins de chômage ? Moins d'échec scolaire ? Moins d'insécurité ? Non, vos heures sup n'ont pas cette vocation

A t-on renfloué des banques? L'automobile ? Bernard Tapie ? François Pérol ? Les restaurateurs ? Les médecins ? Voilà à qoi ça sert de bosser plus.

Forcément, tout est défiscalisé. Les recettes s'effondrent (et pas besoin de "crise" pour expliquer cela) et les dépenses s'accroissent.

Les syndicats, les partis d'opposition sont silencieux et complices de cette situation. Incapables de proposer une alternative, ils vont encore être contraints de s'opposer pour la forme et abandonner la lutte.

Cher lecteur, l'an prochain vous travaillerez plus...ce qui vous laissera plus de temps pour me lire au bureau.



samedi 13 juin 2009

La gauche et le conservatisme (Vite dit)


Progressistes, modernes, dépoussiérés. Voilà comment la plupart des leaders de gauche (où se prétendant comme tels) veulent apparaître aux yeux de l'opinion. Décomplexés, "désidéologisés", pragmatiques, soucieux d'apporter des "réponses concrètes". Convaincre l'électeur que l'on regarde bien l'avenir.

Quand le programme politique se mue en "bonne gouvernance", lorsque le progrès social se transforme en "meilleure répartition des revenus", quand "non à Barosso" permet de mettre "Europe sociale" au placard, quand "idéologie" devient pragmatisme gestionnaire,


Ces mutations linguistiques supposent un renoncement. La gauche d'aujourd'hui c'est la "boutique de l'homme moderne" en tout aussi ringard. Il faut le répéter rien ne vieillit plus vite et plus mal que le résolument contemporain et le moderne. Le moderne de la veille est le kitch du lendemain...

Hier encore l'écolo était d'avant garde, aujourd'hui il connaît son apogée, demain, il sera ridiculisé.

Le monde politique est, dit-on, partagé entre progressistes et conservateurs. La droite française actuelle affirme se reconnaître dans les deux, la gauche n'accepte que le premier.

Comment l'expliquer ? Historiquement, il est certain que la gauche fut la force du mouvement, du changement, du progrès social et de la révolution. Ses héritiers considèrent donc que la transformation de la société est une nécessité. Fort bien !

Le problème vient que la transformation progressiste et "socialisante" est d'abord devenue le changement puis mouvement ensuite l'adaptation enfin la flexibilité.

L'aveuglement qui consiste à croire que tout ce qui évolue est "bon en soi" constitue le tabou, le verrou qui empêche toute remise à plat. "Changer la vie" ne signifie rien. Taguieff dénonçait il y a maintenant longtemps, le "bougisme". Le glissement libéral s'est néanmoins poursuivi : l'adaptation de la France et du travailleur à la mondialisation pour être plus compétitif. C'est un renoncement, s'adapter ne peut se faire qu'a posteriori, c'est abandonner l'idée que l'on puisse influer ou orienter le processus (Attitude passive). Cela ne constitue pas un projet politique mais en effet une gestion quotidienne pragmatique du présent. Autre facette du renoncement : S'adapter à un contexte global sur lequel nous n'avons aucune prise signifie être disposé à abandonner l'existant dans le seul but d'évoluer, de bouger etc. (Attitude active). Par notre attitude passive face à l'avenir, nous nous activons à détruire le présent.

La "défense des services publics" et des "acquis sociaux" demeure pourtant la chasse gardée de l'ensemble des partis de gauches. Préserver le "modèle social" renforcer l'"exception culturelle" également. Cette attitude a un nom : le conservatisme. Il est grand temps que la gauche n'ait plus honte de ce qu'elle est et doit être : une force de transformation constructive et non destructive. Le passé ne saurait être sacrifié sur l'autel d'un avenir par définition incertain.

Les mots en politique sont plus importants qu'ailleurs, le jargon moderniste et technocratique doit s'effacer et la gauche s'exprimer dans une langue compréhensible. C'est la seule issue, il doit bien y avoir la place pour un conservatisme social dans le progressisme !!

lundi 8 juin 2009

Quel chantier !




L'Europe d'abord.

Si on se penche sur les résultats de ces élections au niveau européen, il faut d'abord retenir un chiffre : tout juste 2 européens sur 5 se sont déplacés. Ce que cela ne veut pas dire que :
1/ Les Européens ne comprennent pas l'UE
2/ La démocratie européenne se porte mal.

En réalité cela montre l'incapacité à construire une Europe démocratique. Les objectifs du processus d'intégration se révèlent contraires à celui de la démocratisation. C'est ce gouffre que les citoyens européens ressentent d'abord. L'opinion européenne existe d'ailleurs sur ce seul point : l'UE n'est pas le lieu de la démocratie, elle n'a pas vocation à l'être. La cogestion entre la droite et la gauche européennes amène ce constat désabusé : La démocratie ne doit pas relever du consensus mais s'apparenter à la tyrannie de la majorité, et il ne saurait en être autrement.

