Le PS organise en avant première sa défaite. Les propositions socialistes sur la retraite n’ont aucun intérêt. Sous le voile de “la garantie de la retraite à 60 ans” en cas de victoire en 2012, le projet entérine de fait toutes les réformes précédentes opérées par la droite, en particulier la réforme Fillon de 2003. Sous couvert de “coup de barre à gauche”, le Parti socialiste poursuit de fait sa dérive libérale. La sortie du directeur du FMI, qi se veut décomplexée avec des arguments du type, (je cite de mémoire) “Si on vit 100 ans, pourquoi s’arrêter à 60 ?” permet à ce brave homme de se démarquer mais aussi de se démasquer. Lui est un vrai “libéral social” qui s’assume. C’est vrai, il a raison, pourquoi ne pas passer tout de suite à 75 ans comme âge légal ? Pourquoi, finalement, ne pas vivre comme nos arrière grands parents et tous mourir joyeusement au milieu de nos collègues ? Continuons à dérembourser, augmentons l’âge légal de la retraite, accroissons le stress et la flexibilité, soyons moins rigides sur les conditions de travail, et la durée de vie baissera. Ainsi, nous aurons vaincu la dette les amis ! Et après ? Et bien, nous pourrons à nouveau renflouer les banques, et nous reconstituer une nouvelle dette !
Donc en résumé : une secrétaire du PS qui après avoir annoncé le recul de l’âge égal, fait du maintien de cet âge la vitrine d’un programme en cédant sur tout le reste (durée des cotisations par exemple, puisque la loi Fillon prévoit de la porter à 42 ans en 2020) et un président du FMI, qui non content de mettre en œuvre un immense plan de rigueur européen sur le dos des populations, vient expliquer à ses compatriotes qu’ils n’ont d’autre choix que de travailler plus…pour rien (c’est à dire au mieux maintenir le niveau actuel des pensions, absence de la prise en compte de la pénibilité …). Ou que l’on se tourne au PS, on ne trouve personne pour défendre la retraite à 60 ans à taux plein avec 40 annuités ! Quant aux 37,5, horreur, comment a-t-on pu défendre une telle hérésie ?
Avec un tel programme social, pas de doute, le PS rassemblera encore l’électorat “réaliste urbain, bobo des quartiers branchouilles”. Ceux qui se mettent quelques années volontairement au chômage car ils sont sûrs de retrouver du boulot, et qui en profitent pour faire le tour du monde à vélo. En revanche l’employé ou l’ouvrier qui a bossé 30 ans dans la même boîte et qui voit se profiler la porte, qu’a-t-il à gagner à cette société du “care” tant vantée par Mme Aubry, cette société où il est permis et en réalité fortement conseillé de jongler avec les jobs, de changer de région au gré des offres, de refaire sa vie chaque matin ?
Pensée hors sol, déconnexion totale avec les catégories sociales qu’il prétend représenter, querelle des égos, soumission aux “injonctions” des marchés et de Bruxelles, le PS, depuis 2005 et le référendum sur le TCE, n’en finit plus sa crise. Demain, il gouvernera avec la droite si seulement le mode de scrutin le permettait.
On pourrait à la rigueur comprendre que les modérés de gauche soient à court d’idées. Cela peut se comprendre : partout la social-démocratie est en déroute électorale. Son fond de commerce s’est réduit à peau de chagrin: les retraites, la fiscalité, la sécurité sociale, les minimas sociaux, la répartition, l’Etat Providence tout cela a volé en éclats sous les coups de butoirs conjugués de la globalisation économique (qui est un fait historique) et du néo libéralisme (qui en est l’avatar idéologique ). Chacun aurait pu comprendre qu’il leur faille un peu de temps et de concertation pour se reconstituer un corpus politique cohérent Mais non ! rien de tel : L’option choisie fut celle du ralliement unanime de la social démocratie à ce qu’elle appelle “un monde qui change”. Cette attitude avait déjà de quoi décevoir. Depuis quand en effet, s’agit-il de regarder le monde changer pour s’y adapter ? Ce passage au mode passif est porteur du renoncement : le monde change, adaptons nous. Cette doctrine du changement contraint, et, qui plus est, dans un sens prédéfini n’est pas à proprement parler conquérante.
Or, depuis la grande crise et ses développements européens, à quoi assistons nous. La social démocratie nous offre son silence, son expectative. La gêne face aux dégâts considérables que l’on préfère nier, ou plutôt que l’on préfère rejeter sur les gouvernements nationaux. Pas de remise en question, aucun aggiornamento sur les errements passés, ou si peu. Prenez Jacques Julliard, l’un des seuls à s’être réveillé, voyez-le prêcher dans le désert au Nouvel Obs. Cette social-démocratie est donc sourde, aveugle et muette. Que peut-on encore décemment attendre d’elle ? De quel projet est elle porteuse ? Au mieux, elle avancera une gestion “plus humaine”, de la crise. L’empathie qu’elle nous offre en guise de programme nous fait pitié.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire