vendredi 28 mai 2010

Nous y étions, inutile de nous remercier.

Il fallait s’y attendre la mobilisation test contre la réforme des retraites n’a péniblement réuni qu’un million de personnes dans les rues d’après les décomptes syndicaux. Comment  expliquer cet échec ?

- Un front syndical divisé. FO appelle séparément à la grève en juin. CGT et CFDT s’affichent côte à côte mais chacun joue une partition différente.

- Les bataillons de fonctionnaires sont pour le moins émoussés, en raison d’une politique d’essorage que rien ne semble pouvoir arrêter et mise en œuvre depuis 2007. Et les retraites rappellent de mauvais souvenirs, des histoires de trahisons syndicale, des semaines de salaire perdues etc.

- La méthode usée jusqu’à la corde. Ce mode d’action est totalement contre productif. Se mobiliser un jour, faire un p’tit tour et puis s’en vont. Imaginez un instant seulement que ce million de personnes se soit concentré dans les seules rues de la capitale ! Le résultat aurait été tout autre.

- Le principal parti d’opposition ne croit pas en son combat. Il existe un malaise évident au sein du PS entre ceux qui, “par réalisme” estiment que de toute façon, il faudra bien travailler plus et ceux plus attachés à l’image (de gauche) et à l’héritage (mitterrandien en l’occurrence) qui en font tout un “dogme”. Postures dans les deux cas. Idéologie libérale pour les premiers et conformisme nostalgique pour les seconds.

- Une mobilisation qui arrive soit trop tôt (avant l’annonce de ladite réforme)  soit trop tard ( trop proche de l’été).

- La faiblesse du contre argumentaire syndical mais surtout la faiblesse de son espace médiatique

- Le matraquage médiatique reposant sur l’argument biologique “Comme on vit plus vieux, on travaillera plus tard”, trop peu d’actifs pour financer ces retraités du baby boom. Tout apparaît comme inéluctable, le déclin est inexorable, il faudra faire des sacrifices. Le même tourbillon médiatique que celui qui avait précédé le référendum de 2005. De ce point de vue, pourvu que ça dure !

- Un gouvernement qui laisse filtrer quelques infos dont l’effet est de désolidariser les salariés voire de les monter les uns contre les autres : pas touche au mode de calcul de pension des fonctionnaires, pas touche aux régimes spéciaux.

-Enfin le caractère trop étriqué des ambitions. Nous assistons en Europe à une accumulation sans précédent de plans de rigueur. A-t-on entendu ne serait-ce qu’un syndicat envisager l’idée  d’une mobilisation européenne ?  Non

Au final, nos aurons bien une réforme qui passera sans grande difficulté. Mais elle ne comblera pas les déficits de la caisse retraite. Mal ficelée, elle aura pour effet de créer une zone grise, un état de semi employabilité pour les séniors,et in fine une précarisation de leur situation; Enfin, il faudra, dans 5 ans, faire une nouvelle réforme pour préserver une coquille alors vidée de sens.

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