Un essai de lecture européenne des résultats

Cela explique l'effondrement des sociaux démocrates (incapables de transformer l'UE donc électeurs qui s'enfuient) et la stagnation de la droite traditionnelle. Le vote contestataire de droite est puissant à l'Est (dans les 12 derniers entrants) et dans les pays nettement européophobes de l'Ouest(GB /Flandres- Pays Bas / France dans une moindre mesure). Le vote contestataire de gauche réalise ses plus beaux scores à l'Ouest (Pour faire simple, ceux qui n'ont pas connu le communisme) A l'Est, le vote d'extrême gauche n'est que la fin de la comète communiste. Il n'y a pas de place pour l'heure pour une gauche radicale non communiste dans ces pays. En Europe orientale la contestation du système se traduit par l'extrémisme de droite. Partout ou presque, le vote a sanctionné le pouvoir mais plus nettement là où les socio- démocrates l'occupent.
La poussée écologiste est surtout sensible à l'Ouest. L'ancien Est soviétisé demeure un inconditionnel partisan productiviste : "Avoir des usines c'est la santé, polluer c'est le signe de la croissance et du plein emploi". Les opinions publiques n'y sont pas animées de cette fabuleuse croyance en la "croissance verte" qui semble avoir animée les coeurs de la frange boboïsée des citoyens de l'Ouest européens (sauf dans les pays latins). La cartographie du vote écolo se limite en fait au quart nord ouest de l'Europe soit dans les pays les plus riches. L'écologie devient l'idéologie dominante de ceux qui se peuvent se payer le luxe de ne plus en avoir. C'est en effet dans les pôles urbains les plus riches d'Europe que le vote écologiste est le plus fort : Paris intra muros, Bruxelles, Berlin... Or, il n'est pas certain que l'on puisse faire accepter l'idée à celui qui souffre (ou à celui qui profite le moins) qu'il faille s'occuper de la santé de la planète avant la sienne.

Les 40 % d'européens qui ont voté ont envoyé le message suivant : Une majorité dit : autant continuer ainsi. Une minorité espère tout foutre en l'air. Les 60% d'européens qui n'ont pas voté ont dit : Cela ne présente aucun intérêt, de toute façon rien ne changera.

En Europe donc, rien ne changera dans l'orientation. Mais les forces centripètes : abstention, euro scepticisme, populisme et nationalisme sortent grands vainqueurs. Le"grand tout" va continuer à s'élargir, à se scléroser sur une base toujours plus étroite et sceptique. Le parlement européen est plus éclaté que jamais, il va devenir plus difficile de le gouverner.

Honnêtement je ne vois pas ce qui pourra faire qu'un jour ces élections retiennent plus l'attention des peuples européens. Le taux d'abstention ne cesse d'augmenter alors que le pouvoir de Bruxelles croît parallèlement.

La France maintenant

Une élection sans vainqueurs

Pour la petite histoire l'UMP fait le score du PS en 2004 et inversement. Modem+Verts en 2009= 25% UDF+verts en 2004= 20% Front de gauche = PCF en 2004 FN 2009 -2.5 % Libertas 2009= MPF 2004

Ces élections sont le miroir de celles de 2004. Aux extrêmes pas ou peu de changement. Pour les modérés le grand chambardement.

L'UMP derrière les façades n'est pas si satisfaite. Moins de 28% pour la "majorité" c'est un peu court. Peu de réserves chez Libertas ou le FN. Sa réserve de voix est chez les abstentionnistes mais si ce score est flatteur dans une élection proportionnelle à un tour, il peut inquiéter dans la perspective des régionales. Moins de 5 millions de personnes ont soutenu l'action du président hier. C'est pour cela que le pouvoir va sans doute se contenter d'un remaniement a minima, ne pas prendre de risque tout en affirmant "poursuivre l'ouverture" et mener des "réformes".

Les Verts seraient ainsi les grands gagnants. Dans les semaines à venir il est probable que certains de leurs leaders reçoivent des coups de fil de l'Elysée, "un p'tit maroquin ?" Leur succès est en trompe l'œil. L'unité des verts est fragile, plus exactement elle a été faite pour ces élections. D'autre part, les Verts ont toujours eu leurs meilleurs scores lors des Européennes. Ces élections ne font pas des Verts la deuxième force de gauche en France. Les raisons de leur succès électoral sont diverses : Porteurs d'un message qui s'inscrit naturellement dans le cadre européen, des personnalités nombreuses et variées (du repris de Justice au juge en passant par l'anarchiste repenti )qui ont pu personnaliser cette élection, la diffusion du documentaire "Home" sur France2, l'altercation Bendit-Bayrou...). Mais Europe Ecologie n'a pas de militants, de revenus, d'élus, de députés en nombre suffisant. Et ils sont tout aussi partagés sur la question économique : entre adeptes de la décroissance plus protectionnistes et libre échangistes apôtres de la croissance verte. Enfin et surtout, cette union n'avait pas vocation à durer ailleurs qu'au parlement européen. Les Verts sont "dépassés" par leurs score et vont retomber dans l'anonymat dès l'Automne, au plus tard lors des régionales de 2010.

Le Modem rate le coche faute de n'avoir pas su séduire à droite par un Bayrou trop clairement dans l'opposition et d'avoir été siphonné par les écolos dont l'absence de marqueur idéologique clair a pu séduire une partie des électeurs du Bayrou version 2007. L'avenir politique de Bayrou n'est pas encore obstrué mais le Modem, trop hétéroclite, risque de sombrer.

Le front de gauche connaît un succès mitigé. Il réalise un peu mieux que le PCF en 2004, mais atteint tout juste les 6%. Il est au niveau du FN et devance le NPA. Il voulait faire chuter le PS, ça s'est fait, mais sans lui. Donc plus d'alternative, s'il veut survivre il devra se contenter d'être une force d'appoint pour une gauche en reconstruction, il doit oublier la recherche d'alliance avec le NPA. Problème, ses relations avec des Verts requinqués sont conflictuelles. Il reste dépendant de la recomposition qui s'annonce au PS.

Le PS se prend une veste, une belle veste mais peut être insuffisante : il reste le pivot de la gauche en dépit de la profondeur de la crise qui l'affecte. Ce que l'appareil du parti risque de faire est une nouvelle fois de temporiser. Le rapprochement avec Bayrou de son aile droite n'est plus possible dans l'immédiat au vu du score calamiteux du Modem. Son aile gauche est décapitée, Hamon n'est pas réélu. Cependant le grand manitou Emmanuelli n'envisage pas de quitter le navire. L'aile gauche est affaiblie et paralysée. Royal n'interviendra sans doute pas directement, elle est dans un autre tempo, et surtout Aubry a très peur d'esquisser tout mouvement. Ce qu'il risque d'advenir pour les mois à venir est une mise sous tutelle encore plus forte d'Aubry, un renforcement des royalistes à la direction. Histoire d'aller unis au massacre des régionales l'année prochaine. Après cette nouvelle défaite, nous assisterons à l'éviction d'Aubry et à une nouvelle nuit des longs couteaux.
Prêtons nous à rêver, les socialistes les moins autistes comprennent que le dernier avertissement a sonné. Le pot pourri qui sert de viatique au PS n'est décidément plus digeste pour les électeurs. On remet tout à plat et on discute du fond par le biais de grandes assises du PS, ouvertes. On constate alors que sur nombre de sujets, les opinions divergent (sécurité, immigration, Europe, laïcité, services publics, libre échange, protectionnisme...) On pose une plaque commémorative à Solférino "Ici gît le PS, nous ne le regretterons pas" signé "les socialistes et les libéraux". Recomposition de la gauche entre "démocrates-écolo" et "socialistes". Recherche d'accords en vue de gouverner et organisation de primaires de toute la gauche en vue des présidentielles.

Un programme, une stratégie, un leader. Finalement c'est tout ce qu'il manque. Mais l'occasion est trop belle pour ne pas s'en saisir : Débattons, enfin.


dimanche 24 mai 2009

Un SouSi pour la police ?

Rien ne va plus au royaume de la dictature molle. Le bras armé, entre excès de zèle et désillusion, ne sait plus à quel saint se vouer.

La police française est dans un sale état et nous pouvons d'abord nous en réjouir, le vieux fonds anarcho libertaire rejaillit dans ces conditions au plus profond de nos entrailles et, comme chacun sait, le fruit de nos entrailles est béni. (oui oui)

Des dérives plus nombreuses jusqu'au ridicule

Plus sérieusement, l'actualité policière défraie la chronique quotidiennement. Hier, c'était 70 agents de EDF-GDF placés d'un seul coup en garde à vue, avant hier et encore aujourd'hui, un dénommé Coupat accusé sans preuves de fomenter des déraillements de TGV était incarcéré, pour ses opinions politiques. Il y a une semaine, un enseignant est arrêté en pleine gare St Charles, en journée, pour avoir crié "Sarkozy, je te vois" lors d'une interpellation musclée. Quelques mois plus tôt, l'ensemble d'un collège est passé au peigne fin avec moults chiens,les élèves reniflés, plaqués au mur en pleine salle de classe, pour quelques grammes de cannabis qu'ils n'ont pas trouvé. Aujourd'hui, pour un soupçon de vol de vélo, deux enfants (6 et 10 ans) sont arrêtés par 6 policiers à la sortie de l'école, amenés au comissariat et leurs parents prévenus tardivement. Une procédure "banale" affirme-t-on à la préfecture...bien sûr, mais cela est anecdotique, les deux enfants n'avaient pas commis ce vol. Quelques mois en arrière, le président se rend dans un village de 500 âmes, pour l'occasion on compte pas moins de 1200 policiers. Sommet de l'Otan à Strasbourg, des CRS sont filmés en train de lancer des cailloux sur les manifestants ou à proximité du cortège pour exciter la foule. Manifestation du premier mai à Paris, de faux punks sortent d'un camion de police, bardés d'autocollants "rêve générale" et provoquent une échauffourée. Il ne s'agit que de quelques faits de ces 6 derniers mois, mais j'en oublie beaucoup. Cependant, on pourrait me reprocher de ne faire cas des seuls "dérapages", alors passons aux statistiques.

Zéro tolérance, direction URSS

Courant 2008, plus de 600000 gardes à vue ont été enregistré. Celà signifie qu'environ "un français sur 90 en garde à vue" (Titre d'un article du Monde). Et encore ! On compte les plus de 70 ans et les moins de 10 ans avec ce comptage. Qu'est ce à dire sinon que 5% de la population française "en âge de marcher" a été soupçonnée, embarquée, interrogée, filmée, fichée en une seule année !!
Toutes les études menées ces derniers temps pointent un dégradation sensible du climat entre citoyens et police. Le tout répression passe bien chez les mémères mais celui qui se fait aligner en allant bosser et en rentrant le soir commence franchement à en avoir marre. L'irrespect , l'absence de politesse comme les altercations entre policiers et citoyens, sont en constante augmentation. La police apprend à se faire haïr : la disparition de la police de proximité (tardivement et partiellement rétablie), de prévention, qui patrouille de jour et qui ne débarque pas au milieu de la nuit, sirènes hurlantes, armée jusqu'aux dens et suivie par les caméras de TF1, fut de ce point de vue une erreur politique grossière. Les policiers ne doivent pas passer leur temps à faire des matchs de rugby avec les gosses des quartiers avait dit l'autre, humiliant ainsi, face caméra, un chef de la police toulousaine. Qui s'en mord les doigts aujourd'hui ?

Aveuglement idéologique, Impasse politique

Le climat sécuritaire se renforce encore : entretemps, plus de cagoules, plus de réunion en bande, des peines plus longues des détentions provisoires qui s'allongent, disparition de juges d'instruction, davantage de prisons et de suicides à l'intérieur, des blocages de matons, des tribunaux toujours aussi surchargés, une ministre de la justice enceinte en Dior, en disgrâce,bientôt au parlement européen etc.
Climat sécuritaire et insécurité manifeste cohabitent. Les atteintes aux personnes ont augmenté de plus de 10% ces dernières années. Le taux d'élucidation ne progresse que très peu malgré les quotas que l'on impose aux forces de sécurité. Le bilan est donc catastrophique, loin de limiter l'ampleur de l'insécurité, le tout sécuritaire a eu pour seul effet, de restreindre les libertés de ceux qui n'enfreignent pas la loi. Comme si la peine de mort était dissuasive aux Etats-Unis, comme si le prix élevé du permis empêchait ceux qui ne peuvent se l'offrir de conduire, comme si restreindre le champ des libertés n'agrandissait pas, de fait, celui de l'illégalité. Comme si le fait de se proclamer plus sévère n'incitait pas à la surenchère dans les actes délictueux.
Comme si "brigades scolaires" n'était pas un oximore....
On achève bien les flics à la kalachnikov dans le 9-3 !!

Ca ne marche pas ? Faisons en un argument de campagne !

Puisque tout ce qui a été entrepris sur le front économique et social depuis deux ans a échoué lamentablement, il est grand temps de refaire de l'insécurité un argument de campagne. Qu'importe les chiffres pourvu qu'on ait l'ivresse de quelques baufs, que le taux de testostérone remonte dans les banlieues pavillionaires, que l'adrénaline, la volonté de puissance des faibles et des lâches se réveille telle un volcan d'Auvergne. On va redoubler d'efforts de communication, on va sommer l'opposition de prendre position clairement sur notre projet sur les bandes, un de plus, qui ne sera jamais appliqué (qui se souvient de la loi interdisant les réunions dans les halls d'immeubles, combien de fois a-t-elle été appliquée, quels résultats?, quelle évaluation?). Ca ne mange pas de pain, on va pouvoir gesticuler, mouliner, accuser de laxisme, semer la pagaille, enflammer les esprits, équiper les polices municipales de taser. Quel bonheur !! Français, vous pensiez que le rique était de perdre votre boulot, détrompez vous, le danger est en bas de chez vous !

Quelque part entre les pleins pouvoirs et l'impuissance

Pinot, simple flic, vit un dilemme. Ses conditions de travail se dégradent, une partie de ses jours de congés a été sucré. Il doit, pour gagner plus, remplir ses quotas (on le paie à la com), sa hiérachie l'encourage à en faire plus. Sur le terrain, son action est désapprouvée par un nombre croissant de citoyens, tandis qu'il est confronté à une violence décuplée à son encontre. Il est moins dangereux d'arrêter celui qui grille un stop que le dealer au mileu des barres d'immeubles qui l'attend avec son arme de guerre. Quant au délinquant en col blanc, les enquêtes sont impossibles soit par manque de moyens soit en raison de la pression exercée d'en haut pour classer "sans suite" les dossiers les plus chauds ("la lutte contre la délinquance financière est en régression", autre titre du Monde). Le policier français est notre Stakhanov moderne, érigé en modèle mais esclave. Pimpant mais tremblant dans son uniforme.

Servir l'Etat ou la République ?

La situation devient en réalité explosive si l'on considère que la hiérarchie des missions de police n'est plus respectée: Comment comprendre que l'on intervient si promptement pour dégager la maison corse d'un acteur très moyen mais ami du président ? Comment expliquer qu'un préfet de Bretagne est muté pour avoir osé laisser plus de 2000 manifestants siffler le maître vénéré ? Comment accepter que la police de Seine Saint Denis ait encouragé et récompensé pécuniairement la délation ? Comment interpréter le zèle de ces mêmes hommes pour raccompagner quelques clandestins menottés dans des avions à destination de l'Afrique ? Quel parallèle effectuer quand les forces de l'ordre interpellent des gosses, fils de sans papiers, à la sortie de leurs écoles? Comment lire une haie de CRS garantissant la sécurité de ceux "qui veulent aller en cours" dans les facultés? La situation est intenable. Plutôt que le sens de l'Etat, ne serait-il pas temps que le corps asssermenté reconquièrt l'esprit républicain, le service de l'intérêt général ?

Sommes nous en1788 ?

Mieux que Cassandre et Nostradamus réunis : L'invocation (évocation) de cette date passée met régulièrement la bulle journalistique en émoi. De Villepin à Bayrou, de Fabius à Besancenot, tous y sont allés de leur petit air printanier, nous sommes entrés dans une période "pré-insurrectionnelle". Reprise en chœur par des dizaines d'éditos de nos grands analystes politiques. D'aucuns prétendent y croire, d'autres en doutent, certains balaient l'hypothèse d'un revers de main. Tous souhaitent en tout cas l'éviter.
Pour que le cauchemar ne se transforme pas en rêve prémonitoire, l'encre aura cette fois coulé bien avant le sang. Nos médias français vivent dans la crainte de rater l'événement comme cela avait été le cas en 68. Personne n'avait vu venir quoi que ce soit. Depuis, on prédit, on anticipe. Mais loin de la prophétie autoréalisatrice, ces gesticulations verbeuses n'ont d'autre objectif que d'agiter le chiffon rouge.
Une fois de plus nous voilà contraints de jouer le rôle qu'on nous fait jouer. "Attention, les Français sont un peuple sujet à de violentes réactions épidermiques". "Tous aux abris, la colère si typiquement française resurgit". La Terreur de 1793 refait débat sur les plateaux télé, les films récents sur Action directe, ou la Red army japonaise reçoivent un écho critique certain. L'ultra gauche qui fait dérailler de si nombreux trains en France est sous bonne garde, mais les saboteurs d'EDF ont le vent en poupe. Et ce petit manuel "L'insurrection qui vient" par un auteur anonyme et qui se vend comme des petits pains ? ET ces gauchistes qui noyautent les universités. Et ces syndicats infiltrés par les rouges séquestrant quelques heures leur patron "pris en otage".
De l'anxiogène en veux tu en voilà ! Du télégénique en tout état de cause ! Un moyen si habile de "montrer" la crise.
Ce que veut nous faire croire l'élite dominante est simple : "Nous craignons une révolution". Ces actes sont tout autres ; il semblerait qu'on est à la veille d'un coup d' État. 1% de la population française est passé en garde à vue en 2008 ! Score admirable si l'on se souvient que désormais celle-ci peut durer jusqu'à 48 heures ! Il semble que les capacités d'accueil dans les commissariats soient supérieures à celle des prisons.

Pour éviter une révolution que l'on prétend craindre, ce n'est pas la meilleure des méthodes. Une révolution suppose en tout état de cause le soutien actif du mouvement par une large partie de la population. Or, la police, la justice, TF1 agissent comme s'il suffisait de bâillonner une infime minorité pour que tout rentre dans l'ordre.

Or, l'apathie semble générale. La répétition de scandales a diminué notre capacité à nous insurger. L'entente molle des syndicats a condamné tout mouvement dur et généralisé. L'Obamania qui sévit encore tend à nous rapprocher illusoirement de nos gouvernants. La crainte du chômage justifie la stagnation des salaires et par là celle de notre pouvoir d'achat. On aimerait simplement que tout recommence comme avant, que les riches s'engraissent sur notre dos, mais qu'ils nous laissent tranquilles et libres. Car quand ils toussent, ils en profitent pour nous ponctionner d'avantage et nous emprisonner, de peur qu'on fasse usage de nos droits élémentaires.

1788 est derrière nous, mais l'Ancien régime est toujours en place. Mais cela, que ne donnerait-on pas pour l'ignorer !

Seul le maintien d'une politique "sécuritariste" outrancière et provocatrice peut transformer le désespoir et la désillusion en colère généralisée...


Ploucs et ploutocrates

Maintenant que la thématique européenne a été bien décapée dans notre précédent article, tentons de la "palimpsester", de réécrire un tant soit peu cette Europe.

L'Europe est une fantastique épopée, seule entité politique consistante construite uniquement par le haut et se vantant de l'accord des populations concernées, c'est-à-dire du consentement du bas.

Elle s'est construite économiquement, tout le monde le sait. Ce qui est plus récent est sa prétention à s'occuper de l'éducation, de la culture, de la politique, de la fiscalité etc. Le trait le plus saillant de cette tendance réside dans le fait qu'elle ait cherché à se doter d'une constitution.

Cette entreprise achoppe sur de nombreux écueils, dont le plus puissant est sans conteste la souveraineté nationale: Les Etats ne se séparent qu'avec parcimonie de leurs fonctions. Dans ce contexte, pour réussir, l'UE n'a d'autre choix que de rechercher le compromis. Le langage du consensus, si cher à ceux qui n'ont pas d'autre idée que celle de mettre tout le monde d'accord, constitue la novlangue européenne. Je me souviens d'un Rocard à la tribune, début 2005, lors d'un meeting du (défunt ?) PS : " Je ne vois aucune raison pour que l'on s'oppose à ce texte". Pas d'alternative, pas de plan B, vous ne savez pas combien cela a été difficile de tomber d'accord alors soyez sympa,votez pour nous ! En effet, nous sommes les seuls capables d'être en accord avec ceux pour qui vous ne votez pas !!

Au parlement européen, il existe théoriquement une gauche et une droite modérées (PSE et PPE), en pratique, ce sont ces groupes qui votent le budget dans un "esprit de consensus". Autrement dit blanc bonnet et bonnet blanc. Le plus inquiétant est sans doute qu'ils s'en félicitent. Reléguer les idées politiques derrière les intérêts européens, tel est le mécanisme intellectuel mis en œuvre par nos députés modérés. Les intérêts européens, justement parlons en ! Personne ne peut en citer le moindre, hormis la paix. Le député européen vote les textes qui lui paraissent indolores pour son pays. Ces directives émanant de la commission ou ce budget avalisé par le parlement permettent à chaque pays de sauver les apparences, de conserver leur pré carré. En revanche, ils sont sans pitié pour les plus faibles : la France ne peut sauver son agriculture et sa pêche, la seconde est condamnée. Les marins pêcheurs réclameront annuellement des aides, non à Bruxelles puisque la France a signé les quotas, mais à l'Etat national, qui s'empressera de délivrer le carburant à bas prix, pour maintenir sous perfusion quelques années un secteur d'activité en perdition, jusqu'à la disparition complète de la profession en France par non remplacement des retraités.

L'esprit de consensus dissimule de plus en plus mal l'idéologie qui le sous tend, ce libre échange accompagné de la dérèglementation, de la mondialisation et de ces multinationales hors sol, capables de déménager en quelques jours leurs activités. L'Europe est un paradis pour les investisseurs étrangers, haut niveau de qualification, espace intégré, main d'œuvre toujours plus flexible, aides massives à l'investissement, subventions généreuses, dispenses fiscales, infrastructures denses, marché. Nous sommes si compétitifs que nous en sommes venus à nous livrer une concurrence acharnée. L'UE dresse en réalité les peuples européens les uns contre les autres. La loi de la jungle en matière économique y est la règle. Chacun veut sa part, mais la méthode du partage n'a pas été définie.

Les élus de la gauche européenne participent activement et consciemment à ce phénomène. Or nous le voyons ce "projet économique" touche en réalité au social, au politique au culturel. Au lieu de fixer des règles politiques communes pour fixer un cadre commun à l'activité économique de la zone, l'UE a choisi de "libéraliser" l'économie et de mettre les cadres politiques au service de cette dernière. L'Europe aurait dû être politique avant d'être économique. Or, fixer un cadre politique dans les conditions actuelles consisterait avant tout à assouplir encore un peu plus les cadres et les règles qui bornent le champ économique.

Donner à l'UE un rôle politique effectif est un projet qui rassemble au delà des naïfs humanistes qui déclarent "nous sommes tous frères, supprimons les frontières", il emporte l'adhésion enthousiaste de tous ceux qui veulent moins d'État, qui pensent que la "bonne gouvernance"est au delà des "clivages stériles" de droite et de gauche qui "datent du 19° siècle".


L'Europe crève de ne pas être politisée. Ou plus exactement elle meurt par sa volonté de refuser le débat. Ce discours insupportable consistant à se réjouir des "avancées" européennes, de ces "nombreux traités et accords signés", de cette intégration approfondie" de la part des trois grands partis (UMP, PS, MODEM) doit cesser une fois pour toutes. Leur connivence aussi. Fausse concurrence entre les gentils Beatles et les méchants Rolling Stones pour distraire le gogo.

De la prospective sur un bateau ivre



La crise est finie, "des perspectives encourageantes", des signes positifs", le "bout du tunnel", une "reprise en vue". Telle est la litanie à la mode en ce printemps 2009 dès qu'il s'agit d'aborder la question de l'état de santé de l'économie mondiale.

Quel crédit accorder à ce discours ? De quoi s'agit-il, sur quoi s'appuie-t-il ? D'abord, ces propos n'ont de sens que pour les seuls Etats-Unis où l'on enregistre, ces derniers temps, un ralentissement de la dégradation. Oui, un ralentissement de dégradation, mais de reprise il n'est nullement question pour l'instant. Ce qui permet d'affirmer que la situation est"moins pire" qu'il y a quelques semaines, repose sur le bilan trimestriel des banques américaines. Ces bilans affichent pour la plupart des gains. Qu'en est il vraiment ? On sait (les pouvoirs publics, les banques, le citoyen bien informé...) que ces bilans sont largement falsifiés. Les actifs toxiques (les prêts que les clients ne peuvent plus rembourser) des banques sont en réalité dissimulés via des techniques de comptabilité ou grâce à des placements réalisés dans des centres off shore où règne la plus grande opacité. La santé réelle des banques américaines est en réalité bien plus grave. C'est pourquoi l'administration américaine, pour y voir plus clair, a décidé de soumettre les 19 principales banques du pays à des "stress test" pour connaître (ou approcher) le niveau réel de leur solvabilité. Les résultats définitifs doivent être publiés ce jeudi. Pour l'heure on sait que plus d'une dizaine d'établissements aurait besoin d'être renflouée (à elle seule Bank of América aurait besoin de 34 milliards de dollars après avoir déjà reçu plus de 40 milliards de subsides de la part des contribuables américains... Vous imaginez, cher lecteur, la bataille politique entre l'administration Obama et les grands banquiers autour de la publication de ces chiffres. Ces "stress tests" ont par ailleurs été réalisés dans des conditions de marché plus favorables que la situation actuelle des Etats-Unis. Ainsi, on peut affirmer que la majorité des établissements bancaires américains est théoriquement insolvable. Pour être le plus précis possible, disons que leur capacité à s'autofinancer dépendra de la capacité de leurs clients à rembourser leurs dettes. Or ces derniers sont de plus en plus nombreux à être au chômage, ou à voir leurs salaires amputés. Nul doute, que le volume d'actifs toxiques détenu par les banques ne se résorbera pas de sitôt. L'Etat américain va devoir remettre une nouvelle fois la main au porte monnaie...*Les banques américaines sont sur une lame de rasoir, plus qu'incertaines de pouvoir faire face à de nouveaux défauts de paiement qui semblent inévitables. Dans ces conditions, elles prêtent peu, ce qui freine d'autant l'investissement, donc la reprise. Les banques américaines s'attendent donc à un été difficile. L'Etat fédéral n'aura, je disais, que peu d'alternatives : soit continuer à renflouer (recapitalisation) les banques, soit espérer un repreneur (peu nombreux quand il s'agit de grands malades donc hypothèse peu vraisemblable), soit nationaliser en partie (notamment à travers la mise en service d'une "Bad Bank" qui récupèrerait les actifs toxiques).
Hypothèse 1 renflouement : Il s'agirait de la poursuite de ce qui a été entrepris jusqu'ici, donc quelque part un constat d'échec de la politique suivie, et peu de garantie pour l'avenir... Hypothèse 2 nationalisation : C'est la redégringolade assurée pour la bourse, et un endettement américain absolument faramineux, risquant de mettre en péril la confiance dans le dollar. Dans les deux cas, le pari est risqué...Reste la mise en faillite de ces banques, décidément plus bonnes à rien et non pas "too big to fail". Nouvelle panique boursière, ruine d'épargnants mais purge réelle du système financier.
Voilà pour la réalité de la situation financière américaine.

Mais alors me direz vous, comment se fait-il que Wall Street et dans son sillage toutes les autres bourses mondiales remontent la pente depuis plusieurs semaines ?
Deux aspects complémentaires pour répondre.
1 Des centaines de milliards de dollars ont été réinjectées dans le système financier global. Il s'agit d'en tirer profit, d'autant que le niveau très bas auquel est retombé le marché boursier autorise des opérations rentables à peu de frais. Il s'agit un peu de l'équivalent en grand (c'est à dire dans la durée et dans le volume global) de ce qu'on appelle communément un "rebond technique". Ce rebond technique est important mais il est d'une taille proportionnelle à l'ampleur de la crise.
2 Tout autre argument, durant la crise de 29 et de la décennie suivante, les bourses mondiales ont aussi connu des périodes de hausse allant jusqu'à 20%. Les mouvements boursiers ne sont jamais linéaires, à la hausse comme à la baisse. La tendance demeure d'ailleurs baissière pour les mois à venir.
On entend souvent que "la bourse anticipe" la situation économique dans les 6 mois à venir. C'est partiellement vrai. Remarquons déjà qu'elle a du mal à anticiper les crises. D'autre part, dicte-t-elle ou anticipe-t-elle la situation économique ?
Toujours est-il que le rebond actuel est théoriquement dû aussi à des statistiques moins mauvaises que prévu ces dernières semaines (consommation, emploi, marché immobilier)**
Prenons l'exemple de l'immobilier : Aux Etats-Unis toujours l'affirmation selon laquelle "les ventes reprennent" s'impose comme un leitmotiv, cependant les prix s'écroulent (en raison d'une augmentation considérable des saisies). Conclusion : Il y a de bonnes affaires sur le marché immobilier ! En même temps le patrimoine des ménages américains se réduit à la vitesse des prix. Ceux qui remboursent leur crédit immobilier, paient à des taux épouvantables pour conserver un bien largement surévalué. Ce sentiment cumulé à un fort endettement n'incite pas, lui non plus, à la consommation !
Le discours largement entendu a donc pour ressort une lecture volontairement partielle de la réalité afin de tenter de rétablir la "confiance". C'est aussi l'occasion pour les investisseurs de se renflouer un peu.

D'ailleurs plus personne ne croit au scénario en V (chute brutale de l'activité suivie d'une reprise vigoureuse) on évoque plutôt désormais une courbe en U (plus longue chute et reprise plus lente) ou en L (chute brutale suivie d'une longue stagnation). Bref, la crise s'installe dans le paysage pour longtemps. 2010 est évoquée au mieux comme une année de très faible croissance (conforme aux scénarii en U ou en L)

Bon et l'Europe maintenant ? Les States c'est bien sympathique mais ici, chez nous...on en est où et KESKIVANOUSARRIVER ? D'après ce que j'ai pu lire, mon pronostic est le suivant : Les banques européennes ont bien moins purgé leurs actifs toxiques que celles des Etats-Unis. On estime à 800 milliards d'euros (1000 milliards de dollars)le volume de ces actifs détenus par les seules banques allemandes. Alors bien sûr, bien que pourris, ces actifs ne vont pas perdre l'intégralité de leur valeur, mais une dépréciation de ne serait-ce que 10% signifierait 100 milliards d'euros à couvrir (soit 4 fois le plan de relance français) pour recapitaliser les banques allemandes. Les actifs à risque détenus par les banques allemandes proviennent pour l'essentiel de l'est européen. Depuis la sortie du communisme, les pays orientaux de l'Europe ont connu une vertigineuse croissance de l'accession à la propriété...cependant, là aussi, la hausse des revenus n'a pas suivi. Les ménages est européens se retrouvent pour beaucoup dans la même situation que leurs cousins d'outre Atlantique. L'Allemagne s'attend à une chute de 6% de son PIB, rappelons qu'il s'agit aussi de notre premier partenaire commercial. Nos autres voisins ne sont guère mieux lotis : la Grande Bretagne renoue avec ses pires années, et songe même (c'est dire !) à intégrer la zone euro. L'Espagne flirtera à la fin de l'année avec les 20 % de chômeurs. Oui, une personne active sur cinq au chômage de l'autre côté des Pyrénées à la fin de l'année. Je passerai sur la situation encore plus catastrophique de certains petits pays (Islande, Irlande, Hongrie, Pays baltes, Autriche, Grèce). Le paradis suisse vacille aussi.
La France, on l'entend beaucoup ces temps ci, "s'en sort mieux que ses voisins". C'est partiellement vrai, pour l'instant. (Pour des raisons qui ne doivent rien avec les mesures politiques de notre bon maître, bien au contraire...mais ce n'est pas mon propos ici) La puissance de la secousse est moindre pour l'instant en France (comme dans les années 30, la France, pour des raisons économiques structurelles (financiarisation moindre de l'économie, pays peu exportateur au regard des autres grandes économies du continent) est frappée avec retard par la crise. C'est en 1933 seulement que la crise atteignit véritablement la France). Mais cela signifie avant tout que la crise va être plus longue en France, et que donc, il y a fort à parier sur un retard lors de la reprise mondiale...si tant est qu'il y en ait une dans un horizon de moins d'un lustre ! L'emploi va continuer de se dégrader. Les révisions de prévision de croissance laissent entendre que son recul sera supérieur à 3% en 2009. 2010 sera au mieux marquée par une stagnation du PIB (+0.2%). Il y a deux mois on nous parlait d'une chute de 1.5%...et d'une reprise dès la rentrée 2009.
Le cap des 3 millions de chômeurs est en réalité déjà largement dépassé(si l'on inclut les DOM et l'ensemble des catégories), les estimations les plus raisonnables font état d'au moins 800000 chômeurs supplémentaires pour 2009. Quant à 2010, aucune prévision mais avec aussi peu de croissance et une incitation aux heures supplémentaires, la réduction des postes de fonctionnaires, on voit mal l'embellie !

Enfin, le reste du monde, très rapidement, non pas par mépris mais parce que si vous êtes déjà arrivés jusqu'ici, vous frôlez l'indigestion :
Le Japon est à l'agonie. Le gouvernement nippon vient de lancer son 6° plan de relance, la production industrielle est en chute libre, le volume des exportations est historiquement bas.
La Chine enfin. Les données sont plus sujettes à caution et de toute façon plus parcellaires. On dit que la crise y est mois grave que prévue. Le discours sur l'état économique de l'empire du milieu est sensiblement le même que celui qu'on veut nous faire gober concernant les Etats-Unis. Les quelques données que j'ai pu croiser font état d'une chute de la production industrielle de l'ordre de 10%, d'une croissance estimée à 6.5% (à comparer aux 9-10% de ces dernières années) et d'une explosion du chômage. Mais tout cela est à prendre avec des pincettes. En fait, le défi de la Chine est de parvenir à développer son marché intérieur pour moins dépendre de ses exportations. Ce que l'on sait de façon sûre c'est que l'Etat chinois, via ses fonds souverains, place moins dans les bons du trésor américain, et a préféré acheter 400 tonnes d'or le mois dernier ! Prudence donc...

Vous l'aurez compris, je suis assez pessimiste (j'espère) mais réaliste (je le crains). La chose la plus insupportable serait en réalité que les rustines empêchent le ballon de se dégonfler totalement. Il est inadmissible que les pouvoirs publics acceptent unanimement de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour relancer ce qui a failli. Il est inadmissible que tous ces beaux esprits libéraux de la veille engagent les deniers de l'Etat pour redonner vie à un système qui cause notre ruine à tous. Si l'on doit sauver les banques (admettons) que l'on se donne au moins les moyens de les contrôler !! En somme, si l'on doit payer une fois de plus pour les riches, que ce soit la der des der!!

*C'est d'ailleurs pour cela que les Etats ont commis une erreur (idéologique) en privilégiant la relance par l'investissement et non par la consommation (la consommation est en berne partout en raison d'une part de la stagnation des salaires et d'autre part d'un surendettement des ménages). La "bulle des pauvres", et ils sont nombreux, se dégonfle : Dans les pays développés, on a en effet poussé les pauvres à s'endetter (prêts immobiliers, à la consommation) comme une soupape de sécurité, comme une promesse d'ascension sociale par l'endettement. Dans ce système, le travailleur pauvre demeure un travailleur pauvre (stagnation salariale) mais vit comme un riche (propriétaire). Ce qui vous le comprenez est intenable.
**On ne peut que sourire, du coup,à ce qui est dit au dessus : Comment se fait il que la Bourse anticipe tout en dépendant de la situation présente ?